Nous aborderons cette année la cheminée, le toit, la coupole et la coursive : un inventaire à la Prévert qui nous réserve bien des surprises...
Poursuivons notre Odyssée à travers les éléments de l’architecture. Nous les analyserons méthodiquement pour bien comprendre ce qu’ils peuvent nous apprendre sur nous-mêmes et sur le monde... Ainsi la cheminée est intrinsèquement liée au feu, au foyer qui apporte la chaleur essentielle à la survie de la famille ou de la tribu primitive. Quant au toit, il permet de ménager sous son enveloppe un périmètre libéré de l’ardeur du soleil et des intempéries, un biotope adéquat assurant le développement optimal des hommes, des femmes et des enfants... Plus radicale, la coupole nous invite à retourner dans le ventre maternel, où nous avons accompli les premières étapes de notre formation, pour nous promettre une renaissance. Tandis que la coursive apporte un peu d’extériorité à ces formes englobantes et régressives. Elle nous rappelle que l’habitation humaine n’est pas un nid, ni une tanière, mais s’inscrit dans un ensemble plus vaste avec lequel elle doit impérativement établir de multiples interactions.
Le foyer : un mot couramment utilisé pour désigner l’habitation elle-même. Sous sa hotte se tient le feu, cette énergie dévastatrice que les hommes ont réussi à dompter pour aménager autour d’eux l’environnement tempéré qui les immunise contre le froid et favorise leur développement intellectuel et physique... Tronconiques ou cylindriques, domestiques ou industrielles et souvent accompagnées de panaches de fumée qui tourbillonnent lentement vers le ciel, elles contribuent à définir sur le territoire les emplacements des colonies humaines.
Revenons sur l’espace intime qui s’est longtemps organisé autour du feu avant que l’électricité ne le remplace pour diffuser chaleur et lumière dans toutes les pièces habitables. Ainsi l’iconique maison Robie réalisée en 1909 par Frank Lloyd Wright à Chicago s’organise en T sur trois niveaux autour de son foyer.
Les cheminées tombent peu à peu en déshérence, mais le réchauffement climatique leur donne l’occasion de reprendre du service pour répondre à la demande de fraîcheur aujourd’hui indispensable au maintien d’une température propice au bien-être humain. De nombreuses d’entre elles se rapprochent des tours à vent orientales, captent l’air neuf ou rejettent l’air vicié. En témoignent les pyramides creuses du musée Paula-Rego d’Eduardo Souto de Moura à Cascais, les automates vibrionnants de Philippe Madec à Dunkerque ou les serres de Renzo Piano qui aspirent l’été la chaleur de l’ENS de Saclay.