Cette pandémie est inédite et marque le début de crises sanitaires. Bien sûr, nous serons de mieux en mieux préparés et armés pour protéger nos systèmes de santé et notre santé.
Les gouvernements des différents pays ont dû prendre une forme d’autorité pour arbitrer le trinôme « santé, économie et liberté ». C’est bien là que réside le caractère inédit de cette crise, par son impact fort et soudain sur notre économie et nos libertés pour prioriser la santé des citoyens. Nos libertés individuelles et sociales n’ont jamais être aussi limitées, voir supprimées, et ce, du jour au lendemain.
Notre économie a été plongée dans un coma artificiel avec des perfusions d’aides afin de maintenir et relancer l’activité et l’emploi. Le confinement a bien sacrifié l’économie et les libertés individuelles pour seul objectif nécessaire : la santé.
Le déconfinement marquera le début d’un nouvel arbitrage sur ce trinôme, pour relancer l’économie, et redonner quelques libertés.
Le confinement et le ralentissement de l’activité donnent à chacun un temps d’introspection. Nous vivons ce moment suspendu, nous le vivons humainement, dans un état de pleine conscience mais à l’arrêt, immobile. Un Stop & Go mais sans connaitre le Go. Nous pouvons préparer aujourd’hui ce redémarrage de demain pour qu’il soit porteur de nouvelles valeurs, d’amélioration de notre système, de nos méthodes et de nos vies. Cette pleine conscience inédite est un catalyseur du sens que chacun veut donner dans la façon qu’il aura de vivre le monde de demain.
Cette réflexion n’a pas pour objectif d’émettre de grandes vérités sur le monde à venir. Chacun possède sa propre vérité, bien différente par la nature même de l’individu. Mais des tendances vont obligatoirement émerger, car nous sommes marqués, au fer rouge, par cet impact.
Cette crise, d’abord sanitaire puis économique, marquera une rupture dans nos habitudes de vie sans forcément les changer radicalement.
Finalement, la notion du temps remplace la notion d’espace. La disponibilité temporelle a remplacé la disponibilité physique. Forcé, le télétravail fait émerger une relation au travail en combinant la gestion de son temps, les moments individuels et collectifs à distance, dans une grande diversité de lieux, sans être présents ensembles dans un lieu commun, le bureau.
La notion de travailler en mobilité prend alors tout son sens : le flex work, la mobility work... Nous devenons des nomades. La notion du lieu bureau unique n’est plus valable. Nous travaillons partout, en voiture, en train, voyageant de plus en plus légers et connectés.
Le lieu de travail change d’échelle, du bureau à celle d’un territoire. Le travail n’est plus incarné par un lieu mais un réseau de lieux grâce à la digitalisation.
Nos bureaux deviennent adaptables à chaque individu dans sa propre temporalité. Ils deviennent flexibles et modulables pour profiter à des usages polymorphes, jusqu’à pousser le curseur sur un éclatement physique des lieux d’expressions professionnels.
Toute grande entreprise doit migrer du lieu de travail unique vers un atoll d’îles où chacun pourra trouver son organisation, son rythme au plus près du client ou/et du lieu d’habitation.
Nous avons tous besoin d’équilibre, notre équilibre, mais c’est à l’entreprise de savoir recenser, regrouper, proposer et incarner l’harmonie télétravail/présentiel, individualité/équipe, identité personnelle/appartenance à l’entreprise.
C’est bien là, que la société et l’urbanisme se construisent en résonance. Travailler chez soi, ou à portée, dans un espace de coworking, un show-room ou un restaurant, centré et concentré, dans un espace stimulant. Mais une nécessité encore plus grande peut naitre : celle de la déconnection de cette hyper-sollicitation pour trouver l’équilibre entre hyper connecté et déconnecté.
La réindustrialisation, les TPE, PME, les services publics, les commerces de proximité vont renaître dans des villages, mais plus urbains. Une densité harmonieuse peut naître dans ces villages, centre bourg pour dédensifier, désengorger les agglomérations, métropoles. Là aussi un nouvel équilibre doit se créer : densifier et dédensifier.
