Alors que le vieillissement de la population française s’accélère et que le fonctionnement des établissements dédiés à l’hébergement des personnes âgées est au banc des accusés, l’étude « Coup de vieux » invite à découvrir de nouveaux types d’habitat conçus par et pour des séniors. Imaginés avec leurs futurs habitants, ces projets inventent d’autres façons d’envisager, de financer, de programmer et de construire des logements adaptés aux attentes de populations en quête d’autres lieux et d’autres modes de vie pour rester à domicile. Leurs volontés conjuguent les principes d’entraide et de solidarité avec des ambitions constructives écologiques fortes et des espaces renouvelés.
Construits dans les métropoles de Bordeaux, Lyon, Montpellier, Lille, ainsi que les secteurs plus ruraux des régions du Centre-Val de Loire, de la Drôme ou du Finistère, la dizaine de projets étudiés réussit la synthèse d’aspirations a priori contradictoires : proches du centre et de ses commodités tout en étant protégés des nuisances, collectifs mais individuels, vertueux mais économes, intimes mais communautaires… La diversité des situations géographiques, tout comme l’amplitude des programmes et des moyens se traduisent dans la pluralité des structures et la façon de constituer ces communautés d’habitants. L’aventure commence généralement sous la forme de groupes constitués par le biais des réseaux sociaux, de liens associatifs ou d’initiatives locales. Puis les porteurs de projets se structurent en coopérative, association, société civile immobilière d’attribution ou une autre entité juridique qui leur permet d’acquérir et de faire bâtir. Enfin, ils organisent la vie de la communauté par des chartes et principes de sociocratie, afin de donner corps à leur vision.
Si le type de montage conditionne le type de propriété et les façons d’habiter, elle se traduit toujours dans des architectures vertueuses. Qu’il s’agisse d’une construction neuve, d’une réhabilitation, voire d’une autoconstruction, elles ont en commun l’ambition d’une complémentarité entre des surfaces de logements optimisées, souvent de type deux pièces, et des espaces collectifs généreux pour partager. Ainsi, ces opérations offrent dans leur majorité d’une part des appartements bienveillants, bénéficiant d’espaces extérieurs et, d’autre part, des services communs : buanderie, atelier, jardin partagé, parfois même une piscine ou une salle pouvant recevoir du public. Phénomène remarquable, cette nouvelle répartition programmatique s’accompagne toujours, malgré des contraintes financières, d’attendus écologiques et énergétiques.
Selon l’Insee les personnes âgées d’au moins 65 ans représentent aujourd’hui 20,5 % de la population française, contre 20,1 % un an auparavant et 19,7 % il y a deux ans et le vieillissement de la population s’accélère avec l’arrivée à 65 ans des générations d’après-guerre. La question de loger ces populations devient alors un enjeux de première importance. L’étude « Coup de vieux » entend démontrer le potentiel de solutions alternatives pour permettre à chacune et chacun de rester à domicile. L’analyse technique, administrative, organisationnelle et spatiale souhaite tant appréhender la substance de ces modèles que permettre à toutes et tous de se les approprier et les décliner demain.