Cette fonctionnalité requiert l'utilisation de cookies
Vous pouvez modifiez vos préférences cookies ici
La science de l’urbanisme a toujours trouvé un écho favorable en suite de crises sanitaires ou humanitaires.
Platon déjà, dans « La République - Livre 2 » opposait la cité idéale Kallipolis à celle qui surpeuplée allait à sa perte après avoir été appauvrie par excès de luxe et problèmes sanitaires.
Leonard de Vinci, dans les écrits qui ont accompagné les plans restés inachevés de Romorantin mais également dans ceux proposés à Ludovic le More pour améliorer la gestion sanitaire du Milan de la Renaissance, préconise une gestion mesurée de la ville et en esquisse les principes. Ses plans intervenaient à la suite de guerres et d’épidémies qui dévastaient les villes de Lombardie.
Haussmann, au XIXème siècle, fut l’urbaniste des flux et circulations améliorées dans un Paris qui avait subi les révoltes ; Howard en Angleterre créait dans un même temps les premières « cités jardins » pour améliorer les conditions de vie d’une classe ouvrière jusqu’alors confinée à proximité des fabriques.
Cornudet, en France, met en place les premiers plans d’aménagement urbain à l’issue du premier conflit mondial.
A chaque crise humanitaire correspond un temps de mise en exergue des incidences de l’urbanisme.
Les solutions proposées n’ont sans doute pas toujours été à la hauteur des attentes (ou bien en ont été détournées, parfois l’évolution des attentes a fini par rendre certaines solutions obsolètes), cependant toutes ont apporté des éléments de réponse :
Que ferons nous demain ? Quel principe urbain répondra aux dysfonctionnements que nous constatons ?
Nous avons promu des métropoles à la mesure de la globalisation. Concomitamment, nous avons écarté du développement des pans entiers du territoire pour lesquels ont récemment été proposés des plans d’action, appels à idées, mesures d’accompagnement, censés apporter une solution effective à leur désertification.
Cette dichotomie a d’ailleurs trouvé ses limites préalablement à la crise que nous traversons.
Partie des populations « supra urbaines », et notamment les plus jeunes, renoncent à la concentration extrême pour retrouver un mode de vie plus qualitatif même s’il est moins rémunérateur, dans des « ailleurs » suffisamment connectés. Il ne s’agit plus d’une fuite quasi romantique ou utopiste vers des Larzac ou leurs substitués, mais bien plutôt d’un choix de travailler et vivre autrement dans des communes suffisamment équipées mais restées viables dans leurs limites et fonctions.
Une autre de ces limites s’est exprimée à travers les mouvements sociaux de 2019 qui ont mis en exergue :
La statistique résume la problématique. L’INSEE a comptabilisé 36 600 000 logements en France métropolitaine au premier janvier 2019. La population métropolitaine française en 2020 est de 67 000 000 d’habitants : 29, 2 millions de ménages. Comptabilisons nous 7 millions de résidences secondaires en France ?
Il est aisé de constater que la répartition population/ logements est déséquilibrée.
Ce manque de logements estimé au droit des métropoles correspond à une évolution des modes d’habiter doublée d’une inadéquation de l’offre et de la demande.
A contrario, les territoires excentrés disposent d’une réserve d’offre de logements inutilisés.
Une crise de la répartition du logement plutôt qu’une crise du logement
Besoins estimés en logements à partir de la population globale et d’une moyenne de 2,2 habitants par logement (sans tenir compte des différences sociétales. Les résidences secondaires n’ont pas été prises en compte, s’agissant ici d’un exercice d’approche).L’exercice peut être reproduit par commune ou par département, les besoins « moyens » restent inférieurs au nombre effectif de logements.
Cette dichotomie déséquilibre totalement les marchés immobiliers créant en conséquence des disparités dans les conditions de vie des populations.
Le prix moyen du logement à Paris ridiculise le prix d’achat du logement dans les villes excentrées (ou est ce le contraire ?).
