Surfaces et dimensions
La surface d’un logement est celle que l’on a devant soi.
La liberté d’usage d’un logement est liée à sa dimension, aux perpétuelles possibilités qu’offre son organisation pour ne jamais interrompre le mouvement ni la perspective sur une autre situation.
Pour répondre à la liberté d’usage, les logements doivent être significativement plus grands que les surfaces habitables actuellement programmées, issues de standards de plus en plus contraints et restreints.
Les grands espaces procurent un sentiment vital d’échappement, de liberté. Agrandir ne signifie pas gaspiller mais plutôt inventer de la place.
La question n’est pas de programmer de nouvelles typologies de logements en fixant arbitrairement la dimension de chaque pièce. Il s’agit de se donner des objectifs de conception qui permettent de dépasser la fonctionnalité programmatique pour atteindre le bénéfice réel d’usage des lieux à vivre.
Il n’est donc pas inconsidéré, en regard d’un confort de vie attendu par chacun, de porter la surface d’un trois pièces à 100 m2 ou plus.
Fluidité, mobilité
Au-delà de l’accroissement des dimensions fonctionnelles de chaque pièce, il s’agit aussi d’organiser la mobilité dans leurs agencements.
Un espace qui autorise de la liberté d’usage pour ses occupants, c’est la possibilité :
• d’offrir à toutes les pièces au minimum deux perspectives de déplacement ;
• d’avoir au moins d’une perspective de déplacement ouverte sur un espace extérieur ;
• de disposer d’espaces extérieurs pour de réelles plantations et l’installation confortable de mobilier ;
• de passer d’une pièce fonctionnelle à une autre par un espace utile intermédiaire ;
• de passer, à tous les étages d’un immeuble, du dedans au dehors, à la manière d’une maison de plain-pied. Soit un développement de façade ouvrable maximal : pour un trois pièces, par exemple, plus de 20 mètres linéaire.
Conception, structures et enveloppes
Pour répondre à cette exigence de confort, de flexibilité et de facilité, les systèmes constructifs à mettre en œuvre nécessitent efficacité structurelle et maîtrise des économies.
Les systèmes à ossature (poteaux, poutres, planchers) sont privilégiés.
Ils permettent :
• l’évolution de l’occupation des planchers et de la répartition des surfaces :
• logements, bureaux, activités ;
• la réalisation de portées beaucoup plus grandes que dans le cas des systèmes traditionnels ;
• la limitation des points porteurs garantit la flexibilité et la capacité d’évolution, et permet un cloisonnement libre et peu contraint ;
• la construction de bâtiments offrant une capacité de surface importante pour un coût minimal.
Il s’agit, par une mise en œuvre efficace et simple, par des prestations adaptées, de construire beaucoup plus grand à coût égal de construction.
Climat, énergie et usage
L’enveloppe doit largement favoriser les échanges avec les espaces privatifs : jardin d’hiver, balcon, terrasse.
Elle participe à la création d’un climat intérieur, par des espaces intermédiaires qui gèrent les relations entre l’extérieur et l’intérieur, produisent de manière passive des économies d’énergie et offrent des surfaces d’usage complémentaires à l’habitation.
L’isolation renforcée par l’extérieur, l’étanchéité des façades, la ventilation double flux, les surfaces limitées de baies vitrées sont des leurres à la conception des logements, des dispositions imprécises vantées par des marchands de sable.
Services, facilité, environnement
Au-delà des espaces intimes, ce sont des communs (escaliers, ascenseurs, halls) qui desservent un nombre limité d’habitations. Ce sont des stationnements, un parking structurellement inclus dans l’emprise de la construction et dont l’utilisation peut évoluer, un ensemble de fonctionnalités complémentaires nécessaires à la vie de chaque habitant.
Le logement doit être considéré de façon globale, en incluant dans un regroupe-ment immobilier des équipements de services, des activités, des espaces de travail, des commerces. La proximité de ces équipements est essentielle. Ce doit être une facilité de vie, susceptible d’apporter les réponses aux besoins quotidiens et de consolider l’organisation sociale par l’entretien de relations simples de voisinage et d’échange urbain.
Flexibilité programmatique
La structure et la conception des logements doivent permettre d’affecter les surfaces de façon très évolutive, afin d’élargir l’adaptation des types d’accueil et de programme. La notion de flexibilité est une alternative aux programmations intuitives qui ont produit, jusqu’à ce jour, une inadaptation de l’offre aux besoins de logements et la sectorisation des fonctionnalités urbaines en dépit des intentions souhaitées de mixité fonctionnelle et sociale. L’urbanisme de zone a largement contribué à cette perte d’efficacité urbaine.
Deux esprits de flexibilité
Pour les logements collectifs existants :
tout nouveau logement, issu de l’extension des logements existants, permettra, par la flexibilité de sa conception et l’organisation de sa structure, une adaptation et une évolutivité de sa capacité d’accueil.
Cette capacité principalement destinée à l’habitation permettra également, dans le cadre d’un immeuble collectif et en particulier au rez-de-chaussée et dans les premiers étages, de satisfaire les besoins de commerces de proximité, d’activités de soutien scolaire, de loisirs ou professionnelles. L’habitat proprement dit pourrait ainsi commencer à partir du R+2 ou R+3.
Pour les nouveaux sites de logements :
il faut créer des « structures capables ». Toute nouvelle surface devra répondre, sans distinction, à la programmation de logements, de bureaux, de commerces ou de lieux d’activité publique.
Cette disposition peut être envisagée comme une réserve foncière construite, affectable en fonction de besoins réels et précis.
Variables d’ajustement
Se pencher sur la nature structurelle des bâtiments de logements, c’est imaginer mille modes d’investissement des organisations construites, mille types d’avancements et de finitions, mille offres fonctionnelles et économiques possibles. C’est imaginer la liberté de s’adapter facilement à des besoins variables ou non précisés. C’est se doter d’un patrimoine foncier construit et disponible. Toute construction définie a minima par une structure ouverte, par des planchers hautement performants, par une enveloppe de façade efficace offrant le maximum de lumière naturelle, par une distribution de réseau précise et performante, et par une économie serrée, est capable de répondre, immédiatement ou dans un temps plus long, à une diversité de fonctionnalités.
Un logement, un bureau peuvent être livrés finis ou à terminer. Un logement peut être transformé en bureau ou en cabinet médical. De la même façon, 100 m2 de bureaux peuvent devenir une habitation.
Cette intention de souplesse programmatique impose d’adapter les règles de permis de construire et les règles fiscales.