Pendant cette période, parcs et jardins sont devenus inaccessibles et réservés à d’autres formes d’espèces animales ou végétales indirectement touchées par le confinement. Les immeubles intensément habités par les parisiens, sont devenus voisins d’un nouveau voisinage sauvage nouveau maître dans ces lieux. Pendant un court moment, nous avons donc été témoins d’un changement de l’espace urbain qui a ouvert ses portes à de nouveaux habitants.
Premièrement, l'acte de construire la ville est d'abord un acte de démolition, de délocalisation d'autre espèces et de minéralisation qui prend racine sur la « necropolis » sauvage. L'humanité à travers la construction de ses cités semble être la méduse qui transforme la forêt qu'elle regarde en pierre. Ce principe de délocalisation et de mise en quarantaine de la forêt, des arbres et de la biodiversité est la base même du concept de formation de nos villes et du principe de séclusion qui existe entre nature versus ville (Emanuele Coccia, 2020).
Si l’étymologie du mot forêt vient du latin foris qui signifie littéralement en dehors de là ou l’homme vie, les arbres sont responsables d'une incroyable quantité de services écologiques comme l'oxygénation et la transformation du C02. Ils permettent aux villes d'être le foyer d'un nombre infini d'espèces animales et végétales.
Nous considérons donc les arbres comme des êtres qui vivent en dehors de nos villes. Même si certains arbres sont invités en ville, ils occupent dans l'imaginaire des habitants une fonction principalement décorative (L’arbre de pluie, Antoine et Clément Bertin). Nous souhaitons considérer les arbres comme des acteurs directs du projet urbain. Cela signifie accepter l’idée d’une modification spontanée et incontrôlée de certaines parties de la ville, mais surtout l’idée d’une cession de certaines portions des surfaces urbaines intramuros à la nature.
Comment imaginer une ville moins anthropique ?
La forêt peut servir de base et de modèle à l’amélioration de la vie dans les territoires hautement anthropisés. La forêt, considérée comme hostile et patiemment défrichée durant des millénaires, retrouve à nos yeux l'image d'une communauté d’espèces équilibrée, intimement adaptée au sol et au climat, une source d’habitat intergénérationnel, une entité autonome capable de produire localement et de recycler à l'infini.
Notre réflexion sur la ville d’après est donc basée sur un processus de métamorphose dans lequel la distinction entre la ville et la nature est à supprimer et où humains et non humains sont reconnus comme composantes égales dans la construction du territoire urbain.
Le moment d’arrêt dans lequel nous nous sommes retrouvés ces derniers mois a été l’occasion de renverser certains points assumés, des évidences et plusieurs certitudes relatives à la façon dont nous habitons nos villes et de la façon dont nous densifions nos villes. Nous aimerions donc partager une mise en discussion de la façon de concevoir la place des arbres par rapport à nos espaces de vie en ville.
Et siune autre histoire était possible?
Nous imaginons la plantation et la constitution de forêts sauvages inaccessibles en ville, réserves de biodiversités et lieu d’habitation protégé pour les espèces non humaines comme les plantes, les animaux ou les insectes. Au sein de parcelles vides ou amenées à le devenir, cela permettra de créer un tissu urbain ouvert à la cohabitions entre toutes les espèces. Cette opération va dans la direction d’une de-densification du tissu bâti, de la sauvegarde d’espaces vides exemplaires constituant dès lors une nouvelle réserve d’habitats sauvages.
Comme une oasis, la forêt réserve est un lieu fertile au milieu du désert; dans le désert les oasis explicitent la relation entre l’homme et l’espace aride (R. Banham, 1982). De la même façon à travers le rassemblement d’une masse dense d’arbres qui pourra pousser librement et spontanément, nous envisageons la construction d’une discontinuité urbaine positive dans le tissu aride de la ville dense.
La forêt réserve aura un rôle écologique
Les masses végétales en pleine terre servent à l’absorption de l’eau de pluie, à la création du substrat organique du sol grâce aux feuilles caduques qui deviennent refuges pour la bio-diversité végétale et animale, aident à l’assimilation et au stockage du carbone, aux mouvements d’air et à la réduction des ilots de chaleur.
La forêt réserve aura un rôle social et civique
La forêt se constitue grâce au montage accompagné d’une opération de financement collective par un groupe ou une association d’habitants. Organisme en perpétuelle mutation et évolution, la forêt intervient de façon radicale et immédiate dans la structure visuelle, écologique et sociale du milieu urbain et devient dans ce sens le manifeste d’une responsabilité civique collective des espaces communs de la ville.
La forêt réserve aura un rôle esthétique et contemplatif
Retrouver les conditions d’une forêt en milieu de ville est utile pour expérimenter des formes d’habitat insolites dans un contexte urbain dense : écouter le mouvement du vent, écouter les oiseux, éprouver une sensation d’éloignement, de solitude et de paix par une réconciliation avec la nature.
Expérience du silence urbain @Antoine Bertin
Premièrement, l'acte de construire la ville est d'abord un acte de démolition, de délocalisation d'autre espèces et de minéralisation qui prend racine sur la « necropolis » sauvage. L'humanité à travers la construction de ses cités semble être la méduse qui transforme la forêt qu'elle regarde en pierre. Ce principe de délocalisation et de mise en quarantaine de la forêt, des arbres et de la biodiversité est la base même du concept de formation de nos villes et du principe de séclusion qui existe entre nature versus ville (Emanuele Coccia, 2020).
