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Et si je plaquais tout pour m’installer à la campagne ? Nous y avons tous pensé. Confinés, nous nous sommes enfin arrêtés, nous avons pris le temps de rêver, de divaguer, de penser, de regarder, d’élaborer des plans farfelus, de découvrir de nouvelles passions ou simplement de nous ennuyer. Nos habitudes ont été bouleversées. Le temps s’est dilaté. Nous avons peut-être même appris à apprécier ce nouveau rythme, à être bien là où nous étions, à vivre différemment le temps d’un instant. Et si nous ne revenions pas à nos vies d’avant ? Et si nous changions nos modes de vie dans lesquels nous étouffons et qui contribuent largement à l’étouffement de notre planète ?
Et si nous quittions tous la ville pour nous installer à la campagne, pour changer de vie, pour avoir de l’espace et vivre dans la nature ? Et si nous abandonnions nos vies citadines et nous échappions avec nos amis, nos amoureux ou nos familles vivre ailleurs ? Ailleurs où ? Dans la nature, sauvage si possible, loin des autres pour avoir de l’espace, du temps, s’éloigner du bruit et de l’agitation : à la montagne, dans la forêt, au bord de la mer, d’un lac ou d’une rivière ? Nous nous surprenons à penser, tout à coup, que nous pourrions être heureux autrement.
Les villes concentrent les entreprises, le haut débit, les théâtres, les cinémas, les universités, les lieux d’échange et de débat mais aussi les personnes. Malgré notre envie de nature, nous avons conscience que nous aurions du mal à nous passer de tout ça. Alors pourrions-nous diviser notre temps pour tout avoir ? Pourrions-nous vivre à la fois en ville et à la campagne ? Pourrions-nous devenir des nomades ? Mais cela n’impliquerait-il pas de courir encore plus, de n’être vraiment nulle part et de démultiplier nos besoins dans deux endroits distincts dans lesquels nous ne passerions que quelques jours chaque semaine ? Être partout et nulle part à la fois : en ville, dans la nature et dans les transports. Courir pour gagner du temps, de temps en temps. Ce n’est sans doute pas la solution. Et puis ce n’est pas écolo. Alors que faire ?
Et si nous allions tous vivre loin des villes ? Que deviendraient nos campagnes ? Ne contribuerions-nous pas alors à faire disparaitre le beau, le sauvage, le paysage que nous aimons tant ? A quoi ressembleraient les espaces naturels s’ils devaient accueillir tout le monde ? La nature ne disparaitrait-elle pas progressivement pour laisser place à un paysage homogène, ni urbain, ni naturel qui ressemblerait à nos actuelles zones périurbaines ? Et que deviendraient alors les villes, vidées d’une grande partie de leurs habitants ? Sans la densité humaine et l’énergie qu’elles concentrent, ne perdraient-elles pas leur intérêt principal ? Paris deviendrait-elle une ville fantôme ou un parc d’attraction pour touristes ? De nombreux bâtiments sans intérêt patrimonial seraient laissés à l’abandon, tandis que d’autres, conservés et entretenus feraient partie du décor. La nature pourrait-elle reprendre le dessus et envahir les rues désertes de la capitale ?
Et si nous ne partions pas ? Parce que la ville a quand même de bons côtés et qu’au fond on l’aime bien : son énergie incessante, les rencontres imprévues, la proximité des autres, de tous, l’offre culturelle infinie et la frustration de ne jamais tout voir, tout faire, les lumières qui font de Paris une fête, les possibilités infinies qui nous sont offertes et dont nous nous saisissons à l’occasion quand nous le souhaitons. Et si nous refusions de nous distancier ? Et si nous refusions de nous assoir et d’attendre que tout change ou que tout redevienne comme avant ? Et si nous voulions prendre des risques ?
La population mondiale ne cesse d’augmenter et les villes sont sans doute nécessaires pour protéger les campagnes et permettre la survie de notre planète. Alors comment contribuer à la rendre non seulement plus vivable mais viable : à la fois agréable et respectueuse ? Comment nous, architectes, urbanistes ou ingénieurs pouvons-nous imaginer l’évolution de nos villes pour que le monde de demain ne soit pas celui d’hier, en pire ? Comment ne pas être une génération passive qui contemple depuis son canapé ou depuis une terrasse de café l’effondrement de notre monde, la destruction de notre planète, de notre culture et des connaissances que nous avons développées des siècles durant ? Devons-nous accepter de tout chambouler ? Comment ? A quelle vitesse ? Pourquoi ? Par où commencer ?
