Repenser les espaces de rassemblement à grande échelle
Notre société s’est développée vers une mondialisation des échanges à la recherche d’espaces à haute capacité d’accueil. L’objectif était à la performance. Au-delà des avancées techniques des constructeurs, c’est l’expérience des grands espaces qui motivaient le développement des structures à grande échelle dans les villes et leurs périphéries : stades, aéroports, zénith, musées, grattes ciel, grandes surfaces.
Ces équipements sont au cœur de nouvelles problématiques car face à la pandémie actuelle, plusieurs gouvernements interdisent encore les rassemblements de foule.
Comment changer ou faire évoluer ces espaces de vivre ensemble ?
Nous observons déjà une modification progressive de notre manière de consommer. Le commerce en ligne est en pleine expansion et les produits locaux sont de plus en plus plébiscités, délaissant ainsi une industrialisation à grande échelle.
A l’image de ces nouvelles pratiques, la distanciation sociale par le numérique ou le retour d’espaces de rassemblement de petite échelle peuvent ils répondre à la problématique du vivre ensemble en temps de pandémie ?
Possiblement que oui.
Cependant d’autres alternatives existent et restent encore à explorer.
L’obsolescence des espaces de rassemblement à grande échelle est encore loin d’être programmée. Des dispositifs sont à imaginer pour adapter ces équipements. La circulation, la fragmentation des espaces, la porosité vers l’extérieur peuvent contribuer à maintenir une distanciation sociale efficace pour un contrôle d’une épidémie tout en conservant les moments de vivre ensemble.
Ce projet de stade, présenté ici, propose ainsi de séparer les supporters en différentes alcôves de 50 personnes avec leurs sanitaires respectifs. Ces alcôves peuvent alors être empilées pour former une colonne autonome avec sa propre circulation et son espace de snack et boisson au rez-de-chaussée. Les colonnes ne communiquent pas entre elles en terme de circulation, ce qui permet de limiter la chaîne de contamination si un supporter s'avère être malade dans une des alcôves. A l'image des cours d'immeubles où chacun à son balcon profite du concert improvisé par un voisin, ici la superposition des alcôves retrouve cette géométrie. L'expansion des tribunes en gradins n'est plus horizontale mais verticale. Les alcôves sont ouvertes visuellement sur les côtés pour laisser le champ de vision libre sur toute la surface du terrain mais également pour que les supporters d’alcôves voisines puissent se voir et communiquer. L'idée est d'amener une distanciation sociale entre supporters par une architecture poreuse qui permet tout de même le contact visuel et sonore pour garder la chaleur du stade et ces moments de vivre ensemble.
Sophie Costa, Juin 2020