Confinement : Maintien d'un être vivant (animal ou plante) dans un milieu de volume restreint et clos. Alors où trouver de l'espace ? La réponse est en partie dans la définition même : en exploitant mieux le « volume ».
C’est l’occasion de parler d'un concept architectural : EnVol, abréviation d'En Volume, développé par Arkhenspaces en 2016 et depuis régulièrement approfondi et affiné.
Le volume s'exprimait souvent à travers des représentations en deux dimensions : plans, coupes, façades. La coupe a ma préférence, elle montre l'espace, le volume. Celle d'un musée, d'une bibliothèque ou de n'importe quel monument parle dans le sens où elle représente un espace souvent original.
Pourtant, les coupes d'un bâtiment contemporain de logements ou de bureaux, sont d'une très grande pauvreté, la hauteur sous plafond étant toujours déterminée a priori, c'est à dire qu'il n'y a même plus à en discuter. Elle est forme imposée. Il y a une hauteur définie pour le logement (2,50m) et une autre pour le bureau (3 à 3,30m). Ces valeurs, jugées comme optimales, deviennent presque immuables : uniformisation, normalisation, pauvreté et ennui.
La résilience d'un système tient à sa diversité. Un système efficace dans un contexte peut s'avérer inefficace dans un autre.
L'augmentation de la hauteur n'est ni une perte ni un luxe gratuit, elle permet d'abord de démultiplier les couches d'air et, bien utilisée, devient une opportunité.
J'ai toujours été surpris par le ratio coût/m². Cette mesure bloque, inconsciemment, certaines recherches car elle sous-entend qu'un espace (parlons ici principalement de logement ou de bureau et mettons de côté les « monuments ») se juge à travers cette unique valeur. Il y a un coût au m² et j'achète, je loue des m² : voilà l'outil de comparaison – d'une simplification extrême – mis en place pour évaluer les biens et les coûts que ce soit en termes de prix de construction ou de prix de vente. Quel dommage de simplifier ainsi nos environnements !
Revenons au passage des m² aux m³. Je pense que cette époque de « confinement » qui nous invite à profiter de chaque parcelle d'air devrait davantage nous interroger sur la question du volume. Le nouveau concept d'espace de vie nommé EnVol questionne l'habitabilité de nos espaces. Il s'appréhende de différentes manières et peut se mettre en place dans le neuf autant que dans l’ancien sous forme de meubles reliefs ou meubles habitables, lesquels sont pensés comme une réponse pour accroître l'habitabilité des appartements existants des grandes villes où la hauteur de plafond est plus généreuse.
Expérimentation « en brut » dans mon propre habitat : une petite maison au centre d'une ville moyenne. J'y suis confiné depuis plusieurs semaines, cela me donne davantage l'occasion de l'éprouver à temps plein. Le résultat de cette expérience intense et quotidienne va au-delà de mes espérances non pas dans ma manière de l'utiliser (architecte, j'aime l'espace et je prends plaisir à l'expérimenter dans tous les sens) mais dans la manière dont avec mes proches, ma famille confinée avec moi, nous nous l'approprions au quotidien. C'est un moyen de vivre en étant proche, tout en pouvant, si nous le souhaitons, quand nous le souhaitons, demeurer chacun dans son univers.
La distanciation et la variation des atmosphères s'expriment ici à travers des principes architecturaux plus variés qu'une simple cloison. Le lieu offre aussi de nouveaux angles de vision, la relation à l'autre en est modifiée. Cette nouvelle approche invite à reconsidérer la hauteur. Claude Parent avait déjà fait de nombreuses recherches et expérimentations en ce sens, j'ai cherché à les poursuivre.
L'oblique est formidable car il invite à s'asseoir, c'est ce qui rend aussi vivante la place du centre Georges Pompidou inspirée de Sienne. Il change nos rapports : le plus petit peut devenir plus grand que le grand, etc. Il s'instaure alors de nouvelles relations entre le corps (son corps), l'espace et l'autre ou les autres. Ainsi ma fille peut avoir une hauteur de regard au sens propre plus haute que la mienne.