Et si le monde de demain était le même que celui d’avant ? Et si rien ne changeait ? Et si nous ne faisions rien d’autre que des balcons plus larges, des logements pour télétravailleurs ou des toitures végétalisées ? Et si la normalité se réinstallait trop vite, balayant nos rêves, notre révolte, nos aspirations avant même qu’ils n’aient eu le temps d’émerger ?
Et si nous quittions tous la ville pour nous installer à la campagne, pour changer de vie, pour avoir de l’espace et vivre dans la nature ? Et si nous abandonnions nos vies citadines et nous échappions avec nos amis, nos amoureux ou nos familles vivre ailleurs ? Ailleurs où ? Dans la nature, sauvage si possible, loin des autres pour avoir de l’espace, du temps, s’éloigner du bruit et de l’agitation : à la montagne, dans la forêt, au bord de la mer, d’un lac ou d’une rivière ? Nous nous surprenons à penser, tout à coup, que nous pourrions être heureux autrement.
Les villes concentrent les entreprises, le haut débit, les théâtres, les cinémas, les universités, les lieux d’échange et de débat mais aussi les personnes. Malgré notre envie de nature, nous avons conscience que nous aurions du mal à nous passer de tout ça. Alors pourrions-nous diviser notre temps pour tout avoir ? Pourrions-nous vivre à la fois en ville et à la campagne ? Pourrions-nous devenir des nomades ? Mais cela n’impliquerait-il pas de courir encore plus, de n’être vraiment nulle part et de démultiplier nos besoins dans deux endroits distincts dans lesquels nous ne passerions que quelques jours chaque semaine ? Être partout et nulle part à la fois : en ville, dans la nature et dans les transports. Courir pour gagner du temps, de temps en temps. Ce n’est sans doute pas la solution. Et puis ce n’est pas écolo. Alors que faire ?
Et si nous allions tous vivre loin des villes ? Que deviendraient nos campagnes ? Ne contribuerions-nous pas alors à faire disparaitre le beau, le sauvage, le paysage que nous aimons tant ? A quoi ressembleraient les espaces naturels s’ils devaient accueillir tout le monde ? La nature ne disparaitrait-elle pas progressivement pour laisser place à un paysage homogène, ni urbain, ni naturel qui ressemblerait à nos actuelles zones périurbaines ? Et que deviendraient alors les villes, vidées d’une grande partie de leurs habitants ? Sans la densité humaine et l’énergie qu’elles concentrent, ne perdraient-elles pas leur intérêt principal ? Paris deviendrait-elle une ville fantôme ou un parc d’attraction pour touristes ? De nombreux bâtiments sans intérêt patrimonial seraient laissés à l’abandon, tandis que d’autres, conservés et entretenus feraient partie du décor. La nature pourrait-elle reprendre le dessus et envahir les rues désertes de la capitale ?
Et si nous ne partions pas ? Parce que la ville a quand même de bons côtés et qu’au fond on l’aime bien : son énergie incessante, les rencontres imprévues, la proximité des autres, de tous, l’offre culturelle infinie et la frustration de ne jamais tout voir, tout faire, les lumières qui font de Paris une fête, les possibilités infinies qui nous sont offertes et dont nous nous saisissons à l’occasion quand nous le souhaitons. Et si nous refusions de nous distancier ? Et si nous refusions de nous assoir et d’attendre que tout change ou que tout redevienne comme avant ? Et si nous voulions prendre des risques ?
La population mondiale ne cesse d’augmenter et les villes sont sans doute nécessaires pour protéger les campagnes et permettre la survie de notre planète. Alors comment contribuer à la rendre non seulement plus vivable mais viable : à la fois agréable et respectueuse ? Comment nous, architectes, urbanistes ou ingénieurs pouvons-nous imaginer l’évolution de nos villes pour que le monde de demain ne soit pas celui d’hier, en pire ? Comment ne pas être une génération passive qui contemple depuis son canapé ou depuis une terrasse de café l’effondrement de notre monde, la destruction de notre planète, de notre culture et des connaissances que nous avons développées des siècles durant ? Devons-nous accepter de tout chambouler ? Comment ? A quelle vitesse ? Pourquoi ? Par où commencer ?
Et si le monde de demain était le même que celui d’avant ? Et si rien ne changeait ? Et si nous ne faisions rien d’autre que des balcons plus larges, des logements pour télétravailleurs ou des toitures végétalisées ? Et si la normalité se réinstallait trop vite, balayant nos rêves, notre révolte, nos aspirations avant même qu’ils n’aient eu le temps d’émerger ?
Helena Hiriart, Mai 2020