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Une incroyable opportunité pour l'humanité…
Profitons de cet événement pour imaginer un vrai futur.
Imaginer, et non réinventer.
C'est-à-dire nous ouvrir à un nouveau monde et non à un recyclage d'idées du monde périmé.
Adieu les jardins potagers en caisses farcis d’engrais plombés pour retraités.
Adieu Perette sur sa tête à vélo et son petit pot de beurre.
Adieu denses forêts urbaines sur fond de ronds-points et carrefours...
Je nous invite à un avenir qui s’en affranchit car le futur est enthousiasmant.
Si l'Hyperloop galopait sous nos pieds, Nantes, Genève, Bruxelles seraient les nouveaux quartiers de notre capitale. La mer, la montagne, les verts près, deviennent de nouveaux parcs inclus dans la métropole. L'iode, les embruns, les spores, accessibles instantanément dès la sortie de l’immeuble haussmannien. Reste à emprunter l'éléctrauto-autonome pour nous transporter dans le paisible village à côté du hub citadin. Les villages désertés avec leurs fermes abandonnées se transforment en nouveaux lofts parisiens.
Le grand rêve s'accomplit. Plutôt que d'apporter naïvement la campagne à la ville, la ville s’est éparpillée dans la nature.
La population est investie dans tout le territoire national. Elle gomme les délaissés et vitalise le moindre hameau.
Et somme toute, la distanciation 'préservatrice' s'opère dans tout le pays.
Et d'ailleurs pourquoi être fixé dans un lieu sédentarisé quand on peut habiter partout !?!
Le lundi j'habite Bordeaux, le mardi je dors à Lille, le vendredi je me pâme à Marseille...
Tous les logements deviennent identiques pour faciliter mon adaptation. Les Nagakins Towers se sont répandues partout sur la planète. J'habite la même capsule B127. A côté de celle de Tatsuyuki Maeda qui y habite depuis maintenant 50 ans !
Chaque soir, ma fenêtre m'offre un nouveau paysage.
Avant de choisir ma destination du jour, je commande préalablement mon plateau repas. Il me sera délivré par drone en provenance de la ferme d'à côté, dès que j'ouvrirai la porte de mon domicile temporaire. Mon air-boite m'apporte que des aliments frais, cueillis dans l'instant dans des champs de pleine terre au grand air ou péché du jour dans la crique voisine.
L'aérien est maintenant dans nos mains. Enfin dans nos pieds surtout, depuis que les « flyboards » sont à disposition. Soit un Zapat-Uber me récupère sur le toit de la tour, soit je partage celui de ma voisine Béninoise. D'ailleurs elle m'emmène ce soir retrouver mes amis cosmopolites sous la membrane, un vaste entrepôt recouvert d'un film thermo sensible qui me crée le parfait climat en alternant les cycles calorifiques. L'enveloppe absorbe les excès de températures et approvisionne des échangeurs. Ainsi quand il fait froid la journée, je suis comme en été pour boire ma bière fraiche.
Avant de me coucher, il m'arrive d'avoir de l'inspiration. Je travaille donc en manipulation tri dimensionnelle avec les machines-outils de l'entreprise depuis ma cabine. La 7G me permet d'être directement en contact avec les instruments, et les robots fournisseurs. Mon prototype partira sur la troisième cité lunaire avec le prochain vol journalier VirginGalactic.
Le covid19 nous a élevé vers un monde meilleur. En tant que crise existentielle, la crise sanitaire nous a interrogés sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, nos vraies aspirations qui étaient masquées dans les aliénations de la vie quotidienne.*
Constatons qu’en ces temps nouveaux, la propriété n'existe plus puisque nous n'habitons nulle part!
Le style n'est plus d'actualité puisque nous habitons partout.
La société de consommation n'existe plus car l'hyper déplacement ne s'encombre pas du superflu ! La nourriture s'épanouit dans son environnement naturel et nous mangeons mieux car nous vivons de facto au cœur des plantations.
Les conflits n'existent plus, car en tant que citoyen du monde, j'ai toutes les nationalités. L'administration libérée se consacre uniquement à l'éducation et aux soins pour tous grâce aux budgets affranchis des conflits…
Difficile de rêver quand nous persistons à vivre dans la ville du second empire. Celle fantasmée parEugénie de Guzman Palafox y Portocarrero,vexée d’une énième humiliation Britannique. Quand son époux** consenti à l’époque à une radicalisation urbaine de Paris, en y installant de nouveaux attracteurs, de nouveaux transports, des nouveaux réseaux, en vue d’une nouvelle salubrité !
Tous les acteurs économiques et politiques portent encore ce modèle séculaire à bout de bras malgré son obsolescence aux regards des évolutions et de nos modes de vies contemporains…Et il faudrait la perfuser, une fois de plus, car une nouvelle singularité sanitaire pointe?
Le refus d’une vision d’un futur salvateur nous résigne à traiter des particularismes comme des bouleversements majeurs en y apportant des solutions pommades régressistes. Ce n’est pas une pièce supplémentaire mutualo-partageo-sécable dans un univers cosméto-mixito-genré qui manifeste la révolution tant attendue. Le méta langage ne cache pas la vacuité des idées.
Il faudra admettre qu’aucune civilisation n’a évolué sans changement de paradigme technologique. Chaque découverte humaine nous ont conduit à se déplacer plus loin, et plus vite.
Chaque basculement énergétique a modifié la perception des limites territoriales et refondé le type de construction.
Il devient donc indispensable que l’humanité formule un nouveau mode de pensée si elle veut survivre et atteindre un plan plus élevé ***.
Je considère que la profonde aspiration de l’être humain reste sa projection !
Qui se traduit par son besoin de mouvements, découvertes, rencontres, qui stimulent ses intelligences émotionnelles, intellectuelles, sociales, corporelles.
La taille, le style, la hauteur, la surface du balcon d’un logement ne contribuent en rien à cette quête…
Le nouveau monde est celui de l’évasion !
Apportons-lui enfin l’imagination nécessaire à sa réalisation plutôt que d’en organiser sa privation.
Nous n’avons jamais aussi bien vécu. Ajoutons les ingrédients qui nous tendent les bras pour un avenir radieux.
Stéphane Maupin, Avril 2020
* Edgar Morin (le Monde, 20 avril 2020)
** Napoléon III
*** Albert Einstein. (Comment je vois le monde, 1934)