Pierre, brique, monomur
La pierre est utilisée ici sans mortier. A l’image des vieux murs en pierre sèche, sur lesquels la végétation spontanée prospère, le prototype est construit avec une technique traditionnelle, qui entrecroise les pierres et adapte leur gabarit à la hauteur. Réalisé par des artisans de la Fédération française des professionnels de la pierre sèche, ce mur est conçu avec des pierres réemployées et recyclées issues du Dépôt des matériaux de la ville de Paris. Plusieurs natures de pierre ont été utilisées : du granit et du porphyre provenant des anciens pavés parisiens, ainsi que du calcaire des berges de Seine. La composition hétéroclite du mur sert à la fois à sa structure porteuse, tout en présentant une diversité d’aspect (couleurs, homogénéité de surfaces, etc..).
La brique constitue un matériau propice à l’accueil du vivant par ses propriétés physico-chimiques (porosité et ph).Sa mise en œuvre offre une grande diversité de formes à partir d’appareillage multiples. Le prototype est conçu selon un appareillage « traditionnel sauvage » que nous avons revisité en collaboration avec l’entreprise. Le moucharabieh qui accueille les végétaux en façade est tenu structurellement par une couche de brique porteuse en partie arrière du mur. Le jeu de panneresses et de boutisses s’entrecroise afin d’assurer la stabilité de l’ensemble tout en permettant au système de recevoir de nombreux vides mis en connexion. La liaison des vides est fondamentale dans le système, quel que soit le matériau. C’est elle qui assure une part de la continuité écologique, de la transmission hydrique et de la circulation des mycorhizes. Par ailleurs, l’une des caractéristiques de la brique est la souplesse de la matière permettant différents moulages en fonction des besoins. Ici, les boutisses (briques transversales) ont été rallongées par l’entreprise pour pouvoir tenir les différentes couches entre elles: le moucharabieh en façade, la couche de substrat interne et le mur porteur.
Le monomur est intéressant ici en tant que module structurel standard, présent dans le système constructif de nombreux endroits du globe. Peu onéreux, son système alvéolaire joue un rôle isolant dans la construction. Son système de chambres peut servir de « réservoir » pour le vivant. Aussi, l’aspect cassant de ce matériau pourrait offrir de nombreuses possibilités d’amélioration du système d’accueil du vivant, tout en introduisant une richesse sculpturale (voir par ex le travail de Vincent Mauger). Par ailleurs, sa mise en œuvre, relativement simple et peu technique permet d’envisager des expérimentations variées à différentes échelles.
Cette recherche sur des murs capables de favoriser l’accueil de la biodiversité sur les bâtiments est conduite en comparant trois systèmes : un prototype en briques Monomur (Bio’bric) réalisé par l’entreprise Sylvamétal; un prototype en briques (Rairies Montrieux) réalisé par la Société BYN ; et un prototype en pierres réemployées et recyclées (Dépôt des Matériaux de la Ville de Paris) réalisé par des artisans de la Fédération FFPPS. La toiture végétalisée et le substrat à l’intérieur du mur ont été fournis par Le Prieuré.
Mesures
Le pavillon a été instrumenté avec l’aide de chercheurs en Sciences des sols de l’Institut pour la Recherche et le Développement (IRD). L’instrumentation permet de mesurer :
- Les conditions météorologiques : mesures du rayonnement solaire (en W/m²) ; de l’intensité des pluies (mm/h) ; de la température (C°) et de l’humidité (%) de l’air ; de la vitesse du vent (m/s),
- La teneur en eau du substrat à trois niveaux (bas, milieu et haut) dans les murs avec 18 capteurs d’humidité.
La communauté végétale implantée sous forme de semis au printemps 2021 est suivie et mise en relation avec les données relevées. Avec l’analyse statistique de ces données, nous pourrons établir des effets entre les différents prototypes, selon leur orientation, mais aussi établir des tendances entre le bas et le haut d’un même mur.