Voici le plan de l'espace, il y a 2,90m de hauteur sous plafond, 29 m² de surface au sol (encore moins en loi Carrez), et pourtant une géographie intérieure apparaît avec plus de dix lieux (la table, la cime, la pente, la cabane, les plateaux, le bureau perché, les contreforts, les marches et le seuil), près de vingt assises différentes, de nombreuses hauteurs accessibles et des atmosphères très variées plus ou moins cachées, plus ou moins perchées, etc. L'exploitation améliorée du volume démultiplie les configurations et les vues, les appréhensions, les échanges.
Ces mises en pratiques permettent d'expérimenter et d'ajuster ces travaux qui ont été théoriquement déployés à travers le concept EnVol. Les bénéfices sont nombreux. Ils font réapparaitre le charme des combles, améliorent le vivre ensemble, l'hygiène biomécanique du corps et permettent d'habiter différemment dans des lieux (beaucoup) plus grand et divers à surface constante…
J'aimerai vous inviter chez moi, mais ce n'est pas si simple alors vous trouverez ici une série de plus d'une dizaine de vidéos d'1mn ( https://vimeo.com/showcase/7005041 ) en plan séquences réalisées un long week-end de confinement qui vous permettra, de manière ludique, un peu à la manière des films muets ou d'un petit théâtre, de mieux appréhender ces recherches à travers les différentes postures, espaces, configurations et usages possibles.
Pour le reste des recherches d'EnVol, avis aux intéressés, investisseurs, nous cherchons toujours à les construire et avons quelques pistes...
C’est l’occasion de parler d'un concept architectural : EnVol, abréviation d'En Volume, développé par Arkhenspaces en 2016 et depuis régulièrement approfondi et affiné.
En finir avec les m²
Penser en n-spaces (environnements multi-dimensionnels), c'est penser toutes les dimensions de l'espace et donc d'abord penser en volume. La pensée architecturale s'exprime à travers des écrits, des plans. Ce langage n'est pas l'architecture, il en est la partition, une représentation avec ses codes, épaisseurs, typologies et signification des traits, etc.Le volume s'exprimait souvent à travers des représentations en deux dimensions : plans, coupes, façades. La coupe a ma préférence, elle montre l'espace, le volume. Celle d'un musée, d'une bibliothèque ou de n'importe quel monument parle dans le sens où elle représente un espace souvent original.
Pourtant, les coupes d'un bâtiment contemporain de logements ou de bureaux, sont d'une très grande pauvreté, la hauteur sous plafond étant toujours déterminée a priori, c'est à dire qu'il n'y a même plus à en discuter. Elle est forme imposée. Il y a une hauteur définie pour le logement (2,50m) et une autre pour le bureau (3 à 3,30m). Ces valeurs, jugées comme optimales, deviennent presque immuables : uniformisation, normalisation, pauvreté et ennui.
La résilience d'un système tient à sa diversité. Un système efficace dans un contexte peut s'avérer inefficace dans un autre.
L'augmentation de la hauteur n'est ni une perte ni un luxe gratuit, elle permet d'abord de démultiplier les couches d'air et, bien utilisée, devient une opportunité.
J'ai toujours été surpris par le ratio coût/m². Cette mesure bloque, inconsciemment, certaines recherches car elle sous-entend qu'un espace (parlons ici principalement de logement ou de bureau et mettons de côté les « monuments ») se juge à travers cette unique valeur. Il y a un coût au m² et j'achète, je loue des m² : voilà l'outil de comparaison – d'une simplification extrême – mis en place pour évaluer les biens et les coûts que ce soit en termes de prix de construction ou de prix de vente. Quel dommage de simplifier ainsi nos environnements !
Habiter plus grand
Dans d'autre pays, nous achetons des m³, ce qui est déjà un peu mieux. Mais à l'ère des n-spaces, ne faut-il pas considérer aussi les m4 (c'est à dire de des m².h) ou les m5, les m6, … ?Revenons au passage des m² aux m³. Je pense que cette époque de « confinement » qui nous invite à profiter de chaque parcelle d'air devrait davantage nous interroger sur la question du volume. Le nouveau concept d'espace de vie nommé EnVol questionne l'habitabilité de nos espaces. Il s'appréhende de différentes manières et peut se mettre en place dans le neuf autant que dans l’ancien sous forme de meubles reliefs ou meubles habitables, lesquels sont pensés comme une réponse pour accroître l'habitabilité des appartements existants des grandes villes où la hauteur de plafond est plus généreuse.
