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Alors, comment inventer la « nouvelle normalité », que devient l’espace collectif et partagé lorsque notre champ d’action peut se réduire subitement à nos besoins fondamentaux, respirer, dormir, se nourrir, se divertir, se loger… ?
L’idée fantasque que le retour au périurbain ou à la campagne, pour échapper aux dangers que les centres urbains peuvent révéler lorsque leur densité hier salvatrice face à l’étalement urbain devient l’allié d’une pandémie mondiale, n’est que trop réductrice et déraisonnée.
Avec plus de la moitié de la population mondiale vivant dans les villes, les centres urbains sont importants pour adapter les solutions à cette pandémie et à la probable suivante. Les villes ont toujours montré leur capacité à évoluer après les crises, plus que jamais les politiques urbaines doivent intégrer des principes de résilience, de durabilité et d'économie régénérative aux côtés d'une intolérance radicale aux inégalités mises en lumière ces semaines passées.
Dans ce contexte, les architectes sont confrontés à de nouvelles complexités communes telles que l'anxiété pour les ressources de la planète, l'évolution des comportements sociétaux et les bâtiments existants de moins en moins adaptés aux changements climatiques et aux usages contemporains.
Le défi que nous partageons est de reconstruire et réorganiser la vie ensemble, et de repenser ces espaces pour vivre différemment, bouger différemment…
La multifonctionnalité, la flexibilité, l'adaptabilité, la résilience, la réversibilité dans le temps, doivent aller au-delà de la simple réponse fonctionnelle et esthétique.
Cela nécessite une compréhension sensible des forces en jeu, afin de continuer à créer des interventions humanistes dans l'environnement bâti.
Comment pouvons-nous accueillir une population croissante avec un mode de construction plus écologique ?
Comment l'architecture peut-elle créer un sens d'identité, un sens du temps et un sens du lieu ?
Comment les bâtiments peuvent-ils aider à rendre nos villes plus résilientes et à construire des communautés durables ?
Et comment l’architecture peut-elle faire partie de notre production et aider à nourrir une population sans cesse croissante ?
L’architecture, l’urbanisme doivent aider à répondre à ces urgences et être plus qu’une île consommatrice en ville. Les bâtiments devraient faire partie de notre réseau productif et devraient pouvoir redonner à l'environnement et à la communauté.
Nombre sont les initiatives qui abordaient déjà cette prise de conscience collective, mais si elles n’étaient que des tendances hier, il devient désormais nécessaire de repenser la conception et la vision globale de la ville en tenant compte de la place centrale de la connectivité numérique et de l’intelligence artificielle comme nouveaux alliés d’une conception de la ville durable et partagée.
A commencer par le passage des environnements de bureaux structurés à des arrangements de travail plus flexibles, virtuels et à domicile qui risque de modifier la morphologie des quartiers dits « résidentiels » et leur densité tandis que les quartiers dits « d’affaires » peuvent rapidement se trouver peu désirables et se dépeupler.
Les grands lieux de rassemblements de masse comme les stades ou les centres commerciaux proposent déjà des alternatives de réalité virtuelle et augmentée, ils peuvent ainsi laisser place à de nouveaux espaces disponibles, des nouveaux vides pour des parcs ou des jardins.
Ne pourrions-nous pas accepter plus facilement les lacunes et les vides dans nos villes, et peut-être même commencer à les valoriser ?
Adapter les parcs à la production alimentaire, ainsi que pour atténuer les menaces d'inondations et de tempêtes.
Donner plus d’espace au piéton et aux modes de déplacement doux, développer les jardins verticaux et l’agriculture urbaine sur les toits ou encore développer de nouvelles structures incluant des services de proximité et de solidarité forment autant d’espoirs que d’évidentes nouvelles normalités.