Wool Wall

Etude et prototype pour explorer le potentiel de l’isolation biosourcée comme élément d’architecture, par Marlon Bagnou Beido et Soufyane El Koraichi

Septembre 2023
Porteurs du projet « Wool Wall », les designers Marlon Bagnou-Beido et Soufyane El Koraichi travaillent la laine pour repenser l’isolation, composante impérative d’une réduction globale de la consommation de chauffage, comme un élément typologique architectural à part entière. Ils proposent d’observer le cycle de transformation du matériau et d’intervenir à trois moments, donnant ainsi lieu à trois prototypes. Le premier est un système d’isolation par l’extérieur qui tire parti du stockage de laine brute au moment de la tonte. Le second est un procédé de fabrication de panneau d’isolation intérieur semi-rigide, facilement réversible tirant parti de la souplesse de la laine cardée (laine de mouton). Le dernier prototype correspond à une surface chauffante radiante à base de tissu non tissé destinée aux lieux partagés, qui propose un chauffage économique en énergie en chauffant les corps plutôt que les espaces.

© Nicolas Krief © Nicolas Krief
© Nicolas Krief © Nicolas Krief
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Septembre 2023 : Exposition Matières Vivantes - Wool Wall, Back to dirt, Carreaux de papier

L’objet de design a le pouvoir d’utiliser le vivant dans sa composition, sa forme, son caractère ornemental et son processus de production. Sa conception doit répondre aux défis qui s’imposent à notre environnement bâti, en trouvant des alternatives à l’épuisement des ressources et des moyens de diminuer son empreinte carbone. Travaillant à réduire l’impact énergétique des processus de fabrication (en excluant les procédés de cuisson par exemple) et libérant le potentiel technique et esthétique de matériaux issus d’une matière organique disponible, trois projets de design, lauréats de la plateforme d’expérimentation FAIRE, innovent pour faire dialoguer tissus vivants et objets inanimés. L’exposition Matières Vivantes en présente les tests, échantillons, et prototypes.

Mis au point respectivement par Marlon Bagnou-Beido et Soufyane El Koraichi, Aléa, ainsi que Pavillon Noir Architectures et César Bazaar, ces trois recherches-expérimentations conçoivent avec ce qui est disponible, ressource organique ou recyclée, en interrogeant les processus de fabrication et leur résultat formel.

Wool Wall

Le chauffage constitue une part importante de la consommation domestique énergétique. En France, sur les 14 000 tonnes de laine produites chaque année, près de 80 % sont brûlées ou exportées. Cette dernière option, freinée par l’inadéquation de la laine française aux standards requis pour le filage, fait de ce matériau qualitatif un déchet industriel. Fort de cette double problématique, Wool Wall propose de mettre en valeur les qualités de la laine de mouton dans des stratégies d’usage thermique de ce matériau.

Les matériaux de construction denses tels que la brique, le béton ou la pierre s’appuient sur un important besoin en chauffage pour assurer un confort thermique d’hiver. La production de chaleur représente environ deux tiers de la consommation domestique moyenne d’un bâtiment. Ces bâtiments, aujourd’hui soumis à de nouvelles normes, permettent l’émergence de nouveaux éléments typologiques architecturaux – isolation intérieure, isolation extérieure, jardin d’hiver, rideau thermique, etc. – contribuant à une réduction de leur consommation énergétique. Parallèlement, cette évolution représente une opportunité pour l’emploi de matériaux biosourcés comme la laine de mouton. Ses qualités isolantes la placent parmi les matériaux les plus performants des points de vue thermique, acoustique et d’humidité de l’air.

De la matière brute au fil, le cycle de transformation de la matière, relativement long, fait de la laine un produit coûteux. Les qualités et la diversité de la laine française ne lui permettent pas d’être compétitive sur un marché mondialisé. Coproduit de l’industrie ovine, la laine de mouton en France est aujourd’hui réduite à l’état de déchet et finit la plupart du temps détruite faute d’infrastructures permettant de la valoriser. Face à ces pertes, le bâtiment constitue un débouché intéressant car il rend possible l’emploi de la laine dans des états peu transformés.

Nous proposons d’observer le cycle de transformation du matériau et d’intervenir à trois moments. Ces interventions donnent lieu à trois prototypes :

1 - Un système d’isolation par l’extérieur qui tire parti du stockage de laine brute au moment de la tonte.
2 - Un procédé de fabrication de panneau d’isolation intérieure semi-rigide, facilement réversible tirant parti de la souplesse d’une nappe de laine pour offrir une nouvelle matérialité au mur.
3 - Une surface chauffante radiante à base de feutre non tissé destinée aux lieux partagés, qui propose un chauffage économique en énergie en chauffant les corps plutôt que les espaces.

Ces propositions prospectives sont des ouvertures potentielles vers des usages contemporains de la laine, contournant les problématiques du manque d’infrastructures nécessaires à la consolidation de la filière en France. Elles se caractérisent par des stratégies d’usage, privilégiant des altérations minimales du matériau, le détournement et la combinaison de la laine avec d’autres semi-produits.


Marlon Bagnou Beido et Soufyane El Koraichi

Marlon Bagnou Beido, fondateur du studio Warm Weekend, et Soufyane El Koraichi sont deux designers industriels basés à Paris. Diplômés de l’ENSCi – Les Ateliers respectivement en 2020 et 202, ils cultivent un intérêt commun pour le développement de nouvelles typologies d’objets proposant des réponses aux problématiques de confort thermique, de gestion des ressources et plus globalement de consommation d’énergie.

© Nicolas Krief

Projet réalisé dans le cadre du programme FAIRE, accélérateur de projets architecturaux et urbains innovants

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