Or voici qu’apparu le COVID, et plus particulièrement sa conséquence, le confinement, et la conséquence de ce confinement, l’arrêt des activités de production, de tourisme , de commerce de proximité et de loisir mais aussi, pour tous les salariés travaillant dans des bureaux, le télétravail imposé à toutes les entreprises et tous les salariés. Télétravail déjà en place dans de nombreuses entreprises, mais que personne n’aurait imaginé à si grande échelle tant étaient grandes à son égard les réticences des employeurs et des collaborateurs.
Et voici que, entrainés dans une expérimentation forcée, à grande échelle et sur une durée de plus de deux mois, une majorité d’entreprises et de salariés, aidés par les moyens numériques nouveaux et les téléconférences, se mit à découvrir que le télétravail pouvait durablement fonctionner pour les activités de bureaux.
Alors, aujourd’hui , alors que le déconfinement a commencé, mais que le virus s’est installé dans nos vies, et qu’avec lui s’impose la nécessité de maintenir des mesures de précaution (distanciation sociale et moyens de protection ) aussi bien dans les transports que dans les bureaux, chacun de s’interroger : faut-il reprendre le monde d’avant, le « métro boulot dodo » ou bien, lorsqu’on a la possibilité de le faire, ne doit-on pas concevoir pour les salariés administratifs un nouveau modèle, où le panachage télétravail – présence au bureau pourrait devenir la norme ?
Dans ce modèle, l’entreprise :
- laissera à ses collaborateurs la possibilité de pratiquer en priorité le télétravail, ce qui lui permettra de leur épargner les temps de transport , les embouteillages des voitures individuelles ou la promiscuité des transports en commun, et lui donnera la possibilité d’appliquer dans ses bureaux, notamment ceux configurés en open-space, les mesures de distanciation nécessaires.
- mais lui demandera néanmoins de passer deux jours par semaine au bureau pour maintenir les liens avec ses collègues, sa hiérarchie, accueillir les nouveaux venus, travailler sur les dossiers les plus complexes ou mener les rendez-vous qui n’auront pas été possibles par visio-conférences.
Quelles pourraient être les conséquences de ce modèle et ses facteurs de succès ?
Un tel modèle, s’il est massivement généralisé, pourrait donner à de nombreux ménages le coup de pouce pour la mise en œuvre d’un nouveau projet de vie familial : quitter les centres urbains congestionnés, ou leurs périphéries inesthétiques, pour les zones plus rurales celles des centres bourgs ou des petits villages, que l’on retrouve aux confins de toutes les métropoles, y compris en Île-de-France dans tous les départements de grande couronne.
Dans ces zones plus éloignées, à budget logement constant, les ménages pourraient trouver à s’ offrir et à proposer à leurs enfants des surfaces plus importantes, voire des jardins. Fini le stress du transport le matin vers les zones de bureau, pour l’un et l’autre parent. Finie la pollution des centres urbains. Finie la densité urbaine et toutes ses conséquences en terme de risque sanitaire. Diminuées aussi les bonnes raisons de changer de région pour profiter d’un mode de vie plus agréable.
Afin d’éviter l’inconfort fréquent du télétravail à domicile, les municipalités devraient proposer, comme un élément d’attractivité, de mettre à disposition des salariés des espaces de coworking installés dans d’anciens bâtiments délaissés et rénovés. Le coût d’utilisation de ces espaces et de leurs équipements performants (liaisons informatiques bien calibrées, imprimantes, fourniture de grands écrans à relier aux ordinateurs ou tablettes portables des entreprises ) serait supporté par les entreprises, qui en trouveraient la contrepartie économique dans la diminution des surfaces de bureaux nécessaires au cœur des métropoles, en particulier compte tenu des nouvelles normes de surfaces minimales imposées pour éviter les contaminations microbiennes.
Le retour des habitants dans ces zones rurales ou semi rurales entrainera l’effet vertueux des ré- ouvertures de classes dans les écoles, le retour des médecins et des commerçants de proximité et des moyennes surfaces dans les centres bourgs, toutes conditions pour éviter de substituer aux embouteillages pendulaires des matins et soir , les temps et coûts de trajets vers des centres commerciaux bondés.
Autre facteur de succès de ce nouveau modèle : la capacité pour les collaborateurs à se rendre facilement à leur bureau pour les deux jours présentiels imposés par leur entreprise : compte tenu des distantes domicile – travail rallongées, impossible d’imaginer un aller-retour au domicile pendant ces deux jours il faut donc imaginer de multiplier, aux abords immédiats des métropoles et au plus près d’une station de transport en commun, des résidences hôtelières avec studios équipés de kitchenettes, destinées à accueillir une nuit par semaine les collaborateurs en « déplacement » dans leur bureau . Le produit le plus adapté pour minimiser le coût de la nuitée , qui serait également à la charge des entreprises en contrepartie des économies générées par la disparition des « versements transport » payés par les entreprises, est celui des « résidences mobilités », forme de Résidence Hôtelière à Vocation Sociale, agrée par l’Etat et dont le propriétaire est un bailleur social.
Alors, quelle probabilité de voir ce modèle s’imposer ? La réponse provient sans doute de l’évolution du virus et de l’attitude des pouvoirs publics : si ceux-ci , par précaution, maintiennent sur le long terme l’obligation de distanciation sociale dans les transports en commun, on peut s’attendre à ce que les administratifs renâclent fortement à une reprise du présentiel et fassent pression sur leurs employeurs pour conserver une part significative de télétravail. Et à voir d’ici la fin de l’année les premiers citadins faire le pari du télétravail en zone rurale…..