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Le confinement nous met face à ce que nous sommes devenus sans nous en apercevoir.
La citadinité a fait des humains des êtres qui ne voient plus que du blanc et du transparent, c’est un monde où les murs sont en verre. Le verre est muet. Il est mort. Il ne renvoie que des reflets, des images qui n’existent pas. Dans ces maisons de verre, il n’est plus possible de se cacher, plus possible de préserver son intimité. C’est un monde sans secret. Tout est blanc.
Pour les enfants les poissons sont carrés, les steaks sont hachés et nous sommes incapables de mettre une image sur le chant d’un oiseau. Un arbre est un ornement, voire un alibi écologique.
A force de courir pour ne pas tomber au lieu de se poser un peu pour comprendre, nous avons perdu les chemins du sensible, nous avons amoindri nos sens, confinés derrière nos écrans inertes. Le numérique ne pue pas, il ne sent rien, il ne chante pas il s’abîme et devient obsolète c’est tout, il ne sait même pas pourrir.
Le choix du confinement est un réflexe de peur, de peur de l’autre, de peur de ce qui pourrait advenir, de peur de la nature. Chacun reste cloîtré préférant sa sécurité à sa liberté. La définition du mot « confinement » est édifiante: on est confiné quand on est malade; on confine quelque chose d’extrêmement dangereux. Là, on est confiné pour ne pas être malade, ni dangereux et on l’accepte. C’est le monde à l’envers.
La sémantique gouvernementale est pâle, ridiculement guerrière. Elle n’a pas d’autre objet que de faire peur et d’interdire toute forme de débat. Le parlement vote le plan d’urgence sanitaire mais
rejette en même temps le plan de transformation écologique et sociale. Le plus urgent n’est pas de sauver le monde ou les « vieux », mais les apparences. Le monde que ce petit apprenti Napoléon nous prépare est d’une violence inouïe. Il n’a pas pour objectif de prévoir ou d’imaginer un monde nouveau. Il a comme seule ambition de conserver la manne à profit et de courir derrière l’Asie.
Pour faire face à la violence du rebond qui se prépare après le confinement, notre responsabilité d’architecte est de rendre possibles de nouvelles expérimentations politiques, de nouvelles manières d’habiter. Il nous faut proposer de nouvelles formes de vie collective qui inventent les lieux d’une vie possible pour ne pas étouffer.
Notre obligation est de comprendre pour agir et tout est fait pour n’y rien comprendre... Dès lors comment peut-on agir ? La première urgence est de se poser des questions essentielles pour trouver un autre modèle.
Comment faire en sorte que les logements ne soient plus des espaces de confinement mais des condensés de liberté ?
La densité de la ville est une obligation pour préserver le plus d’espaces naturels possibles. Mais Comment créer une densité urbaine ouverte, douce, mobile, évolutive ?
Comment parvenir à faire évoluer le désir des gens pour que leur envie de liberté et leur soif d’imaginaire soit plus puissants que leur frénésie de sécurité ?
Peut-être cela passera-t-il par l’éducation, par la valeur de l’exemple. Faire pour prouver que l’on peut faire autrement que les modèles de bilans financiers, démontrer que le plaisir et le bien-être n’ont pas de valeur mercantile.
Je suis persuadé que le partage est la clé. Partout où cela est possible notre responsabilité d’architecte est de proposer des espaces publics volants, comme des tapis magiques. Que l’on puisse les retrouver sur les terrasses, dans les circulations trop larges et plus jamais aveugles. Sur des terrasses communicantes, dans des jardins partagés. Dans les loggias ...
La liberté de nos édifices se trouvent dans ce qui n’est pas programmé. Un programme tue la vie. Il est même conçu pour cela, pour empêcher le hasard et l’impromptu, pour contrôler.
Pour inventer un avenir, il faut retrouver la force de la vie et reconnaître le chant des oiseaux. Aucun algorithme, aucune intelligence artificielle ne pourront jamais rivaliser avec l’intuition et la sensation physique d’un lieu. C’est peut-être l’une des premières conséquences de cette pandémie : les logiciels ont expiré.
La force de l’habitude
La citadinité a fait des humains des êtres qui ne voient plus que du blanc et du transparent, c’est un monde où les murs sont en verre. Le verre est muet. Il est mort. Il ne renvoie que des reflets, des images qui n’existent pas. Dans ces maisons de verre, il n’est plus possible de se cacher, plus possible de préserver son intimité. C’est un monde sans secret. Tout est blanc.
Pour les enfants les poissons sont carrés, les steaks sont hachés et nous sommes incapables de mettre une image sur le chant d’un oiseau. Un arbre est un ornement, voire un alibi écologique.
A force de courir pour ne pas tomber au lieu de se poser un peu pour comprendre, nous avons perdu les chemins du sensible, nous avons amoindri nos sens, confinés derrière nos écrans inertes. Le numérique ne pue pas, il ne sent rien, il ne chante pas il s’abîme et devient obsolète c’est tout, il ne sait même pas pourrir.
Le choix du confinement est un réflexe de peur, de peur de l’autre, de peur de ce qui pourrait advenir, de peur de la nature. Chacun reste cloîtré préférant sa sécurité à sa liberté. La définition du mot « confinement » est édifiante: on est confiné quand on est malade; on confine quelque chose d’extrêmement dangereux. Là, on est confiné pour ne pas être malade, ni dangereux et on l’accepte. C’est le monde à l’envers.
