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Constat : L’architecte doit réinventer son métier pour dessiner le monde de demain
La pandémie que nous vivons actuellement a en effet fait ressortir de nombreuses thématiques et de nombreux enjeux qu’il est important de traiter et de comprendre.A l’heure actuelle, il me semble que l’architecte a plus que jamais un rôle à jouer dans le dessin d’une ville nouvelle qui sera modelée par de nouvelles manières de vivre et d’habiter. Comment l’architecte peut-il aider dans la création de ce monde de demain ? Quel rôle a t-il à jouer? Ne faudrait-il pas pour celà réinventer le métier d’architecte?
« L’architecte en tant que metteur en forme d’un projet est aujourd’hui un personnage pathétique, une personne d’une autre époque. » Renzo Piano – La désobéissance de l’architecture.
L’image de l’architecte en déclin.
En effet, malgré les efforts considérables avec la loi LCAP pour sauvegarder la liberté d’exercer la profession, force est de constater que les architectes continuent à perdre le contrôle. En effet, de plus en plus de dimensions échappent au contrôle de l’architecte au profit parfois des entreprises et des bureaux d’études. Les bâtiments devenant de plus en plus complexes, les intervenants et spécialistes se font de plus en plus nombreux et viennent parfois remettre en cause le rôle de chef d’orchestre de l’architecte.L’architecture et la qualité architecturale
La qualité architecturale est de ce fait parfois délaissée au détriment d’aspect technique ou financier. Or, cette crise a été révélatrice de l’importance de la qualité architecturale de nos bâtiments. C’est en effet, en étant enfermé à l’intérieur des bâtiments que nous avons construits, enfermé entre quatre murs, chez soi, que s’est développé cette prise de conscience sur l’importance de la qualité architecturale. Les hauteurs de plafond sont-elles suffisantes ? La lumière pénètre-elle suffisamment à l’intérieur du bâtiment ? Qu’en est il du confort thermique? L’architecte Sophie Berthelier évoque, pour qualifier ces thématiques, la notion de « HQA » ( Haute Qualité Architecturale).L’urgence d’un changement de paradigme : Faire oui, mais faire différemment.
Il s’agit alors pour l’architecte de construire autrement, différemment, pour que l’architecture s’adapte aux besoins de la ville de demain. En ce sens, la revalorisation du faire dans le métier de l’architecte apparait comme étant la clé dans la réinvention de son métier. Il en résulte une tendance pour les architectes à vouloir renouer avec les pratiques constructives et être en prise avec certains matériaux ou certaines techniques.
C’est en effet en étant en prise avec la matière, en comprenant les matériaux et leur usage que l’architecte peut parvenir à construire mieux. Cette réinvention du métier de l’architecte passe aussi par l’intermédiaire de la recherche, de la matérialité ou de l’expérimentation, le but étant d’établir un lien plus direct avec la matière et sa mise en oeuvre. Il doit se développer une volonté de rétablir la pratique manuelle comme une compétence centrale des métiers de l’architecture.
Demain, l’architecte il fait quoi?
Qu’est ce finalement un architecte au 21ème siècle? L’architecte du 21 ème siècle est-il donc cette architecte qui va toucher à la matière, expérimenter et faire du chantier un lieu de friction et d’échange? Ou a contrario, est-il celui qui se focalise sur la production graphique et la conception au détriment de la phase chantier? Ne pourrait-il pas être les deux? Nous faisons en effet aujourd’hui tous face à une situation d’urgence avec notamment de nouvelles problématiques sanitaires. L’architecte en tant que concepteur, créateur, bâtisseur, constructeur, se doit d’intégrer toutes ces données à sa matrice de projet. S’impose alors aux architectes, le faire, et pas juste le penser. L’architecte doit prendre part activement au faire différemment, à l’exploration, à l’expérimentation afin de renforcer sa position dans l’acte de bâtir.
Donc demain on repense notre métier, on expérimente, on recherche, on essaie, on échoue, on recommence, on innove, on avance, on construit, on remet la main à la pâte, on renoue avec les matériaux locaux, on travaille avec des artisans, on réfléchit, on avance et on se bat pour la qualité architecturale.
Shama Boudhabhay, Avril 2020