Si l’étymologie du mot forêt vient du latin foris qui signifie littéralement en dehors de là ou l’homme vie, les arbres sont responsables d'une incroyable quantité de services écologiques comme l'oxygénation et la transformation du C02. Ils permettent aux villes d'être le foyer d'un nombre infini d'espèces animales et végétales.
Nous considérons donc les arbres comme des êtres qui vivent en dehors de nos villes. Même si certains arbres sont invités en ville, ils occupent dans l'imaginaire des habitants une fonction principalement décorative (L’arbre de pluie, Antoine et Clément Bertin). Nous souhaitons considérer les arbres comme des acteurs directs du projet urbain. Cela signifie accepter l’idée d’une modification spontanée et incontrôlée de certaines parties de la ville, mais surtout l’idée d’une cession de certaines portions des surfaces urbaines intramuros à la nature.
Comment imaginer une ville moins anthropique ?
La forêt peut servir de base et de modèle à l’amélioration de la vie dans les territoires hautement anthropisés. La forêt, considérée comme hostile et patiemment défrichée durant des millénaires, retrouve à nos yeux l'image d'une communauté d’espèces équilibrée, intimement adaptée au sol et au climat, une source d’habitat intergénérationnel, une entité autonome capable de produire localement et de recycler à l'infini.
Notre réflexion sur la ville d’après est donc basée sur un processus de métamorphose dans lequel la distinction entre la ville et la nature est à supprimer et où humains et non humains sont reconnus comme composantes égales dans la construction du territoire urbain.
Le moment d’arrêt dans lequel nous nous sommes retrouvés ces derniers mois a été l’occasion de renverser certains points assumés, des évidences et plusieurs certitudes relatives à la façon dont nous habitons nos villes et de la façon dont nous densifions nos villes. Nous aimerions donc partager une mise en discussion de la façon de concevoir la place des arbres par rapport à nos espaces de vie en ville.
Et siune autre histoire était possible?
LES FORETS RESERVES EN VILLE
Nous imaginons la plantation et la constitution de forêts sauvages inaccessibles en ville, réserves de biodiversités et lieu d’habitation protégé pour les espèces non humaines comme les plantes, les animaux ou les insectes. Au sein de parcelles vides ou amenées à le devenir, cela permettra de créer un tissu urbain ouvert à la cohabitions entre toutes les espèces. Cette opération va dans la direction d’une de-densification du tissu bâti, de la sauvegarde d’espaces vides exemplaires constituant dès lors une nouvelle réserve d’habitats sauvages.
Comme une oasis, la forêt réserve est un lieu fertile au milieu du désert; dans le désert les oasis explicitent la relation entre l’homme et l’espace aride (R. Banham, 1982). De la même façon à travers le rassemblement d’une masse dense d’arbres qui pourra pousser librement et spontanément, nous envisageons la construction d’une discontinuité urbaine positive dans le tissu aride de la ville dense.
La forêt réserve aura un rôle écologique
Les masses végétales en pleine terre servent à l’absorption de l’eau de pluie, à la création du substrat organique du sol grâce aux feuilles caduques qui deviennent refuges pour la bio-diversité végétale et animale, aident à l’assimilation et au stockage du carbone, aux mouvements d’air et à la réduction des ilots de chaleur.
La forêt réserve aura un rôle social et civique
La forêt se constitue grâce au montage accompagné d’une opération de financement collective par un groupe ou une association d’habitants. Organisme en perpétuelle mutation et évolution, la forêt intervient de façon radicale et immédiate dans la structure visuelle, écologique et sociale du milieu urbain et devient dans ce sens le manifeste d’une responsabilité civique collective des espaces communs de la ville.
La forêt réserve aura un rôle esthétique et contemplatif
Retrouver les conditions d’une forêt en milieu de ville est utile pour expérimenter des formes d’habitat insolites dans un contexte urbain dense : écouter le mouvement du vent, écouter les oiseux, éprouver une sensation d’éloignement, de solitude et de paix par une réconciliation avec la nature.
Caracalla Architectes, Juin 2020
Expérience du silence urbain @Antoine Bertin
Faisant usage de l’heure et du kilomètre autorisés par jour, j’ai pu enregistrer, le temps de quelques rues, les sons de Paris confiné.
Ces enregistrements sont entrelacés avec une mélodie composée à partir de la séquence génétique du coronavirus. Un processus appelé sonification, à travers lequel chaque lettre de l’ARN viral (A,U,G,C) est associé à une note sur l’instrument de musique.
Ces enregistrements sont entrelacés avec une mélodie composée à partir de la séquence génétique du coronavirus. Un processus appelé sonification, à travers lequel chaque lettre de l’ARN viral (A,U,G,C) est associé à une note sur l’instrument de musique.
Dans cette courte méditation sonore, les moteurs à combustion laissent place au oiseaux dont la voix résonne à travers une acoustique large et vide, qui rappelle celle d'une cathédrale. Les conversations des passants peuvent être entendues à travers le bruissement des feuilles, et on peut deviner au delà de ce kilomètre, les applaudissements qui émergent un à un aux fenêtres à 20h.
Notre liberté de mouvement a été réduite. L’opportunité d’écouter (les oiseaux, les autres) elle, se présente.
Caracalla Architectes, maquette d’étude, photo Giaime Meloni