« Après l’escalier, l’ascenseur, le tuyau et le rideau, nous aborderons cette année la porte, la rampe, le balcon et le garde-corps... Ces éléments seront considérés comme des dispositifs orthopédiques cherchant à nous transformer, à nous éduquer. Ainsi la porte ne doit pas être comprise comme une simple découpe dans un mur mais comme un seuil qui nous prépare psychologiquement au passage d’un espace à un autre. Elle s’ouvre sans transition en jouant sur la surprise ou se développe comme une succession de séquences déterminant un parcours. De même, la rampe n’est pas une simple circulation, elle implique un mouvement presque processionnel, imprimant un rythme, une chorégraphie aux corps qui l’empruntent. Quant au balcon, il ne doit pas être appréhendé comme un simple prolongement du logement. C’est un espace autre, un lieu des possibles indispensable à la constitution de l’imaginaire d’une habitation contemporaine. Enfin le garde-corps, en empêchant les gens de tomber dans le vide et en les immunisant contre le vertige, réaffirme le caractère maternel et protecteur de toute architecture.
En parcourant des exemples puisés çà et là dans l’histoire et dans la production récente, nous verrons comment chacun de ces éléments hétérogènes cherche à se présenter comme principiel ... » - Richard Scoffier
COURS #4 : LE GARDE-CORPS
Mais pourquoi parler du garde-corps ? Inexistant dans l’architecture antique, il est un des cauchemars de l’architecte moderne : il semble uniquement avoir été inventé pour s’interposer au jeu savant correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. Prosaïque et trivial, il ridiculise les expressions architecturales les plus radicales en leur rappelant cruellement à la réalité fonctionnelle et règlementaire.
Nous retracerons son épopée qui a eu ses heures de gloire pendant le Maniérisme et le Baroque, quand de grands créateurs comme Michel Ange ou Carlo Maderno lui ont donné ses lettres de noblesse en inventant la balustrade et en lui accordant une certaine autonomie.
Et nous nous interrogerons sur son avenir dans la société hyper-protectrice actuelle ainsi que de sa place dans une architecture contemporaine qui revendique souvent la banalité et l’ordinaire, des valeurs prescrites par Jacques Lucan et ses émules...