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Voilà, tu es restée confinée dans ton appartement à Paris, parce que c’était plus facile, tu avais toutes tes affaires là, et puis les enfants aussi, eux n’avaient pas envie de bouger et toi tu n’envisageais pas de les délocaliser. Et puis cet apart finalement, il n’est pas si mal. Les conditions de vie y sont supportables tout en restant enfermés : un bout de balcon, quelques plantes, une ouverture sur l’horizon, une zone de calme, un jardin de copro : des éléments qui, mis bout à bout constituent une trame de bien-être, de bien vivre qui rend vivable le milieu urbain dense.
Certains se sont précipités en province, dans une maison de vacances ou auprès de leurs parents et beaux-parents, pour se rapprocher de leurs racines, territoriales ou familiales. Ils ont continué à travailler grâce au numérique et ses multiples outils qui, à distance du lieu habituel de travail, ont montré que c’était possible, à l’échelle de toute une nation.
D’autres n’ont pas pu choisir : logement exigu, pas de moyens pour partir, le confinement a été subi de plein fouet et a occasionné la recrudescence de la violence domestique, a révélé de manière encore plus criante la précarité de vie de toute une partie de la population.
Là où tu te trouves, tu te poses la question de demain, quand tout le monde ressortira, faudra-t-il tout retrouver comme avant, ou sera-t-il nécessaire de regarder différemment, de faire du hors champ, de décadrer le regard ?
Rester enfermée chez toi pendant 2 mois t’a révélé de manière criante la nécessité de pouvoir bénéficier d’un espace de respiration, d’un balcon ou d’une terrasse pour être dehors chez toi. Tu t’es dis que la vue sur le ciel et l’horizon, c’était essentiel. Pouvoir ouvrir tes fenêtres et laisser rentrer la lumière, pouvoir te ressourcer avec la vue sur un arbre, sur la végétation, pouvoir entendre les oiseaux … tout cela tu as senti que c’était nécessaire au bien-être descitadins. Devant l’exiguïté des logements neufs, en recherche permanente de rentabilité, tu t’es demandé s’il ne fallait pas imposer un pourcentage de surface extérieure en plus, qui constituerait une véritable valeur ajoutée de bien être pour les logements de demain.
Tu rêves d’une ville aux échelles contrastées, où, à l’image de certains quartiers à Shanghaï les grandes artères sont bordées d’immeubles de grande hauteur, comme une peau urbaine de protection et, derrière, dès que tu empruntes les rues transversales, tu entres dans un autre univers, calme, presque sans voitures, quasi à l’échelle d’un village avec de petits immeubles, une végétation foisonnante installée à la sauvage sur les trottoirs. Tu te souviens de ces rues que tu as arpentées, avec la conscience d’être dans une des plus grandes métropoles mondiales, et la sensation d’être dans une petite ville de province : une vie provinciale au cœur d’une mégapole !
Rendues désirables par leur échelle mesurée et leur lien direct avec la nature, les petites villes te semblent faire l’objet de convoitises d’urbains en mal de campagne. L’attrait d’habiter dans une maison semble également peser dans la balance. Mais comment concilier cette envie sans accentuer l’étalement urbain? Il faut faire preuve d’inventivité et donner leur chance à quantité de villes moyennes pour tisser un réseau alternatif de villes dynamiques, connectées entre elles, mises en réseau localement, ayant acquis leur indépendance vis-à-vis des métropoles tout en étant reliées à elles. Une forme de réseau parallèle secondaire et complémentaire aux grandes villes. Développer ces villes suppose de les faire entrer dans un cercle vertueux de désirabilité où l’attrait de la nature se combine avec un attrait culturel, à l’image du travail réalisé par Nantes depuis de nombreuses années. L’un des ingrédients de l’attractivité de la ville a indéniablement été sa capacité à attirer de nouveaux habitants en commençant par des évènements culturels de grande qualité et à l’audience internationale, alliés à une politique d’urbanisme volontariste, créant l’envie de venir habiter là. En parallèle, l’emploi a dû bien sûr être développé, les équipements être à la hauteur et la gouvernance, agile.
