Portes - Community Reloaded

UNIVERSITÉ POPULAIRE 2018 - COURS 2

 Conférence du 10 février 2018
Par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d'Architecture.
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Le Pavillon de l'Arsenal invite tous les publics à venir découvrir et comprendre les fondements de l'architecture au travers de cours de cette université populaire animée par Richard Scoffier, architecte, philosophe, professeur des Écoles Nationales Supérieures d’architecture.

Quel est le rôle joué par l’architecture d’aujourd’hui dans la manière dont la communauté se reconstitue et se représente à elle-même? Nous aborderons cette année les dispositifs architecturaux qui lui permettent en permanence de se refonder, de se recharger, comme on recharge un mobile ou un ordinateur.

Cette édition 2018 de l’Université populaire du Pavillon de l’Arsenal propose de regarder différemment les grands équipements qui scandent la vie collective. Au-delà des fonctions spécifiques pour lesquelles ils ont été conçus, nous les étudierons comme des dispositifs permettant la transformation des foules d’individus dispersées en communauté.
Nous aborderons d’abord les grands réceptacles - arènes et stades - ainsi que les lieux de passages - gares et aéroports - où les foules se pressent et se croisent en flux continus.
Puis les tribunaux où l’on sépare ceux qui sont exclus de ceux qui restent intégrés. Enfin les cimetières, ces enclos silencieux disséminés à la périphérie des villes, où sont conservées religieusement les reliques des citoyens disparus et qui composent l’envers terminal des théâtres d’agitation permanente. Donner aux foules rassemblées un sentiment d’appartenance à une humanité transcendante ; organiser des espaces de frictions, d’informations, de rencontres et d’échanges ; exclure une certaine partie de la population pour mieux en faire prospérer une autre. Accorder à chaque membre de la société, même le plus infime, son droit à l’immortalité. Tel est le programme de survie de la communauté laïque - constamment actualisé par les stades, les gares, les tribunaux et les cimetières - que nous analyserons durant ce cycle de cours.


PORTES 

Que représentent exactement les gares que nous empruntons quotidiennement pour faire le va-et-vient entre logement et lieu de travail, ou, plus périodiquement, pour basculer de l’ici de la vie de tous les jours vers l’ailleurs de destinations lointaines ? Quels sont ces lieux où la foule se condense pour passer d’un monde à l’autre. Ces entre-deux propices à des échanges inattendus, des attouchements involontaires, des bousculades intempestives où s’esquisse une communauté plus aveugle et plus charnelle que celle entrevue dans le stade.
Doit-on les assimiler à des cathédrales ? Comme la canopée de verre pensée par Patrick Berger qui permet aux voyageurs des plus lointaines communes de l’agglomération parisienne de rejoindre la capitale. À des vols d’oiseaux ? Comme les tours de force structurels de Calatrava à Liège et à New York. À des tours de Babel inversées ? Comme le projet de Kengo Kuma pour la station Saint-Denis Pleyel du Grand Paris Express...
Mais nous nous pencherons aussi sur les aéroports. Ces espaces où tout semble conçu pour que le public puisse se sentir à l’aise, se relaxer, se déstresser, se dénuer de toute agressivité. Comme s’il s’agissait de rejoindre, pendant quelques minutes, une communauté édénique où tous les conflits sont dénoués, où tous les désirs sont comblés.
Biographie
Richard Scoffier est architecte et titulaire d'un diplôme d'études approfondies de philosophie. Après avoir obtenu en 1991 les Albums de la Jeune Architecture, il fonde une agence à Paris dont les maquettes d'étude ont récemment été exposées dans plusieurs Maisons de l'Architecture. Professeur titulaire de théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine à l'ENSA de Versailles, il exerce une activité de critique et collabore depuis plus de dix ans à la revue d'A. Il a notamment publié : Scènes d'Atelier, le catalogue de l'exposition de Christian de Portzamparc au Centre Pompidou, en 1996 ; Les villes de la puissance, aux Éditions Jean-Michel Place, en 2000 ; Les 4 concepts fondamentaux de l'architecture contemporaine, aux Éditions Norma, en 2011, et le tome III de la monographie de Christian Hauvette, aux Archives d'Architecture Moderne, en 2015. Ces articles et ces ouvrages lui ont valu de recevoir en 2013 la médaille de l'analyse architecturale décernée par l'Académie d'Architecture.
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