Si la métropolisation a simplifié la tâche des investisseurs ou des chantres de l’économie globale, cette échelle globale s’est elle révélée une échelle humaine et saine ?
La carte des zones les plus exposées à l’épidémie actuelle reproduit logiquement le calque des densités urbaines. Certes, nous avons également concentré hôpitaux et centres de soins dans les métropoles, mais le relevé du seul nombre de cas déclarés nous éclaire s’il en était besoin sur l’épidémiologie de la concentration.
Il n’est plus temps de promouvoir la ville à la campagne, la mode en est passée.
La campagne à la ville est par ailleurs un vœu pieux, un verdissement élégant qui ne fera pas de mal mais restera anecdotique au regard des enjeux de notre territoire en matière de qualité de vie.
Par contre, le fait de retrouver une trame urbaine structurée, hiérarchisée pourrait participer à un renouveau urbain salutaire, dans tous les sens du terme.
Il n’y a pas de fatalité en urbanisme, mais des complexités que nous nous sommes imposées progressivement, par strates de sauvetage successives. Nous tentons de dépasser les dysfonctionnements à coup de normes, d’application de principes réglementaires détachés des contextes, sans réel succès.
Il va falloir « règlement garder » bien sûr – nous sommes en France – mais dans les interstices que laissent nos cadres réglementaires il reste matière à faire mieux et à retrouver des stratégies territoriales qui permettront d’harmoniser les forces centripètes métropolitaines et celles plus diffuses mais bien réelles constituées de l’ensemble des chainons urbains : villes moyennes, bourgs et villages qui représentent 623 000 km2, la quasi totalité du territoire français (pour mémoire, la superficie totale des grandes agglomérations françaises représente environ 20 200 km2).
Platon déjà, dans « La République - Livre 2 » opposait la cité idéale Kallipolis à celle qui surpeuplée allait à sa perte après avoir été appauvrie par excès de luxe et problèmes sanitaires.
Leonard de Vinci, dans les écrits qui ont accompagné les plans restés inachevés de Romorantin mais également dans ceux proposés à Ludovic le More pour améliorer la gestion sanitaire du Milan de la Renaissance, préconise une gestion mesurée de la ville et en esquisse les principes. Ses plans intervenaient à la suite de guerres et d’épidémies qui dévastaient les villes de Lombardie.
Haussmann, au XIXème siècle, fut l’urbaniste des flux et circulations améliorées dans un Paris qui avait subi les révoltes ; Howard en Angleterre créait dans un même temps les premières « cités jardins » pour améliorer les conditions de vie d’une classe ouvrière jusqu’alors confinée à proximité des fabriques.
Cornudet, en France, met en place les premiers plans d’aménagement urbain à l’issue du premier conflit mondial.
A chaque crise humanitaire correspond un temps de mise en exergue des incidences de l’urbanisme.
Les solutions proposées n’ont sans doute pas toujours été à la hauteur des attentes (ou bien en ont été détournées, parfois l’évolution des attentes a fini par rendre certaines solutions obsolètes), cependant toutes ont apporté des éléments de réponse :
- En matière de logements ;
- Au plan de l’organisation du développement économique ;
- En termes d’amélioration des flux de circulation ou de fluidité des déplacements ;
- À travers l’amélioration des systèmes sanitaires et de gestion des réseaux.
Que ferons nous demain ? Quel principe urbain répondra aux dysfonctionnements que nous constatons ?
Nous avons promu des métropoles à la mesure de la globalisation. Concomitamment, nous avons écarté du développement des pans entiers du territoire pour lesquels ont récemment été proposés des plans d’action, appels à idées, mesures d’accompagnement, censés apporter une solution effective à leur désertification.
Cette dichotomie a d’ailleurs trouvé ses limites préalablement à la crise que nous traversons.
