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Paris est en proie depuis des années à une pollution excessive engendrée par le tout-voiture. La ville perd ses habitants. L’espace libre et potentiel n’existe plus, tandis que la mairie essaie péniblement de reconquérir celui consacré à la voiture sous la pression des parisiens. Paris suffoque, Paris se trompe, Paris se meurt.
En parallèle de ce combat, la ville doit trouver des solutions pour héberger ses habitants les plus vulnérables, les pensionnaires des lieux dits d’enfermement. Détenus, sans-abri, réfugiés, retraités, malades psychiatriques, individus vulnérables doivent être pris en charge et aidés dans les meilleures conditions possibles. Pour se sauver, la ville de Paris doit procéder à sa propre archéologie prospective. La voiture doit être bannie et le boulevard périphérique détruit. À la place, un nouveau bâtiment sera érigé afin de permettre un retour de la nature dans la capitale.
Ce bâtiment radical est la Galerie Bienvenue, une immense infrastructure qui offre de nouvelles conditions de vie à l’intérieur de la ville pour les reclus de notre société. Construite sur trente kilomètres de variations, elle puise ses origines dans les galeries et autres monuments parisiens pris comme références. Les tensions existantes sont augmentées. Les questions de l’époque sont montrées et renforcées afin de mieux comprendre les grands enjeux contemporains.
Aujourd’hui, les résidents des lieux d’enfermement sont retenus dans des bâtiments conçus pour les écarter de la société comme les prisons, les asiles, les maisons de retraite, les foyers pour personnes sans-domicile fixe, les camps de migrants. Ces différents services publics traversent tous des crises profondes n’ayant pas pour mission de créer de la richesse. La Galerie Bienvenue abandonne la notion de privation de liberté afin d’accueillir tout le monde. Ceux qui étaient hier des parias n’ont plus de peine. Ils sont condamnés à faire des tours de Paris sur le toit de la Galerie. Alors qu’ils marchent et déambulent, ils réfléchissent à leur propre condition, effectuant une introspection surélevée, et rencontrant les citadins des environs.
Par définition, la Galerie Bienvenue se veut accueillante comme une porte continue vers la ville, en référence aux murs successifs qui ont délimité Paris tout au long de son histoire. Le bâtiment n’héberge pas seulement les reclus de la société mais aussi les parisiens et les habitants de la banlieue. Ensemble, ils deviennent tous des prisonniers vulnérables, se voyant offrir la possibilité d’intégrer cette prison alternative où ils peuvent être libres. En échange, ils travaillent et participe à la vie collective de la société parisienne. Les parisiens font de même, recréant ainsi les conditions requises pour une écologie sociale et radicale afin de délivrer la ville de Paris.
À une époque où l’architecture de la ville se veut de plus en plus verte, durable et accessible à tous, sans pour autant parvenir à être écologique, pérenne et inclusive, la Galerie Bienvenue transforme radicalement la blessure urbaine que représente le boulevard périphérique, et agit comme un véritable condensateur social. En enfermant la ville, le bâtiment se rend perméable aux transports publics, aux piétons et aux cyclistes. Libéré de tout trafic urbain, les habitants se déploient dans un environnement retrouvé mais nouveau. La nature réapparait sous la forme de champs, prairies et plages. Sans voiture, les avenues et les boulevards sont réinvestis par les parisiens. Ils redécouvrent une ville pensée pour les promeneurs et les flâneurs. Le projet questionne l’idée d’urbanité et le rôle de l’architecture dans un monde en crise.
Gabriel Chareton, Mai 2020