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- Ne pas céder à la tentation de dé-densifier les métropoles !
Non, le confinement ne doit pas signifier la fin de la densité. Parce qu’elle est plus que jamais nécessaire pour résoudre les défis environnementaux colossaux qui sont devant nous, parce que c’est le frein indispensable à la consommation du foncier agricole, parce qu’elle signifie ce lien social qui s’est avéré si essentiel, parce que la démographie va avoir besoin demain d’encore plus de logements. Oui, Il est possible d’assembler dans une forme de densité apaisée des émergences et différentes typologies pour générer de la mixité et plus d’espaces libres. Il est donc urgent de réfléchir au-delà de l’architecture, de travailler à cette notion fondamentale de densité raisonnée, à la taille des bâtiments et au nombre de logements maîtrisés, offrant du vide, de la terre et du ciel.- Ne pas céder à la tentation du concept de village pour nos grandes métropoles !
Le confinement a été l’occasion d’une expérience unique, celle dela limite de1km dans notre vie quotidienne. Certes subie, et non choisie, cette expérience urbaine a été pour beaucoup vécue comme une privation fondamentale de libertés. Elle a été vécue aussi comme une forme de rétrécissement de la ville, et finalement comme une négation de ce qu’elle est et de ce qui nous attire. Nous habitons ces métropoles pour l’immensité de leurs possibilités. Nous aimons les villes pour l’anonymat relatif qu’elles procurent. Nous choisissons la vie urbaine pour la qualité des lieux qu’elle permet d’occuper et d’atteindre facilement, bibliothèques, théâtres, cinémas, écoles, commerces, parcs, fleuve, etc. Laisser le choix de la mobilité, lente ou rapide, individuelle ou collective, laisser le choix de l’échelle du périmètre vital élargi de chacun, l’échelle du quartier, de la ville ou de la métropole, c’est assurer la liberté de tous. C’est s’assurer que nous ne vivrons plus sous la contrainte du « 1-kilomètre ».- Céder à toutes les formes de solidarité que la crise a révélées !
Le manque de liberté a incité à l’ouverture sur l’autre et aux échanges partagés au sein des immeubles, du quartier, ou de la commune. Prêt de livres dans les halls, courses faites pour les personnes âgées, concerts au balcon, prêts d’ordinateurs, classe et jeux improvisés, sont autant d’occasions de sociabilité dans son entourage proche jusque-là inconnu. Seuls les circulations, les vides, les creux, les cours d’immeuble ont pu faire surgir ces nouvelles pratiques. Laissons l’inventivité des habitants s’exprimer, offrons leur encore plus d’espaces communs sans usages prédéterminés. Les concevoir généreux permet d’établir la distanciation nécessaire en cas de crise sanitaire, et d’éviter l’effet anxiogène propre à la vie en immeuble collectif. Les éclairer naturellement les qualifie, les rend attractifs et ouverts aux échanges.- Céder à la tentation de réintroduire de la Nature en ville !
Le besoin pendant le confinement de nature, d’arbre, de végétal autour de soi a été une leçon. Nous avons tous retrouvé des espaces de liberté dans nos parcours quotidiens, des ressources cachées d’un trottoir, d’une rue étroite, d’une place, d’un carré de pelouse, du moindre espace libre. Les bronzeurs, allongés sur l’herbe, face à une grande avenue parisienne désertée en début de post confinement, ont sans doute rêvé de la voir se transformer en Central Parc.L’homme est un animal social. C’est aussi un animal pour qui la nature est indispensable. Une nouvelle réflexion fondamentale doit avoir lieu autour de ce sujet : comment réconcilier la ville et la Nature. Après le confinement, il faut continuer à redonner de la poésie à notre quotidien et à nos quartiers par l’augmentation de ces lieux de liberté et de nature.
Perméabiliser et enrichir les sols devient une évidence pour offrir ilots de fraicheurs, et lien fort avec la faune et la flore urbaine. Il nous semble primordial de piocher l’asphalte des trottoirs, soulever le bitume, retrouver la plage…
- Céder à l’envie d’inventer la ville de demain !
Cette expérience unique, invraisemblable du confinement qui a transformé nos grandes métropoles en immenses cloitres nous a rappelés une vérité simple : nous aimons la ville. Nous avons aimé le silence et le calme du confinement. Nous avons regretté la foule des terrasses et le bruit urbain. Nous avons aimé le ciel plus pur, et les enfants qui se promènent en sécurité dans des rues vides. Nous avons aimé retrouver la ville qui vit, qui bouge, qui se réveille tôt et se couche tard. Ce sont ces deux faces de la ville qu’il faut maintenant réconcilier, pour définir les équilibres de demain. Densité et respiration. Architecture et nature. Libertés individuelles, et sens du lien social. Le défi est immense. Mais il est enthousiasmant.Ingrid Taillandier, Juin 2020