Partie des populations « supra urbaines », et notamment les plus jeunes, renoncent à la concentration extrême pour retrouver un mode de vie plus qualitatif même s’il est moins rémunérateur, dans des « ailleurs » suffisamment connectés. Il ne s’agit plus d’une fuite quasi romantique ou utopiste vers des Larzac ou leurs substitués, mais bien plutôt d’un choix de travailler et vivre autrement dans des communes suffisamment équipées mais restées viables dans leurs limites et fonctions.
Une autre de ces limites s’est exprimée à travers les mouvements sociaux de 2019 qui ont mis en exergue :
- Un côté « élitiste » de la métropolisation qui, du fait d’un marché du logement devenu inaccessible, relègue partie de la précarité dans ses périphéries sans pour autant penser leur développement intrinsèque.
- La difficulté à faire vivre et à vivre dans ces territoires excentrés dont l’exode des populations renforce le processus de métropolisation. Dans ces territoires la crise du logement n’existe pas en termes de quantité mais plutôt en termes d’occupation : l’absence des fonctions complémentaires à celle résidentielle accentuant la déprise et la vacance des logements.
La statistique résume la problématique. L’INSEE a comptabilisé 36 600 000 logements en France métropolitaine au premier janvier 2019. La population métropolitaine française en 2020 est de 67 000 000 d’habitants : 29, 2 millions de ménages. Comptabilisons nous 7 millions de résidences secondaires en France ?
Il est aisé de constater que la répartition population/ logements est déséquilibrée.
Ce manque de logements estimé au droit des métropoles correspond à une évolution des modes d’habiter doublée d’une inadéquation de l’offre et de la demande.
A contrario, les territoires excentrés disposent d’une réserve d’offre de logements inutilisés.
Une crise de la répartition du logement plutôt qu’une crise du logement
Besoins estimés en logements à partir de la population globale et d’une moyenne de 2,2 habitants par logement (sans tenir compte des différences sociétales. Les résidences secondaires n’ont pas été prises en compte, s’agissant ici d’un exercice d’approche).L’exercice peut être reproduit par commune ou par département, les besoins « moyens » restent inférieurs au nombre effectif de logements.
Cette dichotomie déséquilibre totalement les marchés immobiliers créant en conséquence des disparités dans les conditions de vie des populations.
Le prix moyen du logement à Paris ridiculise le prix d’achat du logement dans les villes excentrées (ou est ce le contraire ?).
Si la métropolisation a simplifié la tâche des investisseurs ou des chantres de l’économie globale, cette échelle globale s’est elle révélée une échelle humaine et saine ?
La carte des zones les plus exposées à l’épidémie actuelle reproduit logiquement le calque des densités urbaines. Certes, nous avons également concentré hôpitaux et centres de soins dans les métropoles, mais le relevé du seul nombre de cas déclarés nous éclaire s’il en était besoin sur l’épidémiologie de la concentration.
Il n’est plus temps de promouvoir la ville à la campagne, la mode en est passée.
La campagne à la ville est par ailleurs un vœu pieux, un verdissement élégant qui ne fera pas de mal mais restera anecdotique au regard des enjeux de notre territoire en matière de qualité de vie.
Par contre, le fait de retrouver une trame urbaine structurée, hiérarchisée pourrait participer à un renouveau urbain salutaire, dans tous les sens du terme.
Il n’y a pas de fatalité en urbanisme, mais des complexités que nous nous sommes imposées progressivement, par strates de sauvetage successives. Nous tentons de dépasser les dysfonctionnements à coup de normes, d’application de principes réglementaires détachés des contextes, sans réel succès.
Il va falloir « règlement garder » bien sûr – nous sommes en France – mais dans les interstices que laissent nos cadres réglementaires il reste matière à faire mieux et à retrouver des stratégies territoriales qui permettront d’harmoniser les forces centripètes métropolitaines et celles plus diffuses mais bien réelles constituées de l’ensemble des chainons urbains : villes moyennes, bourgs et villages qui représentent 623 000 km2, la quasi totalité du territoire français (pour mémoire, la superficie totale des grandes agglomérations françaises représente environ 20 200 km2).
Florence Paris, Avril 2020