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Que faire après : la question est importante. Le champ est immense, et sans doute est-il trop tôt pour détricoter avec subtilité l’ensemble des points de ruptures qui s’annoncent. Certes les constats sont nombreux, comme la qualité insuffisante des logements pour les personnes les moins favorisées, mais aussi la difficulté d’adaptation de nos lieux de vies et de transports aux contraintes actuelles de préservation de notre santé collective. Et si la question se pose, c’est que nous estimons que d’autres épisodes surviendront. La question est donc éminemment liée au développement durable, et elle sort du seul champ de l’écologie au sens commun où nous l’entendons.
La question essentielle est ainsi celle de savoir quelle est la place de l’être dans le monde à venir, et dont nous voyons maintenant mieux les contours. Un monde édifié qui contribue à valoriser l’environnement, au-delà du simple fait de vouloir le préserver. Un monde dans lequel l’Homme s’insère avec justesse, et qu’il ne cherchera plus à organiser en fonction de projets qu’il imagine seul sans consulter la nature environnante. Nous devons considérer l’Homme et ses projets comme des élément du monde, et non plus comme étant supérieurs à lui. Et pour cela, il faut s’affranchir de penser par la technique, et par la technologie.
Un point d’entrée dans la réflexion de ce qu’il conviendra de faire après se trouve dans le confinement subi par nous tous, et en particulier par celles et ceux qui l’éprouvent dans des conditions difficiles. La raison en est simple : sans autre rapport physique au monde que les murs qui nous entourent, aussi bienveillants soient-ils, l’ensemble de notre être tourne en rond : dans un espace clos où il sent qu’il devra se contenter de ce lieu pour vivre ses états intérieurs. Un logement qui n’est pas en mesure de les accueillir pleinement n’est pas un habitat, mais un abri, pour reprendre les termes de Martin Heidegger[1]. Limiter la réflexion à la résolution de problèmes, aussi complexes soient-ils, c’est se contenter de construire un abri. S’intéresser à l’habitation c’est dépasser l’utilitaire, le normatif, l’habituel, le courant, le standard. C’est réinterroger à tous les moments et en chaque endroit du projet que nous concevons sa capacité à accueillir notre humanité dans tous ses états. Ce n’est pas concevoir à partir d’une intention architecturale, mais en fonction de ce qui pourra s’y dérouler. C’est aussi concevoir un projet qui restitue au monde autant qu’il lui aura emprunté, voire plus encore.
Il ne suffit pas d’avoir à disposition un confort matériel, une surface suffisante pour un ensemble d’usages, de vues, ou de lumière naturelle abondante. Ce qui s’y déroule est prédominant. Et il est exacerbé en cas d’impossibilité d’en sortir, comme dans le cas du confinement. Nous en connaissons les conséquences. Bien habiter, être bien dans son logement, c’est avant tout pouvoir éprouver un lien intime et sensuel entre le lieu où l’on habite et soi-même, et ainsi disposer des conditions d’être bien ensemble en ce lieu. L’architecture ne doit pas restreindre notre rapport au monde, et donc notre rapport à nous-même.
Il convient donc de s’intéresser à l’être de chaque chose qui constitue le projet, depuis le monde qu’il doit valoriser jusqu’à l’intimité des êtres qui s’adresseront à lui. Et il s’agit ici de considérer l’ensemble du vivant, de l’accueillir dans les projets que nous édifions. Et si nous voulons considérer l’humain au titre d’une personne entretenant un rapport particulier au monde qui l’entoure, il faut considérer en premier lieu sa sensualité : ce qu’il éprouve à travers ses sens, et ce qui fait sens pour lui. Ceci doit sous-tendre tout le reste.
La première chose à faire est de se focaliser sur les scènes sensuelles et sensibles que l’on propose. Quels horizons donnons-nous à l’humanité, à chacun comme à l’ensemble du vivant ? Il s’agit de questionner le rapport de l’usager à l’espace, à la matière, cette sensualité consciente et inconsciente qu’il entretient avec ce qui l’entoure et qui s’offre à lui. Il faut étendre l’architecture à tous les sens : au toucher, à l’ouïe, à l’odorat…, et à notre capacité inconsciente de ressentir l’espace dans lequel nous sommes et nous nous mouvons.
Cette attention à la sensualité contribuera à l’esthétique des projets, à leur efficience économique et environnementale. Car ils seront sincères. La rationalité permet de construire des abris, pas des habitats. L’attention à la sensualité de l’architecture permet de répondre à ce besoin profond de l’être d’aller à la rencontre de lui-même par-delà la pensée, de trouver un écrin bienveillant pour vivre cette intimité. C’est ainsi que l’on pourra estimer l’habitabilité d’un logement. Et plus encore dans les conditions exacerbées d’un confinement.
Que faire concrètement ? Rompre avec la façon systémique d’aborder le projet, pour concevoir avec sensualité. Rompre avec les formes classiques de l’habitat en considérant l’extérieur perceptible comme étant un espace que nous habitons. Créer des projets authentiques : faire confiance à l’humain pour rencontrer des projets spécifiques qui auront été conçu avec expressivité, exigence et humilité. Comprendre et assumer que les bâtiments s’adressent à nous, et s’adressent les uns aux autres. Rompre avec le systématisme du parallélisme qui limite nos perceptions sensorielles. Comprendre qu’introduire le subjectif, le beau, et l’attention sensible au cœur du projet peut renforcer son économie. Limiter autant que possible la technologie, sortir du bluff technologique que trop souvent elle propose. Et enfin, utiliser les scénarios de confinement ou de distanciation pour mettre à l’épreuve les projets que nous concevrons.
