Pendant la crise sanitaire alors que la ville se figeait, la campagne se repeuplait. L’arrivée accélérée et persistante de néoruraux est pour Violette Soleilhac, jeune architecte, l’occasion de restaurer des centres bourgs désertés. Ces réparations, portées par de nouveaux modes de faire, conjuguent la valeur des savoirs faire et la valeur du partage. D’une part car il faut faire avec et de l’autre parce qu’il faut faire ensemble pour revitaliser les campagnes.
Alors que la situation incite à revoir nos habitudes, elle pousse à se tourner d’avantage vers les espaces ruraux, en leur donnant une véritable place dans les projets immobiliers de demain. À défaut d’avoir l’offre commerciale et culturelle des grandes agglomérations, les bourgs ruraux affichent des prix concurrentiels en terme de logement. Mais le risque d’une croissance de la démographie en milieu rural serait de perpétuer un système encré depuis bon nombre d’années ; celui de l’étalement urbain. Les centres bourgs ruraux atteignent de forts taux de vacance, la petite commune d’Alleyrac en Haute-Loire en est un triste exemple, puisqu’elle affichait en 2019 plus de 21,7% de vacance [1]. C’est justement sur ce bâti vacant que réside tout le renouveau des centralités rurales. Même s’il y a encore la nécessité de construire des logements, l’enjeu principal reste celui de la transformation et de la répartition de l’existant. En effet, si l’espace rural doit avoir une offre de logements diversifiée pour se préparer aux demandes croissantes de demain, cela nécessite dans un premier temps de se positionner sur les orientations urbaines à adopter ? Quel type d’habitat souhaiterons-nous à l’avenir ? Restons-nous sur un schéma jusque-là fortement utilisé, celui du lotissement en extension des centres bourgs ? Ou bien appuyons-nous sur les centralités aujourd’hui quasiment vidées de leurs habitants ? Dans les deux cas, cela aura un impact réel sur les communes, à court comme à long terme. Mais, si certaines communes commencent à privilégier la régénération des centres bourgs sur eux-mêmes, cela n’est pas sans effort, voire même sans sacrifice. Choisir de projeter les bourgs ruraux depuis leurs centres, c’est faire le choix d’un projet à long terme. La pertinence de ces interventions se mesure sur la durée par leur addition, elles dépassent les mandats. Il ne s’agit pas d’immédiateté, mais bien de pérennité. Or, les communes qui s’y sont attelés prématurément le savent : la multiplication des petits projets finit par faire émerger ce que l’architecte Simon Teyssou appelle un «projet augmenté». [2].