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Longtemps la nature francilienne a défini l’identité des rues et la couleur des architectures parisiennes. Le grès de Fontainebleau pour paver, le calcaire de l’Oise pour ériger, le gypse de Seine-Saint Denis pour protéger, les feuillus pour charpenter, couvrir, habiter et structurer… Si ces gisements existent toujours, ils ont souvent disparu du vocabulaire de la construction contemporaine parisienne, remplacés par des produits importés et des techniques exogènes.
Dans une scénographie immersive, l’exposition donne à voir, au travers de quatre projections spectaculaires et pédagogiques, la métamorphose de la matière en matériau. Mises en regard, les matières sont exposées dans les différentes phases de leur transformation : de la grume à la poutre, du bloc au moellon, de la poudre à la plaque... au côté des outils nécessaires à leur transformation. Réalisée grâce au soutien de professionnels engagés, l’exposition dresse une carte que les auteurs nomment « material memory map »*, qui dessine et documente la métamorphe des matières sur un rayon de 99 km autour de Paris.
Avant de participer à la construction d’un édifice, tout matériau est d’abord une partie de territoire. Un élément prélevé, transformé, transporté plus ou moins loin pour être assemblé. Ceux utilisés aujourd’hui sur les chantiers franciliens proviennent généralement d’ailleurs, de France, d’Europe ou de l’autre côté du globe. Vendus sur catalogue, emballés, étiquetés ils nous affranchissent de leurs origines, nous font oublier leur nature, les moyens mis en œuvre pour les fabriquer et l’énergie pour les envoyer à destination. Ce faisant, ils perdent leur valeur et l’architecture oublie sa géographie.
Comme dans tous les domaines, les enjeux contemporains nous invitent à relier ce que l’on consomme avec ceux qui le produisent, ce que l’on achète à son territoire d’origine. C’est l'ambition de la manifestation Ressources que de dresser cet inventaire raisonné du terroir pour donner à voir le patrimoine matériel et immatériel métropolitain et de permettre à tous, en particulier aux étudiants et futurs professionnels, les outils pour écrire une nouvelle étape d’architecture vernaculaire.
* Pour découvrir la « material memory map » : cliquez ici