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Nous vivons plus vieux. Le nombre de personnes âgées, souvent seules, s’accroît. La demande de logements adaptés (pas trop grands, accessibles, équipés pour pallier la perte d’autonomie) ou médicalisés, situés en centre-ville, augmente. L’actualité et, surtout, les derniers chiffres en matière de démographie mettent en lumière la nécessité de trouver des solutions pour loger les séniors principalement à domicile. En France, les baby-boomers nés en 1945 auront 85 ans en 2030. La tranche des 75-84 ans va enregistrer entre 2020 et 2030 une croissance inédite, de 49 %, passant de 4,1 millions à 6,1 millions de personnes[1].
En outre, nos logements contribuent au réchauffement de la planète. En France, ils représentent près de la moitié de notre consommation d’énergie et émettent environ 25 % des gaz à effet de serre responsables du changement climatique. Diminuer ces impacts nécessite de limiter les besoins en chauffage, climatisation et électricité des logements, en mettant en œuvre une architecture bioclimatique, des constructions autonomes en énergie et bien isolées, dotées d’équipements sobres et ultra-performants, et en recourant de façon systématique aux énergies renouvelables et à des procédés constructifs innovants. Alors que plus de 90 % des immeubles de 2050 sont déjà bâtis, leur rénovation a une forte influence sur le climat.
Ajoutons à ce constat[2] qu’un logement sur six peut être qualifié de « passoire thermique », ce qui correspond aux étiquettes F et G des Diagnostics de performance énergétique (DPE), soit 4,8 millions de résidences principales sur un parc de 29,7 millions. Si l’on se réfère à la loi « Climat et Résilience » promulguée le 22 août 2021, qui a durci les exigences en la matière, ces chiffres sont encore plus élevés. De surcroît, la nécessaire rénovation énergétique ne concerne pas uniquement les passoires thermiques puisque, en 2018, alors que ne s’appliquaient pas encore les nouvelles règles de détermination des classes de diagnostic, seuls 2 millions de logements relevaient des classes A et B[3]. L’immense majorité des propriétés, soit environ 23 millions de logements[4], sont donc concernées. Selon les chiffres généralement admis, rénover un appartement pour qu’il atteigne une performance énergétique réglementaire suppose un investissement minimum de 15 000 à 20 000 euros, cette somme étant au moins doublée pour une maison. Ainsi, la rénovation de l’ensemble des logements concernés, pour un coût unitaire moyen de 30 000 euros, implique une dépense globale de 690 milliards d’euros, somme considérable au regard des chiffres du bâtiment en France ou, simplement, des 2 milliards d’aide annuels annoncés dans le cadre du dispositif « MaPrimeRenov ». Ces éléments interrogent quant à la capacité des propriétaires individuels et des copropriétaires d’entreprendre des travaux de performance énergétique.
Enfin, il convient de citer le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en date du 28 février 2022, qui alerte sur l’augmentation de l’exposition aux risques des villes, où vit la moitié de la population mondiale. Parmi les principales menaces, les experts mettent l’accent sur le « stress de chaleur » – quand la température extérieure dépasse ce que le corps humain peut supporter. Les conditions climatiques extrêmes ont des impacts « irréversibles ». Ce rapport précise donc que l’adaptation au changement climatique dans les zones urbaines est essentielle pour la santé et le bien-être de la majorité de la population mondiale. Il préconise de fixer des normes d’efficacité pour les bâtiments et de repenser l’urbanisme, en aménageant par exemple des zones piétonnes afin d’augmenter l’efficience des mesures d’adaptation. Il considère également que des solutions comme la plantation d’arbres, la réalisation de toits végétalisés et de parcs, permettant d’absorber l’excès d’eau en cas de fortes pluies, sont bénéfiques pour la santé si elles sont mises en place à grande échelle.