Aujourd’hui, nous sommes restreints dans la pratique de nos activités quotidiennes. Les recommandations d'hygiène et les mesures de distanciation sociale modifient l'usage de nos lieux de vie. Demain, comment l'architecture peut-elle contribuer à l'amélioration des conditions de vie en milieu urbain en s'adaptant à la nouvelle donne que nous impose la crise actuelle[1] ?
Qu'est ce qui nous permet de supporter la privation de liberté dans de nos lieux de vie ? Cette question me taraude au fur et à mesure de ce temps de confinement. On entend souvent dire qu’avec un espace extérieur, le confinement pourrait être mieux vécu. Alors que 43% des résidences principales sont des appartements [2] et que 14% des français n’ont pas accès à un espace extérieur surtout pour les populations défavorisées [3] et près de 4 millions de français ont quitté leur logement [4]. L’accès à un espace extérieur a des conséquences sur la façon de mieux vivre chez soi. Notre besoin d’être dehors tout en restant chez soi est décuplé avec cette crise.
L’évènement quotidien marquant sont les applaudissements de 20h. Nous remercions les soignants et les infirmières, les caissiers et les caissières, les éboueurs, les chauffeurs, les livreurs et les policiers, les agriculteurs et les agricultrices, les maraichères et les gendarmes, à partir de nos fenêtres. En applaudissant, nous nous sentons unis dans une même cause, nous nous sentons appartenir à une communauté pour tenir face à l’adversité. Aujourd’hui, « la fenêtre » nous relie aux autres.
A partir de cet élément si essentiel qu’est la fenêtre, cet entre-deux, cet interstice dedans-dehors, nous pourrions redéfinir notre lien avec l’extérieur. Parce que trop souvent, dans les bâtiments de logements collectifs ou de maison individuelle, la fenêtre est un ensemble menuisé standardisé, de même couleur, de même matière, de même dimension,sur l’ensemble du territoire. Souvent elle est déterminée par la surface vitrée qui doit correspondre au minimum au sixième de la surface de la pièce qu’elle éclaire. Où se trouve le travail de l’architecte, dans ce domaine parfois axé essentiellement sur la rentabilité ?
Dans cette période de confinement, nous somme privés de liens humains, les limites entre nous et entre notre corps et l’environnement sont remises en question. Réinventer la fenêtre, c’est redessiner notre lien à l’extérieur, la rue, la ville, le paysage, l’autre. Nous devons redonner à la fenêtre toute son importance.
Comment cet élément de l’architecture pourrait-il améliorer le quotidien d’un/e confiné/e et contribuer au mieux-être dans l’habitat ? Comment faire entrer la lumière, se sentir plus proche des éléments météorologiques, de la nature, de l’atmosphère, du paysage environnant, à partir d’une fenêtre ?
Via fenêtres interposées, on discute, on échange des dernières nouvelles et des bons plans du quartier pour éviter les queues interminables devant les magasins d’alimentation, on applaudit, on prend l’air, on aère, on s’y adosse, on remercie, on vit les fenêtres ouvertes comme pour se sentir moins couper de l’extérieur… Aujourd’hui plus que jamais, dans les villes, les habitants sont à leurs fenêtres, habitent leurs fenêtres, les reliant aux autres, à la ville, à la vie, à l’humanité. La fenêtre qui d’ordinaire cadre sur un paysage donné, permet aujourd’hui de vivre la ville à partir de chez soi. Chacun donne à voir un échantillon de son intérieur en suspendant des éléments dont la fenêtre est le support. La fenêtre s’ouvre, s’exprime, relie et vit.
Demain, j’imagine dessiner des bâtiments de logements collectifs et sociaux en ayant la liberté de dessiner des fenêtres ouvrant des possibles aux futurs habitants. Demain, j’aimerais dessiner des fenêtres qui se parent d’attraits, des fenêtres qui mettent en valeur l’intérieur et qui relient d’une façon sensible les pièces de vie avec la nature extérieure. Demain, j’imagine une fenêtre végétale que l’on puisse ouvrir pour cueillir des herbes fraiches, sentir l’odeur enivrante des fleurs, contempler les feuillages, arroser un plan de tomates [5]. Demain, faire que les fenêtres standardisées ne soient plus la règle. Demain, plus qu’un trou dans un mur opaque, la fenêtre sera architecturée. Ses contours seront redessinés, pour donner la sensation d’un intérieur qui se prolonge. Aujourd’hui nous voyons des fenêtres habitées, demain les fenêtres seront vivantes, dynamiques [6]! Demain, je rêve que les maîtrises d’ouvrage, les finances ne règnent pas en maître, ne dictent pas l’utilisation d’objet près pensés et installés à l’identique. Demain, l’architecture sera locale, au plus proche des besoins de ses habitants pour offrir la possibilité de rêver, de créer et de s’épanouir.
Au lieu d’un fenêtre aux standards pauvres, j’imagine une limite entre le dedans et le dehors qui fascine, qui ouvre à la ville et à son prochain, un traitement de la limite entre le privé et le public qui peut se moduler selon les volontés de l’habitant, s’étendre autant vers le dehors que vers le dedans, une fenêtre non pas pensée comme un élément posé mais un élément qui constitue un lieu de vie à part entière, modulable, changeant, s’ouvrant, se couvrant, offrant des possibles. Une fenêtre humaine avec laquelle on peut penser, imaginer et créer demain. Repensons la fenêtre, cet élément immobile, pour qu’il favorise les voyages intérieurs.