La ville dense, effervescente est l’essence de la ville. En favorisant la socialisation, la ville demeure le lieu de la culture, de l’éducation et des soins. C’est le centre des échanges, le vivier et le moteur des innovations, de la sérendipité. L’intelligence collective se met en musique et en mouvement par cette relation sociale dense, forte entre plusieurs professionnels. La confrontation certainement physique, spatiale est là essentielle.
Finalement, il s’agit d’organiser la dédensification de la grande ville nourricière au profit de plus de nature où l’air y sera plus pur, au sens propre comme figuré, et de construire des villages plus attractifs, avec une densité maitrisée. Le clivage ville et campagne ne s’oppose donc pas mais se complète pour résonner ensemble.
Nous tendons vers des métropoles, des agglomérations moins denses et plus végétales et vers des centres village, bourgs plus dynamiques, plus attractifs, car plus denses, en gardant la nature en trame de base.
Le patrimoine de la France est une valeur par ses milliers de villes moyennes bien réparties sur son territoire national. La taille des villes aura de moins en moins d’importance, ce sont les outils de mobilité, les réseaux, les supportsdes transports, la qualité des outils de communication et de mobilité qui compteront.
L’hyper-mobilité temporelle et spatiale de chacun permettra une « démobilité » ressourçante et nécessaire à notre esprit. Chacun trouvera son équilibre dans sa mobilité et démobilité quotidienne. Les frontières spatiales vont se diluer.
Nous avons commencé sans le savoir par l’éloge de la chronotopie. Le temps et le lieu au service de plusieurs usages. Notre séjour pouvait devenir classe de cours, salle de visioconférence, restaurant et cantine, cour de récréation, espace de télétravail, atelier de bricolage et pourquoi pas le soir, bar lounge connecté avec ses amis. Ce concept de chronotopie est déjà une base de réflexion pour nos équipements.
La frugalité dans notre quotidien s’est déjà invitée par nécessité et va continuer à s’inviter. Elle devient et peut s’imposer comme une nécessité vitale pour reconstruire une économie affectée. Les entreprises ont démontré et auront encore à démontrer un état d’esprit frugal et agile, non seulement pour vivre durant cette crise sanitaire actuelle, mais aussi pour innover et réussir durant la récession à venir.
Un monde nouveau où les consommateurs parcimonieux rechercheront plus de valeur, pour moins cher. Nous allons concevoir, construire avec frugalité et flexibilité nos produits, nos équipements de demain.
L’innovation frugale est en marche pour faire mieux avec moins.
C’est le « jugaad » de la culture indienne, du système D. Cette capacité de fabriquer juste ce dont nous avons besoin avec ce qui est à portée de main. C’est concevoir et construire simplement pour mettre au centre le facilement exploitable et modifiable. Nous touchons le courant lowtech, la noblesse de notre bon sens paysan parfois oublié.
Nos sociétés et nos entreprises développeront une stratégie frugale pour changer de paradigme pour développer des produits et équipements plus rapidement, mieux et moins cher.
Nous comprenons bien que ce trinôme « rapide, mieux et moins onéreux » va donc privilégier la proximité, les circuits courts, l’économie partagée, et le raisonné pour le mieux consommer.
Nous sommes dans l’innovation frugale pour résoudre les problématiques de manière ingénieuse avec peu de moyens. Nous devons désapprendre pour changer de paradigme, de l’hyper-complexité à l’hyper-simplicité.
Ainsi l’empreinte carbone de nos produits et équipements sera plus respectueuse de notre environnement.
Le vrai sujet, la finalité de nos actions seront dans la manière de profiter de l’hospitalité de notre planète.
Ne jamais oublier le message de la nature aux hommes : « Vous êtes mes invités, pas mes maîtres ».
Les gouvernements des différents pays ont dû prendre une forme d’autorité pour arbitrer le trinôme « santé, économie et liberté ». C’est bien là que réside le caractère inédit de cette crise, par son impact fort et soudain sur notre économie et nos libertés pour prioriser la santé des citoyens. Nos libertés individuelles et sociales n’ont jamais être aussi limitées, voir supprimées, et ce, du jour au lendemain.
