5 mai 2020

L´Avènement de la ville nature

Guillaume Sibaud, Olivier Raffaelli

Architectes DLPG

“La crise du Covid 19 rend indispensable la démultiplication des jardins, des terrasses, des balcons, individuels et collectifs. Ouvrir les horizons et planter partout où cela est possible"

Le confinement nous impose une évidence : la vie à l’intérieur est une vie réduite.
Dans ce contexte la qualité des logements, de leur rapport au soleil, des espaces externes individuels et collectifs proposés, devient essentielle et peut-être davantage encore que leurs tailles.
« Sortir de la grotte », respirer, prendre le soleil, garder un contact avec la nature apparaissent comme des besoins vitaux que le mode de vie urbain soumis à restriction du confinement ne garantit plus. Les loisirs et la pratique du sport en plein air ou encore une alimentation saine et locale sont des aspirations légitimes des personnes. Des valeurs aujourd’hui devenues prioritaires.
C´est d’ailleurs pour réaliser le désir d´être chez soi à l´intérieur et à l´extérieur, que les citadins ont investi le périurbain et c’est pour se mettre plus résolument “au vert” qu’ils sont devenus néo ruraux.   
La réaction naturelle aux évènements récents va certainement se traduire par un mouvement, de ceux qui le peuvent, en direction de territoires ruraux. Dans ce mouvement du global au local, les grands globaux d’hier deviendront les néo localistes véhéments. Il contribuera à disqualifier le mode de vie urbain.
Pourtant, si la ville doit être défendue comme modèle face aux défis environnementaux, l’effet de loupe de la période actuelle nous presse à mieux résoudre l’équation entre intensité urbaine et qualité de vie. 

Pour endiguer un effet de déconcentration par nature anti écologique, la ville doit pouvoir proposer un autre rapport au végétal mais aussi un autre rapport intérieur / extérieur au sein même de l’habitat : Un nouveau pacte désirable.
   
Il s’agira autant de reconquérir toutes les surfaces de sol abandonnées à l’artificialisation que d’exploiter toutes les surfaces construites horizontales disponibles pour potentialiser la végétalisation. Mais aussi les multiplier en créant de vastes terrasses, de les superposer et de planter. Planter partout où cela est possible, tout en veillant à ne pas recourir à des technologies énergivores et peu pérennes. 

Il sera opportun d’invoquer, à titre d’exemples, les magnifiques architectures brutalistes brésiliennes, leur rapport si particulier avec le sol, ponctuel et délicat, comme pour ne pas déranger les plantations et les masses végétales qu’elles surplombent. Étudier également la manière dont elles se parent simplement de végétation dans une grande économie de moyens. Il faudra aussi nous inspirer de la fluidité des rapports intérieur / extérieur, du construit et du végétal qu’elles donnent à voir. Et remettre en question, courageusement, à l’heure du zéro carbone, les murailles thermiques qui s’érigent autour de nos bâtiments et s’opposent à l’idée même du balcon et de la terrasse, qu’on vient accrocher comme des pots fleurs.

Penser l’enveloppe à l’horizontale plutôt qu’à la verticale c’est remettre à plat le bilan carbone des constructions, au-delà de l’approche thermique qui fige les bâtiments dans leurs usages.
Rebattre les cartes en prenant en compte tous les paramètres composant un bilan carbone d´opération sans oublier que la principale économie en la matière se réalise dans l´intelligence des mises en situation urbaine, sans émission de carbone.


Guillaume Sibaud & Olivier Raffaelli, Mai 2020
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