18 mai 2020

Rêves d’égalité et clapiers de rêves…

Vladimir Doray et Benjamin Gauthier

Architectes
Un personnage chute du haut d’un building en se disant à chaque étage "Jusqu'ici tout va bien". L’introduction de ce film, « la haine », qui décrivait en 1995 les pérégrinations de gens normaux dans une situation intenable nous suffit. Quel est ce personnage? Quelle hémisphère représente-il ? Y-a-t-il un sol ? Imagine-t-on un parachute magique ou des ailes dont l’architecture se rééquilibrerait en permanence ? A d'autres les nécessaires développements, les belles reformulations. A nous, l'exposé d'une idée simple, qui dans le contexte actuel pourrait prendre le vent, une plume, qui sans résoudre grand-chose, participerait d'un mieux vivre salutaire.

Nous parlons de logement, plus précisément de logement social, plus spécifiquement de logement social ancien, vétuste ou inadapté dont les effets délétères ont éclaté au grand jour à l'impact de cette période d'incarcération nationale.

La rénovation par l'enveloppe est nécessaire mais elle ne suffit pas.
Rajouter des balcons c'est chouette mais ça ne suffit pas.

Remodeler le bâti avec des extensions c'est sympa donc utile mais c’est un peu vain.

Une solution serait de recloisonner librement chaque appartement du parc locatif social comme on le fait depuis des siècles dans le logement privé,ça rendrait les logements agréables, ça contribuerait à enrayer la spirale du consentement à habiter là en dernier recours.

« Oulàlà c'est compliqué ! »

Ce qui est compliqué c'est de rendre attractifs des logements trop petits, trop mal fichus, inadaptés aux usages, sans modifier les appartements.

Ce qui est compliqué c’est de refaire tous les appartements d’un coup après une rénovation thermique à 35 000 euros par logement.

Ce qui est cher c’est de faire repartir pour 30 ans des appartements inconfortables après les avoir bricolés en milieu occupé.

Ce qui est long c’est les opérations tiroir (dans cette période ou tout ce qui est positif commence par « re » le tiroi - « re » prend les choses à l’envers).

Ce qui est simple c'est de dissocier le traitement global de l'enveloppe et le traitement singulier du cloisonnement. Un gros chantier d’un côté, une série de petits chantiers de l’autre.

Ce qui tourne bien c’est d’intervenir constamment sur un parc de logements, un tout petit chantier après l’autre à mesure que les logements se libèrent.

Ce qui est maitrisé c'est de recloisonner selon des variantes préétablies avec une petite entreprise et un cabinet d'architectes du coin (ne sommes-nous pas comme des coiffeurs, artisans raccrochés au territoire, aux gens et au temps ?).

Ce qui accélère le processus c’est de proposer le logement restructuré à des habitants de l’immeuble puis de restructurer l’appartement qu’ils libèrent.

Ce qui est généreux et efficace c'est de demander à la dame du 3ème avec ses deux enfants si elle ne préfèrerait pas, à surface égale déménager de son T5 biscornu à un T4 sympa à l'étage d'en dessous. On pourra même lui demander son avis avant de faire les travaux.

Ce qui est gérable avec un tableur Excel, c'est de référencer les plans de logements pour savoir où on en est. Ce qui m'échappe, c'est la gymnastique des bailleurs pour faire suivre le recensement de son parc et la comptabilité afférente mais peut être que ça en vaut la peine ?

Voilà, re-cloisonner au cas par cas, l'idée est si simple qu'on hésite à en faire état ! Cela se fait déjà partiellement et trop timidement. Amis bailleurs tout part de votre engagement, le moment est peut-être venu de basculer vers une gestion du patrimoine plus cool et plus efficace !?

Vladimir Doray (WRA) et Benjamin Gauthier (BGA), Mai 2020

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