Terres émaillées

Exposition d’émaux fabriqués à partir des terres excavées du Grand Paris, par Lucie Ponard, designer

Septembre 2022
À l'image de quelques pionniers qui réemploient les terres excavées du Grand Paris, Lucie Ponard démontre le potentiel plastique et les couleurs de la géologie francilienne. Réalisés à partir des terres excavées de lignes de métro, de carrières de gypse, de constructions de bâtiments, collectées dans des sites d’enfouissement, la centaine d'échantillons et de prototypes présentés témoignent des qualités esthétiques et de la richesse de la palette francilienne. Pour la designer, l’exposition réalisée en septembre 2022 au Pavillon de l'Arsenal s'inscrit dans un processus plus long qui devrait aboutir à la réalisation d’une production de carreaux en série.

© Vincent Fillon © Vincent Fillon
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Septembre 2022 : Exposition Séries Limitées - FabBRICK, M.E.G.A, Terres émaillées

Si par nature le design s’appréhende par la forme, l’objet contemporain est d’abord un flux. Il fige, pour un temps, une quantité de matières et d’énergies nécessaires à sa fabrication. Sa chaîne de production engage des moyens multiples, extrait des mines et gisements, convoque des techniques pour dupliquer des pièces manufacturées. À moyenne et surtout grande échelle, les questions qui s’imposent au regard de nos défis actuels sont l’épuisement des matériaux, la consommation d’énergie, les distances parcourues, la fin de vie de l’objet… Alors peut-on offrir le même niveau d’usage et de plaisir en réduisant l’impact des flux ? C’est toute l’ambition des trois projets menés par Clarisse Merlet, Niveau Zéro Atelier et Lucie Ponard. Chacun d’eux interroge tant les ressources utilisées, leurs localités que leurs processus de mise en forme.



Terres émaillées
Un des grands défis des chantiers franciliens concerne les terres d’excavation engendrées par les travaux de terrassement, de fondation ou souterrains. Généralement considérées comme déchets, ces matières inertes sont majoritairement stockées, enfouies ou accumulées pour former des buttes en Île-de-France ou ailleurs.

Si certains pionniers réemploient déjà ces terres pour les remettre localement dans le cycle de la construction (béton de site, nivellement d’espaces publics…) ou fabriquer en usine des matériaux pour d’autres chantiers (briques, enduits, panneaux, chapes, murs…), cette recherche explore un potentiel nouveau de réemploi pour la création de céramiques. L’ambition est de démontrer tant les capacités physiques de ces rebuts que de mettre en valeur leurs qualités esthétiques par la mise en valeur des couleurs du Grand Paris.



L’ambition est de démontrer tant les capacités physiques de ces rebuts que de mettre en valeur leurs qualités esthétiques par la mise en valeur des couleurs du Grand Paris.



Le travail se compose de deux parties : des recherches d’une part d’émaux de grès et d’autre part de carreaux de faïence. Si les pâtes céramiques et les émaux peuvent être entièrement constitués de matériaux excavés tels que l’argile, la marne, le sable, la craie ou le calcaire, l’usage de certains déchets de chantier comme des morceaux de brique, du granite ou de l’ardoise est aussi étudié.

Présentés au travers d’une centaine d’échantillons et de prototypes réalisés à partir d’argile verte, de marne bleue, de limon des plateaux, d’argile brune, de sables de Beauchamp, de calcaire et de craie, les résultats témoignent des qualités esthétiques et de la richesse de la palette francilienne. Mis au regard des lieux de collecte de Villeneuve–Tremblay-en-France, Cormeilles-en-Parisis, Champs-sur-Marne et Paris, elles révèlent aussi le potentiel des géographies et des géologies.

Excavées de lignes de métro, de carrières de gypse, de constructions de bâtiments, collectées dans des sites d’enfouissement, ces terres ont diverses origines mais ont pour point commun d’être des rebuts. L’exposition se veut un point d’étape inscrit dans un processus plus long qui devrait aboutir à la production de carreaux à plus grande échelle, dans une manufacture. Ces carreaux de céramique racontent une histoire nouvelle et s’inscrivent dans une démarche vertueuse visant à diminuer l’impact de nos constructions et de nos aménagements en réduisant simultanément nos déchets et en consommant moins de ressources.

Terres émaillées bénéficie du soutien et fédère différents partenaires, grâce auxquels des matériaux ont été collectés : la Société du Grand Paris, ECT, Cycle Terre, Placo®, l’agence d’architectes Grand Huit et Myriam Duc, physico-chimiste à l’université Gustave Eiffel. Ce projet mobilise aussi différents céramistes dont en particulier la section céramique de l’École supérieure des arts appliqués Duperré, ainsi que la manufacture Cerafrance.


Exposition créée par le Pavillon de l'Arsenal
Présentée du 8 au 25 septembre 2022
Dans le cadre de la Paris Design Week et de la France Design Week




Lucie Ponard
Lucie Ponard est une designer produit et de matériaux, diplômée de l’École Duperré et de l’Académie Royale des beaux-arts de la Haye. Elle travaille dans le domaine du design circulaire et de l’éco-conception. Passionnée par les recherches autour du réemploi et du recyclage, elle a travaillé avec divers matériaux comme des déchets industriels et des rebuts de chantier.


Projet réalisé dans le cadre du programme FAIRE, accélérateur de projets architecturaux et urbains innovants

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