Tu penses que le végétal influe de manière importante sur le psychisme des humains, et tu n’es pas la seule. A Paris et dans certaines grandes villes tu constates que l’on a commencé une mutation en mettant en œuvre une invasion végétale maitrisée. Cette présence végétale insérée dans les rues et sur les trottoirs montre un impact positif sur la perception de la ville, rendue plus habitable, plus respirable. Développer des rues vertes dans chaque quartier ? Oui tu y crois, oui il faut promouvoir cette invasion et aller encore plus loin : désimperméabiliser, décadamiser, créer du sol poreux pour absorber l’eau, rendre l’eau aux sols. Oui il faut récupérer les déchets compostables et s’en servir pour fertliser les sols, plutôt que de consommer de l’énergie à les faire sortir de nos quartiers. Ces rues vertes sont une opportunité de fédérer les habitants autour d’un projet qui sert à tous, développe la convivialité entre voisins, renforce la solidarité autour de la participation citoyenne, où chacun peut se sentir concerné.
Il te semble qu’il ne faut pas tomber dans le repli sur toi-même mais au contraire plutôt croiser les savoirs et les expériences en France, en Europe, à l’International, pour améliorer et transformer notre territoire, dans une constante ouverture d’esprit. Les différentes échelles de projets, les cultures diverses, fondent un brassage positif qui enrichit ton approche professionnelle et ton regard.
A l’image des arbres qui vivent et se soutiennent les uns les autres, à l’image de l’association vitale qui se forme entre des végétaux quasi invisibles, les champignons, et les géants de la forêt, nos compétences complémentaires et multiples doivent s’associer pour enrichir notre approche de la ville.
De la même façon, tu te poses la question de la façon de penser les bâtiments. N’est-il pas fini le temps où tu concevais des bâtiments monofonctionnels, à l’image de la monoculture qui a envahi nos plaines ? N’est-il pas temps de penser, à l’image des parcelles en pluriculture, des bâtiments qui accueillent différents usages complémentaires, réversibles, capables de se régénérer sur eux-mêmes et d’évoluer, s’adapter comme le font les végétaux. Tu ne penses pas forcément à une architecte vêtue de vert, tu penses surtout à une architecture qui se concevrait avec des règles organiques évolutives.
Ce hors champ, ce regard différent porté sur l’avenir que tu veux construire, pour qui le fais-tu ? Ce monde meilleur que tu veux construire, à qui le dédis-tu ? Quels moyens te donnes-tu pour y arriver ? Si tu ne montres pas que tu crois en l’avenir, comment tes enfants peuvent ils y croire? A ton avis, quel est le meilleur levier du changement ? Le désir !
Certains se sont précipités en province, dans une maison de vacances ou auprès de leurs parents et beaux-parents, pour se rapprocher de leurs racines, territoriales ou familiales. Ils ont continué à travailler grâce au numérique et ses multiples outils qui, à distance du lieu habituel de travail, ont montré que c’était possible, à l’échelle de toute une nation.
D’autres n’ont pas pu choisir : logement exigu, pas de moyens pour partir, le confinement a été subi de plein fouet et a occasionné la recrudescence de la violence domestique, a révélé de manière encore plus criante la précarité de vie de toute une partie de la population.
Là où tu te trouves, tu te poses la question de demain, quand tout le monde ressortira, faudra-t-il tout retrouver comme avant, ou sera-t-il nécessaire de regarder différemment, de faire du hors champ, de décadrer le regard ?
Habiter une part de ciel et de lumière ?
Rester enfermée chez toi pendant 2 mois t’a révélé de manière criante la nécessité de pouvoir bénéficier d’un espace de respiration, d’un balcon ou d’une terrasse pour être dehors chez toi. Tu t’es dis que la vue sur le ciel et l’horizon, c’était essentiel. Pouvoir ouvrir tes fenêtres et laisser rentrer la lumière, pouvoir te ressourcer avec la vue sur un arbre, sur la végétation, pouvoir entendre les oiseaux … tout cela tu as senti que c’était nécessaire au bien-être descitadins. Devant l’exiguïté des logements neufs, en recherche permanente de rentabilité, tu t’es demandé s’il ne fallait pas imposer un pourcentage de surface extérieure en plus, qui constituerait une véritable valeur ajoutée de bien être pour les logements de demain.
La ville contrastée ?