Notre économie a été plongée dans un coma artificiel avec des perfusions d’aides afin de maintenir et relancer l’activité et l’emploi. Le confinement a bien sacrifié l’économie et les libertés individuelles pour seul objectif nécessaire : la santé.
Le déconfinement marquera le début d’un nouvel arbitrage sur ce trinôme, pour relancer l’économie, et redonner quelques libertés.
Le confinement et le ralentissement de l’activité donnent à chacun un temps d’introspection. Nous vivons ce moment suspendu, nous le vivons humainement, dans un état de pleine conscience mais à l’arrêt, immobile. Un Stop & Go mais sans connaitre le Go. Nous pouvons préparer aujourd’hui ce redémarrage de demain pour qu’il soit porteur de nouvelles valeurs, d’amélioration de notre système, de nos méthodes et de nos vies. Cette pleine conscience inédite est un catalyseur du sens que chacun veut donner dans la façon qu’il aura de vivre le monde de demain.
Cette réflexion n’a pas pour objectif d’émettre de grandes vérités sur le monde à venir. Chacun possède sa propre vérité, bien différente par la nature même de l’individu. Mais des tendances vont obligatoirement émerger, car nous sommes marqués, au fer rouge, par cet impact.
Cette crise, d’abord sanitaire puis économique, marquera une rupture dans nos habitudes de vie sans forcément les changer radicalement.
1. Cette pleine conscience accélère la mutation du lieu du travail
Nous sommes passés d’un état spatial, le bureau, l’agence, ancré depuis des décennies, vers un état de temporalité. Nos relations sociales réelles, physiques, ont trouvé une façon de s’adapter.Finalement, la notion du temps remplace la notion d’espace. La disponibilité temporelle a remplacé la disponibilité physique. Forcé, le télétravail fait émerger une relation au travail en combinant la gestion de son temps, les moments individuels et collectifs à distance, dans une grande diversité de lieux, sans être présents ensembles dans un lieu commun, le bureau.
La notion de travailler en mobilité prend alors tout son sens : le flex work, la mobility work... Nous devenons des nomades. La notion du lieu bureau unique n’est plus valable. Nous travaillons partout, en voiture, en train, voyageant de plus en plus légers et connectés.
Le lieu de travail change d’échelle, du bureau à celle d’un territoire. Le travail n’est plus incarné par un lieu mais un réseau de lieux grâce à la digitalisation.
Nos bureaux deviennent adaptables à chaque individu dans sa propre temporalité. Ils deviennent flexibles et modulables pour profiter à des usages polymorphes, jusqu’à pousser le curseur sur un éclatement physique des lieux d’expressions professionnels.
Toute grande entreprise doit migrer du lieu de travail unique vers un atoll d’îles où chacun pourra trouver son organisation, son rythme au plus près du client ou/et du lieu d’habitation.
Nous avons tous besoin d’équilibre, notre équilibre, mais c’est à l’entreprise de savoir recenser, regrouper, proposer et incarner l’harmonie télétravail/présentiel, individualité/équipe, identité personnelle/appartenance à l’entreprise.
C’est bien là, que la société et l’urbanisme se construisent en résonance. Travailler chez soi, ou à portée, dans un espace de coworking, un show-room ou un restaurant, centré et concentré, dans un espace stimulant. Mais une nécessité encore plus grande peut naitre : celle de la déconnection de cette hyper-sollicitation pour trouver l’équilibre entre hyper connecté et déconnecté.
2. Cette pleine conscience accélère la mutation de nos villes
Les centres villages se réinventent, deviennent attractifs, en offrant une qualité de travail, une qualité de vie. On imagine bien une journée à pied ou à vélo grâce à une proximité forte, où nous avons le temps de gérer les enfants, le travail et les courses de nos producteurs locaux.La réindustrialisation, les TPE, PME, les services publics, les commerces de proximité vont renaître dans des villages, mais plus urbains. Une densité harmonieuse peut naître dans ces villages, centre bourg pour dédensifier, désengorger les agglomérations, métropoles. Là aussi un nouvel équilibre doit se créer : densifier et dédensifier.
