Cette fonctionnalité requiert l'utilisation de cookies
Vous pouvez modifiez vos préférences cookies ici
Il est temps de changer notre considération de la valeur de l’architecture ; et plus globalement, notre manière de créer de la valeur. Regardons le monde dans toute sa complexité pour remplacer l’artifice du spectaculaire par la profondeur de l’intensité. Défendons une architecture bien construite, dont la durabilité n’est pas règlementaire ou normative. Il est urgent d’interroger l’inscription temporelle de l’architecture.
Le temps est la grande victime de notre société. La non durabilité des modes de production, de déplacement et de réflexion contamine avec une vitesse accrue toutes les disciplines et toutes les industries. L’architecture n’échappe pas à cette contamination. Elle est uniformisée, dématerialisée, coupée de toute origine et parfois même de toute réalité.
Il ne suffit plus de construire de l’architecture, il faut faire patrimoine. Alors comment faire patrimoine ?
Le patrimoine est à entendre comme la chaine des dépendances qui relie un projet à son site. Le patrimoine est à la fois une culture et un outil pour fabriquer de l’architecture. Il est une matière où puiser. Il est un socle pour bâtir. Il est une mémoire vive et un but à atteindre. Pour un œil en quête de singularités, un site regorge toujours d’histoires, de géométries et d’orientations particulières. Ce sont des fragments offerts pour la conception ; ce sont des clés de compréhension du lieu. Valorisons une créativité issue de l’histoire des lieux. Notre connaissance des savoir-faire et des traditions démultiplie les capacités d’innovation.
Cette valorisation du patrimoine a des conséquences constructives car elle introduit une triple dépendance entre forme, structure et matériau. Depuis ses origines, l’architecture est corrélée à un langage structurel. L’architecture est profondément liée à la pensée de la construction car notre condition d’existence n’a jamais changé : nous sommes soumis à la gravité terrestre. Bâtir c’est définir un système constructif qui sera l’expression d’une force à opposer à la gravité, soit pour franchir soit pour s’élever. La gravité est à l’origine d’une relation essentielle entre l’architecture et la construction. C’est la permanence intrinsèque de l’architecture. Aujourd’hui beaucoup d’architectes dissocient l’expression architecturale du bâtiment et son principe constructif. L’abstraction constructive défait la relation de dépendance entre construction et forme. Si on ne défend pas le rapport de dépendance entre la forme et la construction, on risque de transformer l’acte de bâtir en un simple assemblage de produits industriels standardisés. Ce sont alors ces produits, et non pas l’architecte, qui conditionnent les formes architecturales.
Réfléchir aux matériaux pour faire patrimoine c’est aussi s’interroger sur leur mode d’approvisionnement, sur la disponibilité des ressources et leur lieu d’extraction. La matière est rattachée à un contexte. Par nature, elle est localisée. Cette lecture localisée de la matière est totalement brouillée par les logiques économiques contemporaines.
Si on renonce à cette lecture contextuelle de la matière, nous aurons à terme les mêmes matériaux partout, ce qui veut aussi dire les mêmes structures et les mêmes formes architecturales ; dans le monde entier. Apprendre à lire les caractéristiques du lieu doit nous permettre de trouver la ressource principale du projet, sa matière, sa structure et sa forme.
Faire patrimoine est un moyen d’atteindre une réelle efficacité énergétique. Il est nécessaire pour cela de réfléchir la conception comme une hiérarchie entre le variant et l’invariant. Cela revient à envisager l’acte de bâtir en deux temps clairement distinct. Le temps de l’invariant : c’est la structure, entendue dans son sens large. C’est elle qui fait la forme. C’est elle qui filtre la lumière. C’est elle qui donne la trame de l’organisation de l’espace. Le variant c’est l’usage, et tous les éléments qui y sont rattachés. Le variant est par essence obsolescent : les usages se transforment, les normes changent, la technique évolue. Ainsi faire patrimoine c’est installer un bâtiment dans la durée en lui donnant dès sa conception le potentiel de son évolution et de sa transformation. C’est prendre acte que le projet n’a pour but que lui-même. C’est en devenant inefficient et inactuel qu’il atteint sa justesse.