Tu rêves d’une ville aux échelles contrastées, où, à l’image de certains quartiers à Shanghaï les grandes artères sont bordées d’immeubles de grande hauteur, comme une peau urbaine de protection et, derrière, dès que tu empruntes les rues transversales, tu entres dans un autre univers, calme, presque sans voitures, quasi à l’échelle d’un village avec de petits immeubles, une végétation foisonnante installée à la sauvage sur les trottoirs. Tu te souviens de ces rues que tu as arpentées, avec la conscience d’être dans une des plus grandes métropoles mondiales, et la sensation d’être dans une petite ville de province : une vie provinciale au cœur d’une mégapole !
La ville à la campagne ?
Rendues désirables par leur échelle mesurée et leur lien direct avec la nature, les petites villes te semblent faire l’objet de convoitises d’urbains en mal de campagne. L’attrait d’habiter dans une maison semble également peser dans la balance. Mais comment concilier cette envie sans accentuer l’étalement urbain? Il faut faire preuve d’inventivité et donner leur chance à quantité de villes moyennes pour tisser un réseau alternatif de villes dynamiques, connectées entre elles, mises en réseau localement, ayant acquis leur indépendance vis-à-vis des métropoles tout en étant reliées à elles. Une forme de réseau parallèle secondaire et complémentaire aux grandes villes. Développer ces villes suppose de les faire entrer dans un cercle vertueux de désirabilité où l’attrait de la nature se combine avec un attrait culturel, à l’image du travail réalisé par Nantes depuis de nombreuses années. L’un des ingrédients de l’attractivité de la ville a indéniablement été sa capacité à attirer de nouveaux habitants en commençant par des évènements culturels de grande qualité et à l’audience internationale, alliés à une politique d’urbanisme volontariste, créant l’envie de venir habiter là. En parallèle, l’emploi a dû bien sûr être développé, les équipements être à la hauteur et la gouvernance, agile.
Nature ou ville ?
Tu penses que le végétal influe de manière importante sur le psychisme des humains, et tu n’es pas la seule. A Paris et dans certaines grandes villes tu constates que l’on a commencé une mutation en mettant en œuvre une invasion végétale maitrisée. Cette présence végétale insérée dans les rues et sur les trottoirs montre un impact positif sur la perception de la ville, rendue plus habitable, plus respirable. Développer des rues vertes dans chaque quartier ? Oui tu y crois, oui il faut promouvoir cette invasion et aller encore plus loin : désimperméabiliser, décadamiser, créer du sol poreux pour absorber l’eau, rendre l’eau aux sols. Oui il faut récupérer les déchets compostables et s’en servir pour fertliser les sols, plutôt que de consommer de l’énergie à les faire sortir de nos quartiers. Ces rues vertes sont une opportunité de fédérer les habitants autour d’un projet qui sert à tous, développe la convivialité entre voisins, renforce la solidarité autour de la participation citoyenne, où chacun peut se sentir concerné.
Un ou multiple
Il te semble qu’il ne faut pas tomber dans le repli sur toi-même mais au contraire plutôt croiser les savoirs et les expériences en France, en Europe, à l’International, pour améliorer et transformer notre territoire, dans une constante ouverture d’esprit. Les différentes échelles de projets, les cultures diverses, fondent un brassage positif qui enrichit ton approche professionnelle et ton regard.
A l’image des arbres qui vivent et se soutiennent les uns les autres, à l’image de l’association vitale qui se forme entre des végétaux quasi invisibles, les champignons, et les géants de la forêt, nos compétences complémentaires et multiples doivent s’associer pour enrichir notre approche de la ville.
L’organique comme pensée
De la même façon, tu te poses la question de la façon de penser les bâtiments. N’est-il pas fini le temps où tu concevais des bâtiments monofonctionnels, à l’image de la monoculture qui a envahi nos plaines ? N’est-il pas temps de penser, à l’image des parcelles en pluriculture, des bâtiments qui accueillent différents usages complémentaires, réversibles, capables de se régénérer sur eux-mêmes et d’évoluer, s’adapter comme le font les végétaux. Tu ne penses pas forcément à une architecte vêtue de vert, tu penses surtout à une architecture qui se concevrait avec des règles organiques évolutives.
Pour qui ?
Ce hors champ, ce regard différent porté sur l’avenir que tu veux construire, pour qui le fais-tu ? Ce monde meilleur que tu veux construire, à qui le dédis-tu ? Quels moyens te donnes-tu pour y arriver ? Si tu ne montres pas que tu crois en l’avenir, comment tes enfants peuvent ils y croire? A ton avis, quel est le meilleur levier du changement ? Le désir !
Arte Charpentier Architectes, Juin 2020