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Nous poursuivrons cette année l’inventaire des éléments de l’architecture commencé les années précédentes. Des éléments qui nous permettent de mieux comprendre ce qui est réellement en jeu dans toute œuvre architecturale.
Quel est le lien entre le sol, le baldaquin, la colonne et les toilettes ? Chacun de ces éléments de l’architecture est étroitement associé à une question d’ordre philosophique. Ainsi le sol renvoie-t-il à la nature animale de l’être humain qui vit en osmose avec son milieu. Mais contrairement au loup ou au renard, l’homme ne se contente pas de borner son territoire de ses déjections : il l’aménage et le modifie parfois de fond en comble pour obtenir les surfaces plates et lisses nécessaires à son épanouissement. Le baldaquin ou le dais se glissent au-dessus des têtes de certaines personnes pour les protéger, mais surtout pour les placer dans un environnement à leur mesure. Tandis que la colonne émerge du sol et se dresse afin de figer dans le marbre le moment inaugural où l’être humain en lutte contre l’attraction terrestre se lève sur ses pattes arrière pour dominer le paysage. Quant aux toilettes, elles rendent compte d’un autre corps : un corps qui ne se dresse pas en gloire mais qui s’accroupit pour se connecter aux multiples canalisations ombilicales qui s’enfoncent dans le sol afin d’évacuer ses déjections...
Avec leurs formes ergonomiques et leurs multiples modèles conçus pour épouser au mieux les courbes des bas-ventres et des fesses, les sanitaires poussent l’architecture, par essence prude et coercitive, à s’aventurer hors de ses frontières...
Au corps glorieux luttant contre la pesanteur promis pas les colonnes, elles substituent un corps accroupi et recroquevillé sur lui-même qui force pour accompagner l’expulsion de ses excréments comme s’il était entièrement soumis à la gravité...
Une pesanteur très bien exprimée dans la salle des fêtes du restaurant Les Cols à Olot réalisée par l’agence espagnole RCR. Lancés entre deux soutènement massifs, distants de plus de trente mètres, des longs tubes d’acier portant une toiture légère s’infléchissent sous leur propre poids pour dessiner des des guirlandes tandis que les toilettes creusées comme des grottes dans les masses porteuses livrent sans médiation les clients accroupis au bruit et à la fureur du monde extérieur...
Mais nous reviendrons aussi sur la dernière biennale de Venise ou plusieurs pavillons nationaux notamment ceux de la Finlande et de l’Allemagne présentaient des toilettes sèches et préconisaient le recyclage des excréments en introduisant un nouveau rapport au corps et à la nature...