Expérimentation « en brut » dans mon propre habitat : une petite maison au centre d'une ville moyenne. J'y suis confiné depuis plusieurs semaines, cela me donne davantage l'occasion de l'éprouver à temps plein. Le résultat de cette expérience intense et quotidienne va au-delà de mes espérances non pas dans ma manière de l'utiliser (architecte, j'aime l'espace et je prends plaisir à l'expérimenter dans tous les sens) mais dans la manière dont avec mes proches, ma famille confinée avec moi, nous nous l'approprions au quotidien. C'est un moyen de vivre en étant proche, tout en pouvant, si nous le souhaitons, quand nous le souhaitons, demeurer chacun dans son univers.
La distanciation et la variation des atmosphères s'expriment ici à travers des principes architecturaux plus variés qu'une simple cloison. Le lieu offre aussi de nouveaux angles de vision, la relation à l'autre en est modifiée. Cette nouvelle approche invite à reconsidérer la hauteur. Claude Parent avait déjà fait de nombreuses recherches et expérimentations en ce sens, j'ai cherché à les poursuivre.
L'oblique est formidable car il invite à s'asseoir, c'est ce qui rend aussi vivante la place du centre Georges Pompidou inspirée de Sienne. Il change nos rapports : le plus petit peut devenir plus grand que le grand, etc. Il s'instaure alors de nouvelles relations entre le corps (son corps), l'espace et l'autre ou les autres. Ainsi ma fille peut avoir une hauteur de regard au sens propre plus haute que la mienne.
Du living-room au living-landscape
Cette nouvelle approche décale nos perceptions et nos échanges. S'asseoir dans l'angle supérieur d'une pièce pour lire provoque une autre sensation : tel un chat, nous dominons l'espace, tout en étant caché et relativement inaccessible. Le nombre de hauteurs, qu’il s’agisse des postures assises ou debout, augmentent. Chaque surface accueille plusieurs usages : siège, traversée ou passage, rangement, parcours, bureaux : une marche sert de chaise, un banc de promontoire, une étagère d'escalier, une pente de transat, etc. Il apparaît un rapport ou contact corporel (voir charnel) différent avec la matière, ce qui suggère des postures et met le corps davantage en mouvement.Voici le plan de l'espace, il y a 2,90m de hauteur sous plafond, 29 m² de surface au sol (encore moins en loi Carrez), et pourtant une géographie intérieure apparaît avec plus de dix lieux (la table, la cime, la pente, la cabane, les plateaux, le bureau perché, les contreforts, les marches et le seuil), près de vingt assises différentes, de nombreuses hauteurs accessibles et des atmosphères très variées plus ou moins cachées, plus ou moins perchées, etc. L'exploitation améliorée du volume démultiplie les configurations et les vues, les appréhensions, les échanges.
Ces mises en pratiques permettent d'expérimenter et d'ajuster ces travaux qui ont été théoriquement déployés à travers le concept EnVol. Les bénéfices sont nombreux. Ils font réapparaitre le charme des combles, améliorent le vivre ensemble, l'hygiène biomécanique du corps et permettent d'habiter différemment dans des lieux (beaucoup) plus grand et divers à surface constante…
J'aimerai vous inviter chez moi, mais ce n'est pas si simple alors vous trouverez ici une série de plus d'une dizaine de vidéos d'1mn ( https://vimeo.com/showcase/7005041 ) en plan séquences réalisées un long week-end de confinement qui vous permettra, de manière ludique, un peu à la manière des films muets ou d'un petit théâtre, de mieux appréhender ces recherches à travers les différentes postures, espaces, configurations et usages possibles.
Pour le reste des recherches d'EnVol, avis aux intéressés, investisseurs, nous cherchons toujours à les construire et avons quelques pistes...
Eric Cassar, Avril 2020