Le lien entre santé et ville est ancien. La ville s’est construite comme un rempart d’abord contre des ennemis venus de l’extérieur et contre une nature hostile… mais aussi contre des ennemis venus de l’intérieur, les famines et les épidémies. Lèpre, choléra, variole, rougeole, scarlatine, typhoïde, peste, tuberculose sont autant d’infections qui ont façonné l’urbanisme et l’architecture des villes. Et contre lesquels le pouvoir en place a cherché à lutter, avec plus ou moins de succès.
L’évolution du système de soin, jusque dans ses dimensions territoriales et architecturales, notamment avec la transformation des pratiques hospitalières et la question liée de l’accessibilité aux équipements, a fortement marqué l’histoire de ce lien entre ville et santé. Comme l’expliquent la philosophe Cynthia Fleury et l’architecte Eric de Thoisy, architecture et soin sont « consubstantiels, se soutiennent » : l’architecture transforme le soin et le soin transforme l’architecture. L’État de santé d’une population ne dépend pas néanmoins, seulement de la qualité du système de soin qui lui est proposé, mais aussi de l’urbanisation et des conditions de vie associées.