La sémantique gouvernementale est pâle, ridiculement guerrière. Elle n’a pas d’autre objet que de faire peur et d’interdire toute forme de débat. Le parlement vote le plan d’urgence sanitaire mais
rejette en même temps le plan de transformation écologique et sociale. Le plus urgent n’est pas de sauver le monde ou les « vieux », mais les apparences. Le monde que ce petit apprenti Napoléon nous prépare est d’une violence inouïe. Il n’a pas pour objectif de prévoir ou d’imaginer un monde nouveau. Il a comme seule ambition de conserver la manne à profit et de courir derrière l’Asie.
Pour faire face à la violence du rebond qui se prépare après le confinement, notre responsabilité d’architecte est de rendre possibles de nouvelles expérimentations politiques, de nouvelles manières d’habiter. Il nous faut proposer de nouvelles formes de vie collective qui inventent les lieux d’une vie possible pour ne pas étouffer.
Notre obligation est de comprendre pour agir et tout est fait pour n’y rien comprendre... Dès lors comment peut-on agir ? La première urgence est de se poser des questions essentielles pour trouver un autre modèle.
Comment faire en sorte que les logements ne soient plus des espaces de confinement mais des condensés de liberté ?
La densité de la ville est une obligation pour préserver le plus d’espaces naturels possibles. Mais Comment créer une densité urbaine ouverte, douce, mobile, évolutive ?
Comment parvenir à faire évoluer le désir des gens pour que leur envie de liberté et leur soif d’imaginaire soit plus puissants que leur frénésie de sécurité ?
Peut-être cela passera-t-il par l’éducation, par la valeur de l’exemple. Faire pour prouver que l’on peut faire autrement que les modèles de bilans financiers, démontrer que le plaisir et le bien-être n’ont pas de valeur mercantile.
Je suis persuadé que le partage est la clé. Partout où cela est possible notre responsabilité d’architecte est de proposer des espaces publics volants, comme des tapis magiques. Que l’on puisse les retrouver sur les terrasses, dans les circulations trop larges et plus jamais aveugles. Sur des terrasses communicantes, dans des jardins partagés. Dans les loggias ...
La liberté de nos édifices se trouvent dans ce qui n’est pas programmé. Un programme tue la vie. Il est même conçu pour cela, pour empêcher le hasard et l’impromptu, pour contrôler.
Pour inventer un avenir, il faut retrouver la force de la vie et reconnaître le chant des oiseaux. Aucun algorithme, aucune intelligence artificielle ne pourront jamais rivaliser avec l’intuition et la sensation physique d’un lieu. C’est peut-être l’une des premières conséquences de cette pandémie : les logiciels ont expiré.
La force de l’habitude
Avoir L’habitude nous entraîne à ne plus nous interroger . Nous avions pris l’habitude de foncer
dans le mur. Nous avions l’habitude de tous nos excès au détriment du vivant . Nous avions pris
l’habitude des trottoirs trop étroits, des métros bondés, des espaces publics sans rien pour
s’assoir. Nous avions pris l’habitude des mobiliers urbain sans intérêt, de l’absence de soin donné
à ceux qui vivent dehors, sans qu’ils n’aient ne serait-ce qu’un accès à l’eau. Nous avions pris
l’habitude des immeubles au nom ridiculement clinquant et aux qualités si médiocres. Nous
avions pris l’habitude d’accepter que l’architecture soit au service du client au lieu d’être au
service du projet ...
Tout ça ne doit plus être possible. Plus aucune de ces habitudes ne peut perdurer maintenant . Le « truc » doit nous obliger à changer. À retourner ce qui n’allait pas au profit de ce qui doit être fait . Il doit nous permettre de tout reconsidérer et de mettre le vivant avant le profit . Le bien être des gens, le bien être de la société doit passer avant celui des sociétés commerciales . Il n’y plus de contre-partie, plus d arrangement possible.
« dans une avalanche, aucun flocon de ne sent responsable » écrit Voltaire . Nous sommes tous concernés par ce qui va se passer et chacun d’entre nous devra prendre ses responsabilités.
« tenter, braver, persister, préserver, être fidèle à soi-même, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait ». Comme ce serait précieux un Hugo en ces temps confinés .
Chacun d’entre nous se souviendra de ce moment jusqu’à la fin de ses jours. Non pas parce qu’il dure mais par son intensité. Comment nier la puissance de ce moment pour la transformer en énergie positive ?
Toute notre vie, on nous a appris le cynisme et le renoncement. Combien de fois avons nous entendu qu’il était inutile de croire pouvoir changer les choses. Qui voudra ne pas croire encore que changer est une nécessité !
Tout ça ne doit plus être possible. Plus aucune de ces habitudes ne peut perdurer maintenant . Le « truc » doit nous obliger à changer. À retourner ce qui n’allait pas au profit de ce qui doit être fait . Il doit nous permettre de tout reconsidérer et de mettre le vivant avant le profit . Le bien être des gens, le bien être de la société doit passer avant celui des sociétés commerciales . Il n’y plus de contre-partie, plus d arrangement possible.
« dans une avalanche, aucun flocon de ne sent responsable » écrit Voltaire . Nous sommes tous concernés par ce qui va se passer et chacun d’entre nous devra prendre ses responsabilités.
« tenter, braver, persister, préserver, être fidèle à soi-même, étonner la catastrophe par le peu de peur qu’elle nous fait ». Comme ce serait précieux un Hugo en ces temps confinés .
Chacun d’entre nous se souviendra de ce moment jusqu’à la fin de ses jours. Non pas parce qu’il dure mais par son intensité. Comment nier la puissance de ce moment pour la transformer en énergie positive ?
Toute notre vie, on nous a appris le cynisme et le renoncement. Combien de fois avons nous entendu qu’il était inutile de croire pouvoir changer les choses. Qui voudra ne pas croire encore que changer est une nécessité !
Matthieu Poitevin, Avril 2020