11 mai 2020

Prisonniers volontaires...

NOMAA


 … nous avons eu le temps, pour ceux qui sont restés dans les métropoles, de réaliser ce qui nous a vraiment manqué : la liberté, l'espace et la nature.
Cette crise sans précédent a (re)mis au cœur des enjeux la forme de l’habitat : comment réaliser des logements où l'espace et le calme ne sont plus un luxe ? Comment offrir plus d’espaces extérieurs, sans accroître l'artificialisation des sols ? Comment répondre aux nécessités de polyvalence d’usages, voire d’une certaine autarcie ?

Ces préoccupations existaient déjà bien avant la crise sanitaire, les idées ont été amorcées et parfois mises en œuvre pour réaliser plus de logements, notamment par les appels à projets et l’évolution des réglementations.

Mais cette crise inédite et ses conséquences économiques, sociales et sanitaires est aujourd’hui l’opportunité de réaliser non seulement des logements plus nombreux, mais aussi plus généreux, par une réflexion qui ne peut être déconnectée des territoires, des cultures, de l’économie et des financements.

Un travail collectif entre les acteurs de la construction est donc plus que jamais impératif pour conférer une autre dimension et aller plus loin dans les actions parfois déjà engagées dans de nombreuses métropoles.

Ainsi, la réduction de la place de la voiture, particulièrement en centres anciens denses ou la couverture partielle de certains grands axes comme les périphériques ou voies de chemin de fer, ont déjà, mais trop peu, permis de reconquérir des espaces publics.
L’incitation à transformer les espaces tertiaires, comme les bureaux ou équipements, en logements reste encore peu attractive.

Réviser les droits à construire par la densification verticale en faveur de mixités des fonctions, des publics, du végétal et du bâti, permettra plus de quantité conditionnée à plus de qualité.
Encourager davantage la reconversion de l'existant en simplifiant les réglementations devra faire partie des priorités.

Par ailleurs, il sera nécessaire d'organiser la connexion des métropoles pour un territoire polynucléaire : rendre attractives les villes moyennes en améliorant leur niveau d’équipement offrirait des possibilités de logement autour de pôles dynamiques, ce qui devrait contribuer à réduire la part du foncier dans le coût de l'habitat.

Enfin, il s'agira de reconsidérer les frontières entre espaces publics et privés en concédant par exemple des espaces de services communs que certains immeubles anciens ne peuvent accueillir ou encore en permettant l'appui sur le domaine public des structures de surélévations...
Personne ne peut transformer seul et nos réflexions isolées ne changeront rien. Ces transformations doivent être faites dans la concertation avec une certaine pédagogie, des mesures incitatives et beaucoup de sur mesure.

Toutes les propositions ne pourront se concrétiser que si la collectivité s'en donne les moyens : on a su les trouver quand il s’est agi de consommation énergétique, il s’agit de les trouver aujourd’hui pour favoriser les qualités spatiales du logement. C'est une réflexion sur les moyens et outils à mettre en place qu'il faut entamer avec toutes les parties prenantes, dans une stratégie de « win win », bousculant parfois des législations dépassées, voire contradictoires.

Dans le cycle vertueux de l'adhésion à un projet, un individu convaincu est à la fois un citoyen, un consommateur et un usager embarqués dans le changement.
NOMAA, Mai 2020
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