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Et si l’architect(ur)e prenait soin des soignants ?
« Penser pour panser » est un projet et une démarche née pendant la crise sanitaire lors d’une discussion entre architectes et internes en médecine.
En écoutant les besoins émanant de l’hôpital et en les associant à nos savoirs, l’idée du projet est devenue une évidence : réinventer collectivement et sensiblement les salles de vie des soignants afin de les rendre plus adaptées, plus humaines et plus réconfortantes.
Questionner notre métier
Cette crise sanitaire nous amène à nous questionner sur notre société, son mode de fonctionnement, son modèle économique et révèle ses failles. Aujourd’hui, plus que jamais, chaque citoyen, à son échelle, s’interroge et se questionne sur l'avenir, sur l’après et sur ce que l’on peut apporter à la société de demain.Nous avons observé un monde fonctionnant grâce aux acteurs indispensables de la société : soignants, caissiers, postiers, agriculteurs, éboueurs, policiers, pompiers, chauffeurs, livreurs….Mais où étions nous, nous architectes ?
Nous sommes pourtant une profession d’intérêt public, indispensable à la fabrication de la ville, qui avons construit et dessiné tous ces logements pour que chacun ait un toit. Nous n’étions pas sur « le front », mais bien en attente, en suspens, parfois seuls face à nos doutes et à nos hésitations, à dessiner depuis chez nous, nos utopies pour demain.
Observer l'hôpital
Pourtant, au sein de l’hôpital, de nombreux particuliers et professionnels se sont spontanément engagés aux côtés des soignants pour leur offrir un quotidien plus supportable lors de la crise du Covid-19. Pour les soulager, les remercier et comme témoignage de notre reconnaissance, le personnel hospitalier a ainsi bénéficié de la distribution de nombreux repas, de dons de matériel mais aussi des services de coiffeurs, masseurs, fleuristes, cours de sport qui ont apporté gaieté et légèreté au sein de l’hôpital.Mais que reste-t il de ces actions ? Déjà les applaudissements peinent à se faire entendre et chaque entreprise tente, tant bien que mal, de relancer son activité économique abandonnant peu à peu les hôpitaux.
Il ne s’agit pas là d’une simple crise temporaire, l’hôpital se portait mal bien avant l’arrivée du Covid-19. Celle ci révèle simplement aux yeux de tous (et notamment à ceux qui les gardaient fermés) les graves difficultés d’exercice rencontrées au quotidien par le personnel hospitalier. Et pourtant la plupart sont connues depuis de nombreuses années. Leurs activités sont souvent menées dans des conditions éprouvantes, mettant parfois en jeu leur santé physique mais aussi psychologique.
La genèse - Penser pour panser
L’idée du projet “penser pour panser” est née de ce constat. Il est ressorti de nos échanges avec les soignants que les salles de vie du personnel (salles de détentes, salles de repos, chambres de garde...) étaient souvent peu adaptées aux besoins réels. Une architecture, pérenne, pourrait être mise au profit du système hospitalier afin de repenser le soin et soutenir les soignants dans leurs conditions d’exercice.Aussi l’idée de ce projet à pris corps : réaménager ces espaces en des lieux plus accueillants, chaleureux et réconfortants, nécessaires au bien-être du personnel et à l’accomplissement de leurs missions auprès des patients.
L’architecture peut faire peau: entourer, soutenir et protéger.
Le processus - Penser pour panser
Le projet a été imaginé comme une démarche basée sur le vivant et l’existant :D’une part, l’ensemble du personnel hospitalier sera invité à prendre part à la conception. Leurs ressentis, leurs paroles et leurs expériences sont l’essence même de l’intervention afin qu’elle soit au plus près des réalités et des besoins du terrain. C’est à nous de trouver les outils adaptés pour co-concevoir sans perturber leur quotidien déjà épuisant.
Par ailleurs, à l’image des soignants, l’espace hospitalier demande lui aussi à être écouté avec justesse, afin de définir de façon raisonnée les lieux qui pourraient être réinvestis et repensés.
Proposer la rupture avec l’environnement hospitalier aseptisé pourrait être une réponse afin de dessiner des espaces plus adaptés aux besoins. Le personnel pourrait alors faire coupure : rire, se reposer, respirer…
Nous devons être inventifs et nous servir des outils architecturaux et sensitifs, comme la lumière, les matières, les couleurs, les positions du corps, les odeurs, l’acoustique ou encore la température afin de créer ces espaces propices au repos et à l’évasion.
Aujourd'hui et demain ?
Aujourd’hui “penser pour panser” s’écrit, se dessine et se formalise. Différents corps de métier ont rejoint l’idéologie, tous convaincus que le processus de penser proposé est essentiel au bien-être des soignants et à la réinvention de l'hôpital de demain. Des discussions sont en cours avec des centres hospitalier intéressés par cette démarche collective, spontanée et en dehors des cheminements classiques. Preuve que des utopies réalistes nées dans nos imaginaires confinés peuvent exister durablement pour demain.Durant cette crise certains ont pansé les humains et d’autres ont repensé le monde, alors n’est il pas l’heure de penser ensemble? Prendre le temps d’écouter et d’observer et pas uniquement lorsque le monde entier s'arrête et se tait? Pouvons-nous nous engager à œuvrer pour le bien commun, construire de façon raisonnée et responsable et peut-être trouver le remède aux autres virus si bien établis de nos sociétés?
Aventures à suivre...
Constellations Studio, Mai 2020