Faire patrimoine est un engagement d’avenir. C’est prendre acte de la responsabilité sociale qu’implique l’acte de bâtir. C’est envisager dès sa construction qu’un bâtiment a un rôle à jouer par rapport à la ville, aux habitants, aux ressources mais aussi par rapport au temps.
Le temps est la grande victime de notre société. La non durabilité des modes de production, de déplacement et de réflexion contamine avec une vitesse accrue toutes les disciplines et toutes les industries. L’architecture n’échappe pas à cette contamination. Elle est uniformisée, dématerialisée, coupée de toute origine et parfois même de toute réalité.
Il ne suffit plus de construire de l’architecture, il faut faire patrimoine. Alors comment faire patrimoine ?
Le patrimoine est à entendre comme la chaine des dépendances qui relie un projet à son site. Le patrimoine est à la fois une culture et un outil pour fabriquer de l’architecture. Il est une matière où puiser. Il est un socle pour bâtir. Il est une mémoire vive et un but à atteindre. Pour un œil en quête de singularités, un site regorge toujours d’histoires, de géométries et d’orientations particulières. Ce sont des fragments offerts pour la conception ; ce sont des clés de compréhension du lieu. Valorisons une créativité issue de l’histoire des lieux. Notre connaissance des savoir-faire et des traditions démultiplie les capacités d’innovation.
Cette valorisation du patrimoine a des conséquences constructives car elle introduit une triple dépendance entre forme, structure et matériau. Depuis ses origines, l’architecture est corrélée à un langage structurel. L’architecture est profondément liée à la pensée de la construction car notre condition d’existence n’a jamais changé : nous sommes soumis à la gravité terrestre. Bâtir c’est définir un système constructif qui sera l’expression d’une force à opposer à la gravité, soit pour franchir soit pour s’élever. La gravité est à l’origine d’une relation essentielle entre l’architecture et la construction. C’est la permanence intrinsèque de l’architecture. Aujourd’hui beaucoup d’architectes dissocient l’expression architecturale du bâtiment et son principe constructif. L’abstraction constructive défait la relation de dépendance entre construction et forme. Si on ne défend pas le rapport de dépendance entre la forme et la construction, on risque de transformer l’acte de bâtir en un simple assemblage de produits industriels standardisés. Ce sont alors ces produits, et non pas l’architecte, qui conditionnent les formes architecturales.
Réfléchir aux matériaux pour faire patrimoine c’est aussi s’interroger sur leur mode d’approvisionnement, sur la disponibilité des ressources et leur lieu d’extraction. La matière est rattachée à un contexte. Par nature, elle est localisée. Cette lecture localisée de la matière est totalement brouillée par les logiques économiques contemporaines.
Si on renonce à cette lecture contextuelle de la matière, nous aurons à terme les mêmes matériaux partout, ce qui veut aussi dire les mêmes structures et les mêmes formes architecturales ; dans le monde entier. Apprendre à lire les caractéristiques du lieu doit nous permettre de trouver la ressource principale du projet, sa matière, sa structure et sa forme.
Faire patrimoine est un moyen d’atteindre une réelle efficacité énergétique. Il est nécessaire pour cela de réfléchir la conception comme une hiérarchie entre le variant et l’invariant. Cela revient à envisager l’acte de bâtir en deux temps clairement distinct. Le temps de l’invariant : c’est la structure, entendue dans son sens large. C’est elle qui fait la forme. C’est elle qui filtre la lumière. C’est elle qui donne la trame de l’organisation de l’espace. Le variant c’est l’usage, et tous les éléments qui y sont rattachés. Le variant est par essence obsolescent : les usages se transforment, les normes changent, la technique évolue. Ainsi faire patrimoine c’est installer un bâtiment dans la durée en lui donnant dès sa conception le potentiel de son évolution et de sa transformation. C’est prendre acte que le projet n’a pour but que lui-même. C’est en devenant inefficient et inactuel qu’il atteint sa justesse.
Faire patrimoine est un engagement d’avenir. C’est prendre acte de la responsabilité sociale qu’implique l’acte de bâtir. C’est envisager dès sa construction qu’un bâtiment a un rôle à jouer par rapport à la ville, aux habitants, aux ressources mais aussi par rapport au temps.
Simon Campedel (FP01) et Mathias Gervais de Lafond (Particules élémentaires), Mai 2020