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« Revenons sur l’habitat communautaire : sur les monastères, sur les phalanstères et leurs avatars, comme sur les logements expérimentaux imaginés par les constructivistes russes et sur les tours capsules inventées par les métabolistes japonais. Revenons sur ces expériences radicales qui ont su développer des mondes clos dans lesquels des populations homogènes pouvaient vivre sans se mélanger... »
"Se laver pour être propre ; travailler pour gagner de l’argent ; dépenser pour acquérir ce dont on a besoin ; dormir pour se reposer : ces actes triviaux semblent désespérément évidents… Ils portent en eux cependant une part obscure que dévoilent les édifices publics qui leur sont dédiés, comme si chacun de ces rituels tendait vers une exclusivité presque fanatique.
Se laver, se purifier, plonger dans l’eau du baptistère ou de la piscine pour retrouver ce sentiment océanique dont Freud nous dit qu’il serait à l’origine de toute religion… Travailler : s’engager dans un projet commun et abstrait qui possède souvent propre langage codé qu’il soit scientifique, juridique, commercial ou autre. Se sentir happé par un univers qui nous dépasse et nous transcende…
Acheter, non plus, n’a rien d’anodin. À la fois souffrance et plaisir ; à la fois sacrifice et bénéfice : perte d’un argent durement acquis et gain de l’objet ou du service parfois ardemment convoité. C’est pour cela que les échanges réclament une ambiance si spécifique, si étudiée dans toutes les civilisations. Dormir enfin… Mais pas avec n’importe qui… S’abandonner au sommeil dans son milieu : moines, étudiants, retraités, colocataires ou copropriétaires murement choisis. Comme si la perte de conscience ne pouvait s’opérer qu’à l’intérieur d’une communauté rigoureusement homogène.
Et au-delà des édifices, le désir d’absolu porté chacun de ces actes peut s’exprimer dans des quartiers, voire des villes entières : les villes thermales ou les center parcs d’aujourd’hui ; les zones industrielles, les parcs d’activité ou les technopôles ; les centres commerciaux, les malls ou les shopping centers ; enfin les condominiums et les villes privées venus d’Amérique et d’Asie qui germent désormais partout dans le monde. " - Richard Scoffier
DORMIR
Samedi 6 avril 2019 à 11h
Revenons sur l’habitat communautaire : sur les monastères, sur les phalanstères et leurs avatars, comme sur les logements expérimentaux imaginés par les constructivistes russes et sur les tours capsules inventées par les métabolistes japonais. Revenons sur ces expériences radicales qui ont su développer des mondes clos dans lesquels des populations homogènes pouvaient vivre dans se mélanger. Prisonniers volontaires de l’architecture - comme les moines ou les étudiants révolutionnaires - ou assignés involontaires à résidence comme les détenus dans leurs prisons, les malades dans leurs hôpitaux et les personnes âgés dans leurs maisons de retraites.
Un retour aux sources qui devrait nous permettre de mieux comprendre l’habitat collectif d’aujourd’hui qui tend irrémissiblement à se spécialiser : jeunes travailleurs, femmes battues, étudiants, familles de même niveau social, retraités, mourants…