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© Trax
Nous voici reclus chez-nous, libres entre quatre murs, coupés de l’espace public contaminé.
Si le confinement redonne une place primordiale au chez-soi, il marque par conséquent encore plus les inégalités d’accès au logement et à la sécurité. S’il redéfinit la notion et les limites du chez-soi, « le monde d’après » doit être le lieu de nouvelles réponses.
Et demain, on fait quoi ?
Justement, et si on arrêtait de faire, de répondre à des cahiers des charges honteux, de construire sur des terres agricoles, de déshabiller certains projets initialement louables pour de la construction en béton, parce que les promoteurs ont peur (et avec la « crise », ça va y aller !).
Et si on arrêtait de construire ? Encore et toujours les mêmes logements, clonés, fermés, voraces, attribués.
J’entends ; il est difficile de ne faire que du social et biosourcé pour pouvoir se payer et vivre, il est quand même plus gratifiant de faire du neuf que d’isoler. J’entends, mais je ne comprends plus comment on peut raisonnablement dormir là-dessus.
Surtout lorsque tous les jours on nous répète « restez chez vous ! », alors que d’autres n’ont pas de lieu qu’ils aimeraient appeler « chez eux ».
Il existe des dizaines de milliers de logements, bureaux, mètres carrés vacants en Ile-de-France, et tout autant de personnes à la rue.
Il existe encore plus de logements insalubres, moisis, en sous-sol, infestés de cafards, de plomb, d’amiante, qui tuent, coutent au climat, à la santé, à l’état.
Non n°1 : Refuser
Refuser les appels d’offre jugés contraires à des valeurs sociales et écologiques non négociables.
Prendre le temps d’analyser la demande et son programme et expliquer que non, nous ne construirons pas en ces termes ou en ces lieux.
Non n°2 : Ouvrir.
Puisque ni les municipalités ni les préfectures n’appliquent la loi de réquisition existante, allons projeter et occuper ces espaces qui comme ceux que nous dessinons aujourd’hui l’ont été pour être habités et non spéculés.
Nous devrons nous allier avec des personnes de terrain, des associations, des spécialistes du droit. Il s’agit de redéfinir le rôle de l’architecte et ses modes d’action. Nous devrons ouvrir notre profession pour ouvrir des lieux existants et aider à loger les gens.
Non n°3 : Améliorer
Prenons le temps d’observer, parcourons la ville, allions-nous à nouveau aux associations qui revendiquent le droit aux logements dignes.
Prenons les devants sur les demandes de rénovation, proposons des formations de construction, donnons envie aux entreprises et maitrise d’ouvrage de mettre en œuvre des matériaux non polluants, biosourcés et locaux. Agissons à la petite échelle : dire aux habitants des quartiers qui font l’objet d’une réhabilitation énergétique que leurs problèmes spécifiques ne font pas partie de l’objet de la commande ne peut plus être une réponse entendable. Vivre convenablement dépend de pouvoir se loger convenablement.
Alors demain, après ce temps contraint et recentré, l’architecture devra elle aussi se radicaliser : revenir à l’origine, à la racine de ce pour quoi elle compose : accueillir, abriter, loger.