Il est temps, semble-t-il, d’estimer moins pauvrement l’être de chaque chose que nous proposons dans nos projets, en le faisant avec humilité, empathie, sensualité et exigence. Considérons chaque projet comme une semence sur laquelle nous veillons pour qu’elle trouve sa place dans le monde. Cela conduira à une nouvelle éthique humaniste adressant les lieux que nous proposons aux gens qui y habiteront.
La question essentielle est ainsi celle de savoir quelle est la place de l’être dans le monde à venir, et dont nous voyons maintenant mieux les contours. Un monde édifié qui contribue à valoriser l’environnement, au-delà du simple fait de vouloir le préserver. Un monde dans lequel l’Homme s’insère avec justesse, et qu’il ne cherchera plus à organiser en fonction de projets qu’il imagine seul sans consulter la nature environnante. Nous devons considérer l’Homme et ses projets comme des élément du monde, et non plus comme étant supérieurs à lui. Et pour cela, il faut s’affranchir de penser par la technique, et par la technologie.
Un point d’entrée dans la réflexion de ce qu’il conviendra de faire après se trouve dans le confinement subi par nous tous, et en particulier par celles et ceux qui l’éprouvent dans des conditions difficiles. La raison en est simple : sans autre rapport physique au monde que les murs qui nous entourent, aussi bienveillants soient-ils, l’ensemble de notre être tourne en rond : dans un espace clos où il sent qu’il devra se contenter de ce lieu pour vivre ses états intérieurs. Un logement qui n’est pas en mesure de les accueillir pleinement n’est pas un habitat, mais un abri, pour reprendre les termes de Martin Heidegger[1]. Limiter la réflexion à la résolution de problèmes, aussi complexes soient-ils, c’est se contenter de construire un abri. S’intéresser à l’habitation c’est dépasser l’utilitaire, le normatif, l’habituel, le courant, le standard. C’est réinterroger à tous les moments et en chaque endroit du projet que nous concevons sa capacité à accueillir notre humanité dans tous ses états. Ce n’est pas concevoir à partir d’une intention architecturale, mais en fonction de ce qui pourra s’y dérouler. C’est aussi concevoir un projet qui restitue au monde autant qu’il lui aura emprunté, voire plus encore.
Il ne suffit pas d’avoir à disposition un confort matériel, une surface suffisante pour un ensemble d’usages, de vues, ou de lumière naturelle abondante. Ce qui s’y déroule est prédominant. Et il est exacerbé en cas d’impossibilité d’en sortir, comme dans le cas du confinement. Nous en connaissons les conséquences. Bien habiter, être bien dans son logement, c’est avant tout pouvoir éprouver un lien intime et sensuel entre le lieu où l’on habite et soi-même, et ainsi disposer des conditions d’être bien ensemble en ce lieu. L’architecture ne doit pas restreindre notre rapport au monde, et donc notre rapport à nous-même.
Il convient donc de s’intéresser à l’être de chaque chose qui constitue le projet, depuis le monde qu’il doit valoriser jusqu’à l’intimité des êtres qui s’adresseront à lui. Et il s’agit ici de considérer l’ensemble du vivant, de l’accueillir dans les projets que nous édifions. Et si nous voulons considérer l’humain au titre d’une personne entretenant un rapport particulier au monde qui l’entoure, il faut considérer en premier lieu sa sensualité : ce qu’il éprouve à travers ses sens, et ce qui fait sens pour lui. Ceci doit sous-tendre tout le reste.
La première chose à faire est de se focaliser sur les scènes sensuelles et sensibles que l’on propose. Quels horizons donnons-nous à l’humanité, à chacun comme à l’ensemble du vivant ? Il s’agit de questionner le rapport de l’usager à l’espace, à la matière, cette sensualité consciente et inconsciente qu’il entretient avec ce qui l’entoure et qui s’offre à lui. Il faut étendre l’architecture à tous les sens : au toucher, à l’ouïe, à l’odorat…, et à notre capacité inconsciente de ressentir l’espace dans lequel nous sommes et nous nous mouvons.
Cette attention à la sensualité contribuera à l’esthétique des projets, à leur efficience économique et environnementale. Car ils seront sincères. La rationalité permet de construire des abris, pas des habitats. L’attention à la sensualité de l’architecture permet de répondre à ce besoin profond de l’être d’aller à la rencontre de lui-même par-delà la pensée, de trouver un écrin bienveillant pour vivre cette intimité. C’est ainsi que l’on pourra estimer l’habitabilité d’un logement. Et plus encore dans les conditions exacerbées d’un confinement.
Que faire concrètement ? Rompre avec la façon systémique d’aborder le projet, pour concevoir avec sensualité. Rompre avec les formes classiques de l’habitat en considérant l’extérieur perceptible comme étant un espace que nous habitons. Créer des projets authentiques : faire confiance à l’humain pour rencontrer des projets spécifiques qui auront été conçu avec expressivité, exigence et humilité. Comprendre et assumer que les bâtiments s’adressent à nous, et s’adressent les uns aux autres. Rompre avec le systématisme du parallélisme qui limite nos perceptions sensorielles. Comprendre qu’introduire le subjectif, le beau, et l’attention sensible au cœur du projet peut renforcer son économie. Limiter autant que possible la technologie, sortir du bluff technologique que trop souvent elle propose. Et enfin, utiliser les scénarios de confinement ou de distanciation pour mettre à l’épreuve les projets que nous concevrons.
Il est temps, semble-t-il, d’estimer moins pauvrement l’être de chaque chose que nous proposons dans nos projets, en le faisant avec humilité, empathie, sensualité et exigence. Considérons chaque projet comme une semence sur laquelle nous veillons pour qu’elle trouve sa place dans le monde. Cela conduira à une nouvelle éthique humaniste adressant les lieux que nous proposons aux gens qui y habiteront.