Comment (re)créer une ville du lien ? Quels dispositifs architecturaux, urbains, politiques, culturels, favorisent la rencontre avec autrui ? Quels espaces permettent de prendre soin de soi et des autres ?
Les effets délétères de la solitude sont documentés de longue date par médecins et psychologues : la prévalence de nombreuses pathologies augmente à raison de la faiblesse des liens que l’on entretient avec famille, amis, collègues, voisins... Ces effets touchaient jusque-là de plein fouet des personnes peu mobiles (personnes âgées, handicapées…) ou disposant de ressources insuffisantes pour bénéficier des richesses culturelles ou sociales qu’offrent les villes. Ils se sont aggravés avec l’évolution de nos manières d’habiter. La crise des gilets jaunes a ainsi pu être analysée, en partie comme une crise du lien social, la fraternité des ronds-points ressuscitant une sociabilité mise à mal par la désertification des centre villes, la périurbanisation des commerces... La numérisation de nos vies quotidiennes accentue les risques de désaffiliation et touche des personnes qui, jusqu’alors, se donnaient des occasions de socialiser. Les exemples de ces comportements sont nombreux : regarder un film ou une série via une plateforme plutôt que d’aller au cinéma ; se faire livrer un repas à domicile plutôt que d’aller faire ses courses au marché ou de dîner au restaurant ; télétravailler plutôt que d’aller au bureau… A tous ces indices d’affaiblissement du lien s’ajoute un fait politique inédit, même si le Covid y a eu sa part : l’abstention massive aux dernières élections municipales.