Matière, construction, électricité, chauffage, dans le bâtiment le carbone est partout, du dessin à l’usage. Aussi, le meilleur moyen de baisser les émissions de ce secteur, un des plus carboné, c’est d’abord de ne pas démolir pour reconstruire, de conserver pour stocker, d’adapter formes et matières afin de transmettre des bâtiments plus vertueux dans leur fonctionnement et leur urbanité. Le principe de refaire la ville sur elle-même n’est pas nouveau mais le carbone nous fait radicalement changer d’ère. Il oblige et questionne tous les patrimoines et tous les temps du projet. Comment acclimater et ouvrir un îlot haussmannien en gardant son identité? Réparer une tour de bureaux moderne ou des immeubles de logement pour les rendre moins énergivores ? Que faire d’un ancien central téléphonique, de laboratoires universitaires obsolètes ou d’un transformateur électrique ? Peut-on habiter un parking ? Jardiner dans une maternité ? Convertir un bâtiment monofonctionnel en programme mixte ?… Comment consommer moins et offrir plus ?
Ces transformations ouvrent un champ d’explorations extrêmement stimulant pour les disciplines urbaines et architecturales en conjuguant les principes de résection, de réparation et de rationalisation constructive. Sous le prisme de l’économie de moyens, du respect de l’œuvre des générations précédentes et de l’inscription dans la durée des édifices qui contribuent et fondent la ville, s’inventent des objets hybrides, raisonnés dans leur mise en œuvre et frugaux à l’usage. La promesse de constructions capables de faire face au réchauffement climatique et à la raréfaction des ressources qui conjugue simultanément trois engagements : conserver, adapter, transmettre.