La ville dense, effervescente est l’essence de la ville. En favorisant la socialisation, la ville demeure le lieu de la culture, de l’éducation et des soins. C’est le centre des échanges, le vivier et le moteur des innovations, de la sérendipité. L’intelligence collective se met en musique et en mouvement par cette relation sociale dense, forte entre plusieurs professionnels. La confrontation certainement physique, spatiale est là essentielle.
Finalement, il s’agit d’organiser la dédensification de la grande ville nourricière au profit de plus de nature où l’air y sera plus pur, au sens propre comme figuré, et de construire des villages plus attractifs, avec une densité maitrisée. Le clivage ville et campagne ne s’oppose donc pas mais se complète pour résonner ensemble.
Nous tendons vers des métropoles, des agglomérations moins denses et plus végétales et vers des centres village, bourgs plus dynamiques, plus attractifs, car plus denses, en gardant la nature en trame de base.
3. Cette pleine conscience accélère la mutation de la mobilité
C’est ici l’amorce d’une diminution des flux migratoires entre la ville nourricière et son « extérieur » concentrés dans une temporalité le matin et le soir. C’est peut-être le regroupement à une échelle mesurée pour habiter, télétravailler, faire des courses et ses activités sportives, à portée de marche à pied ou bicyclette.Le patrimoine de la France est une valeur par ses milliers de villes moyennes bien réparties sur son territoire national. La taille des villes aura de moins en moins d’importance, ce sont les outils de mobilité, les réseaux, les supportsdes transports, la qualité des outils de communication et de mobilité qui compteront.
L’hyper-mobilité temporelle et spatiale de chacun permettra une « démobilité » ressourçante et nécessaire à notre esprit. Chacun trouvera son équilibre dans sa mobilité et démobilité quotidienne. Les frontières spatiales vont se diluer.
4. Cette pleine conscience accélère la frugalité
Les comportements pendant le confinement ont eu un écho positif sur l’usage de nos lieux d’habitation et de notre consommation.Nous avons commencé sans le savoir par l’éloge de la chronotopie. Le temps et le lieu au service de plusieurs usages. Notre séjour pouvait devenir classe de cours, salle de visioconférence, restaurant et cantine, cour de récréation, espace de télétravail, atelier de bricolage et pourquoi pas le soir, bar lounge connecté avec ses amis. Ce concept de chronotopie est déjà une base de réflexion pour nos équipements.
La frugalité dans notre quotidien s’est déjà invitée par nécessité et va continuer à s’inviter. Elle devient et peut s’imposer comme une nécessité vitale pour reconstruire une économie affectée. Les entreprises ont démontré et auront encore à démontrer un état d’esprit frugal et agile, non seulement pour vivre durant cette crise sanitaire actuelle, mais aussi pour innover et réussir durant la récession à venir.
Un monde nouveau où les consommateurs parcimonieux rechercheront plus de valeur, pour moins cher. Nous allons concevoir, construire avec frugalité et flexibilité nos produits, nos équipements de demain.
L’innovation frugale est en marche pour faire mieux avec moins.
C’est le « jugaad » de la culture indienne, du système D. Cette capacité de fabriquer juste ce dont nous avons besoin avec ce qui est à portée de main. C’est concevoir et construire simplement pour mettre au centre le facilement exploitable et modifiable. Nous touchons le courant lowtech, la noblesse de notre bon sens paysan parfois oublié.
Nos sociétés et nos entreprises développeront une stratégie frugale pour changer de paradigme pour développer des produits et équipements plus rapidement, mieux et moins cher.
Nous comprenons bien que ce trinôme « rapide, mieux et moins onéreux » va donc privilégier la proximité, les circuits courts, l’économie partagée, et le raisonné pour le mieux consommer.
Nous sommes dans l’innovation frugale pour résoudre les problématiques de manière ingénieuse avec peu de moyens. Nous devons désapprendre pour changer de paradigme, de l’hyper-complexité à l’hyper-simplicité.
Ainsi l’empreinte carbone de nos produits et équipements sera plus respectueuse de notre environnement.
Le vrai sujet, la finalité de nos actions seront dans la manière de profiter de l’hospitalité de notre planète.
Ne jamais oublier le message de la nature aux hommes : « Vous êtes mes invités, pas mes maîtres ».
Nicolas Chabanne, Avril 2020