Qu'est ce qui nous permet de supporter la privation de liberté dans de nos lieux de vie ? Cette question me taraude au fur et à mesure de ce temps de confinement. On entend souvent dire qu’avec un espace extérieur, le confinement pourrait être mieux vécu. Alors que 43% des résidences principales sont des appartements [2] et que 14% des français n’ont pas accès à un espace extérieur surtout pour les populations défavorisées [3] et près de 4 millions de français ont quitté leur logement [4]. L’accès à un espace extérieur a des conséquences sur la façon de mieux vivre chez soi. Notre besoin d’être dehors tout en restant chez soi est décuplé avec cette crise.
L’évènement quotidien marquant sont les applaudissements de 20h. Nous remercions les soignants et les infirmières, les caissiers et les caissières, les éboueurs, les chauffeurs, les livreurs et les policiers, les agriculteurs et les agricultrices, les maraichères et les gendarmes, à partir de nos fenêtres. En applaudissant, nous nous sentons unis dans une même cause, nous nous sentons appartenir à une communauté pour tenir face à l’adversité. Aujourd’hui, « la fenêtre » nous relie aux autres.
A partir de cet élément si essentiel qu’est la fenêtre, cet entre-deux, cet interstice dedans-dehors, nous pourrions redéfinir notre lien avec l’extérieur. Parce que trop souvent, dans les bâtiments de logements collectifs ou de maison individuelle, la fenêtre est un ensemble menuisé standardisé, de même couleur, de même matière, de même dimension,sur l’ensemble du territoire. Souvent elle est déterminée par la surface vitrée qui doit correspondre au minimum au sixième de la surface de la pièce qu’elle éclaire. Où se trouve le travail de l’architecte, dans ce domaine parfois axé essentiellement sur la rentabilité ?
Dans cette période de confinement, nous somme privés de liens humains, les limites entre nous et entre notre corps et l’environnement sont remises en question. Réinventer la fenêtre, c’est redessiner notre lien à l’extérieur, la rue, la ville, le paysage, l’autre. Nous devons redonner à la fenêtre toute son importance.
Comment cet élément de l’architecture pourrait-il améliorer le quotidien d’un/e confiné/e et contribuer au mieux-être dans l’habitat ? Comment faire entrer la lumière, se sentir plus proche des éléments météorologiques, de la nature, de l’atmosphère, du paysage environnant, à partir d’une fenêtre ?
Via fenêtres interposées, on discute, on échange des dernières nouvelles et des bons plans du quartier pour éviter les queues interminables devant les magasins d’alimentation, on applaudit, on prend l’air, on aère, on s’y adosse, on remercie, on vit les fenêtres ouvertes comme pour se sentir moins couper de l’extérieur… Aujourd’hui plus que jamais, dans les villes, les habitants sont à leurs fenêtres, habitent leurs fenêtres, les reliant aux autres, à la ville, à la vie, à l’humanité. La fenêtre qui d’ordinaire cadre sur un paysage donné, permet aujourd’hui de vivre la ville à partir de chez soi. Chacun donne à voir un échantillon de son intérieur en suspendant des éléments dont la fenêtre est le support. La fenêtre s’ouvre, s’exprime, relie et vit.
Demain, j’imagine dessiner des bâtiments de logements collectifs et sociaux en ayant la liberté de dessiner des fenêtres ouvrant des possibles aux futurs habitants. Demain, j’aimerais dessiner des fenêtres qui se parent d’attraits, des fenêtres qui mettent en valeur l’intérieur et qui relient d’une façon sensible les pièces de vie avec la nature extérieure. Demain, j’imagine une fenêtre végétale que l’on puisse ouvrir pour cueillir des herbes fraiches, sentir l’odeur enivrante des fleurs, contempler les feuillages, arroser un plan de tomates [5]. Demain, faire que les fenêtres standardisées ne soient plus la règle. Demain, plus qu’un trou dans un mur opaque, la fenêtre sera architecturée. Ses contours seront redessinés, pour donner la sensation d’un intérieur qui se prolonge. Aujourd’hui nous voyons des fenêtres habitées, demain les fenêtres seront vivantes, dynamiques [6]! Demain, je rêve que les maîtrises d’ouvrage, les finances ne règnent pas en maître, ne dictent pas l’utilisation d’objet près pensés et installés à l’identique. Demain, l’architecture sera locale, au plus proche des besoins de ses habitants pour offrir la possibilité de rêver, de créer et de s’épanouir.
Au lieu d’un fenêtre aux standards pauvres, j’imagine une limite entre le dedans et le dehors qui fascine, qui ouvre à la ville et à son prochain, un traitement de la limite entre le privé et le public qui peut se moduler selon les volontés de l’habitant, s’étendre autant vers le dehors que vers le dedans, une fenêtre non pas pensée comme un élément posé mais un élément qui constitue un lieu de vie à part entière, modulable, changeant, s’ouvrant, se couvrant, offrant des possibles. Une fenêtre humaine avec laquelle on peut penser, imaginer et créer demain. Repensons la fenêtre, cet élément immobile, pour qu’il favorise les voyages intérieurs.
[1]Puisqu'à l'avenir, nous ne sommes pas à l'abri de vivre des événements similaires liés par exemple au changement climatique.
[2]Source INSEE
[3] 30% des 18-24ans ; 29% des habitants de l’agglomération parisienne ; 28% des habitants de banlieues défavorisées ; 27% des Français dont les revenus sont inférieurs à 1500€. Source sondage odaxa
[4]60% ont un jardin, 54% disposent d’une terrasse et 29% d’un balcon.
[5] 28% des français bricolent et/ou jardinent pendant le confinement, source sondage odoxa.
[6] L’Espace vivant, Jean Cousin, page 200.